fait de la pub à vous, des coups comme ça. Oui, c'est la seule bonne chose qui en résulte. Le reste, c'est dommage, mais comme on dit, toute publicité est une bon- ne publicité. Ça reste à débattre. Oui, vous avez eu beaucoup de pro- blèmes, il y a un an ou deux. La meilleure façon d'en débattre est probablement de l'aborder par la malédiction que furent les «Meninblack». (Un plateau de café appa- raît, entre deux mains et nos regards. Hugh prononcer Hiou-le sert.) • Oui. Ça s'est muté. Enfin, la mutation, c'est que c'est devenu ça, la raison à ces événements. Quand on a commencé à travailler sur l'album «Meninblack », on a eu une terrible série noire de malchance. J'ai eu mon expérience judiciaire malheu- reuse ici (deux mois fermes pour posses- sion d'un peu de smack, coke et hasch), on s'est fait piquer tout notre matériel en Amérique, du sucre? Notre tour-manager est mort, tout le monde tombait malade, l'incident de Nice, tout s'est passé pendant la confection du disque «Meninblack >> Dès qu'on l'a terminé, ça s'est arrêté. C'étaient de très curieuses coïncidences, pour ainsi dire. NOIR Vous voyiez ça comment, vous, ces hommes en noir? On trouvait que c'était un sujet très intéressant, fascinant, qui dégageait une ambiance super, nous, ça nous inspirait pour faire une musique intéressante. C'était tout, c'était très objectif, comme attitude. Mais ça nous donnait un fil, un thème, qui nous donnait des idées en lisant des trucs dessus. Vois-tu une relation directe entre eux et vos malheurs? Yeah. Le phénomène des Meninblack a quelque chose à voir avec les O.V.N.I., il y a une connection avec la religion, la magie, et un tas de phénomènes qui ont eu lieu. Et les sociétés secrètes orientales? Oui, c'est très vaste, et en s'y intéres- sant, on s'est aperçu que ça brisait pas mal de barrières, et que ça mettait en relation des choses que tu n'aurais jamais cru liées. Et tu te mets à penser à des gens qui ont un contrôle sur les circonstances, et la façon dont les choses se passent. Et c'était com- me si on devenait persuadés que nos pro- grès étaient entravés par ce sujet-là. Par peut-être certains éléments qui essayaient de nous empêcher de nous en approcher. Tu y crois? Il y a eu tellement de coïncidences, tant de choses se sont passées... chaque jour, il y avait une nouvelle catastrophe. On a survécu, thank god! En plus, vous vous y identifiez vous êtes toujours en noir. -On s'habillait en noir bien bien avant. On a accroché parce que Jet avait un magazine sur les O.V.N.I. dans lequel on parlait des Meninblack. Des gens qui ont vu des O.V.N.I., dans le monde entier, se sont mis à recevoir la visite de ces gens, habillés en noir, avec des chapeaux me- lons noirs et des sandales en cuir, au volant de vieilles américaines des fifties, sachant tout sur eux, sachant qu'ils ve naient de voir des O.V.N.I., et leur récla- mant toute preuve de leur témoignage sous peine d'intimidation, de menaces. Dans le monde entier! Et les témoignages viennent de gens très straight; les maga- zines vérifient si les témoins ne font pas de sensationnalisme, s'ils ne sont pas fous, et tous ces gens paisibles se sont mis à perdre l'esprit de peur de ces types en noir, tout ça parce qu'ils ont vu un O.V.N.I. Le journal racontait ça, et ça fait vingt ou trente ans que ça dure. Ce qui est troublant, c'est que les témoi- gnages ne sont pas tous les mêmes. Si c'était le cas, on pourrait croire à une machination. Mais non. Un type qui avait vu un Meninblack, racontait qu'il avait repéré ses sandales, un autre, en Amérique, disait avoir vu des chaussures, et ils étaient sûrs d'eux tous les deux, le mec disait être sûr des sandales, se moquant de savoir qu'un autre avait vu autre chose, sans chercher à arranger son histoire. Qu'en penses-tu, toi? Qui sont-ils? C'est une idée qui m'a beaucoup inspi- très mystérieuse, pour la musique. C'est plein de charme, c'est romantique, moderne. ré Tu dis qu'ils ne veulent pas qu'on rap- porte les faits d'O.V.N.I.? Oui, une conspiration vouée à faire gar- der le silence. C'est très intéressant. Après tu t'intéresses à la recherche dans l'espa- ce, aux sujets religieux, et la façon en laquelle l'Eglise catholique est impliquée dans certaines choses en ce moment. Au fait que la religion semble engendrer des intrigues, une hypocrisie, que les religions ne sont pas aussi propres qu'elles veulent bien le dire. Sont-ce des sectes religieuses affrê- tées par des multinationales voulant gar- der les secrets des O.V.N.I. pour eux-mê- mes, une société secrète jap, ou... Ou viennent-ils d'une autre planète, où sont-ils de ce monde, ou changent-ils de dimension? C'est fascinant, ce sujet. Per- sonne n'en connaît vraiment les réponses. Qui s'y intéresse le premier? Jet (Black, drums)? Ça a toujours branché Jet ces trucs-là. Dave (Greenfield, claviers) a toujours eu un penchant pour le noir, la magie noire, en tout cas à l'époque, c'est fascinant mais il faut faire attention car tu peux te faire beaucoup de tort en te mêlant de choses dont tu ignores tout. Alors on essaie de rester très objectif. On a survécu, on a eu de la chance. VRAI Comment définirais-tu votre nouvelle attitude? Vos deux derniers albums, << Fe- line » surtout, ont un son très différent de la période passée, plus gentils... Well... des chansons plus gentilles... << gentil » est un mot tellement horrible... C'est vrai. Disons que vous avez un son plus propre. Oui, on s'est retrouvé avec ce son sur « Feline » parce que j'ai dégoté des guita- res sèches géniales. Et puis parce que Jet a trouvé des sons de batterie qu'il n'avait jamais utilisés Ça donnait une sorte d'étrange juxtaposition de choses presque opposées, avec un son de guitare acousti- que, et un son synthétique pour les drums. Pas de boîtes à rythmes? Euh... non. Les sons ont été synthétisés, après, mais c'est lui qui joue. Ça donne une combinaison assez bizarre. Qu'est-ce que ces guitares acousti- Iques ont de spécial? On a toujours aimé les artisans, et les choses qui ne sont pas fabriquées à la chaine. Et j'ai trouvé, deux types qui vivent près de chez moi, dans la campagne ouest, qui n'ont que vingt-deux ans et qui fabri- quent des guitares à la main. Un copain m'a présenté, je les ai essayées et elles étaient fabuleuses. Alors je leur ai demandé de m'en faire. On aime bien promouvoir les artistes, quelle que soit leur branche. Et ces mecs s'attaquent au monde de Fender, Martin, qui fabriquent des guitares à la pelle, qui semblent avoir conquis tout le marché, et ils parviennent à faire des guita- res qui font un super job malgré tout. Et depuis qu'on utilise leurs trucs, ca a créé beaucoup d'intérêt autour d'eux. Elles sont électrifiées? Ouaip. Elles sont acoustiques, mais tu peux les brancher. Ils ajoutent des micros eux-mêmes. Je trouve ça super en ces âges incertains que de pouvoir utiliser un instrument fait dans un petit atelier. Il te faudra peut-être trois mois pour l'obtenir, mais ça vaut le coup, puisque tu obtiens un objet d'art As-tu utilisé tes connaissances en bio- chimie pour les Stranglers? Puisque tu es licencié... Ça ne m'a pas servi à grand-chose. Mais je vais te dire, tu vois, quand tu commences les sciences à ce niveau, que tu fais des expériences, on t'apprend que pour prou- ver quelque chose, il faut d'abord essayer de le réfuter, de démontrer le contraire.. Et si tu n'y arrives pas, c'est que ça doit être vrai. Et c'est la voie la plus réaliste qui soit. Essayer de prouver une chose en voulant prouver le contraire. Et ça, ça a influencé ma façon de voir les choses. Parce que n'importe qui peut se persuader que n'im- porte quoi est vrai. Tu peux toujours faire un tour par derrière et découvrir quelque chose de substantiel... en tout cas, ça te pousse à être objectif. - PUBS Après la fac, tu as eu deux groupes: Emile & the Detectives et Johnny Sox. Emile & the Detectives, c'était à l'école. Mais Johnny Sox, c'est le groupe d'où sont venus les Stranglers. Tu vois, une évolu- tion. J'étais en Suède, où je poursuivais des recherches, après la fac, pour obtenir un doctorat. C'est là que j'ai commencé la musique électrique. On a fait pas mal de petits concerts. A l'origine, on avait, bon, basse, batterie, deux guitares et un chan- teur. Deux Américains, deux Suédois et moi. Je jouais la rythmique et je chantais un peu, le chanteur était américain. Il était incapable de chanter mais il avait beau- coup de charme. Les deux Américains étaient des déserteurs. Et puis on s'est rendu compte qu'on n'arri- verait à rien en Suède, alors on est parti pour l'Angleterre. Londres. On a joué. Il y a même des gens qui nous ont vus, dans des pubs. Et puis, bon, les uns après les autres, ils sont partis. Parce que ce n'était pas aussi facile qu'ils croyaient. Ils sont rentrés en Suède, et il y a eu une amnistie pour les déserteurs. Je crois que c'était Carter, il a dit bon, vous pouvez rentrer, maintenant, vous ne serez pas arrêtés! C'est là que Jet est arrivé. Ça a évolué, puis John (Jean- Jacques Burnel) est arrivé. Comment Pas-tu rencontré ? A Guildford, où on habitait. On vivait chez Jet, parce qu'il avait un endroit où on pouvait rester, et qu'on était totalement fauché. Comment ça s'est passé exactement ? Oh... il a pris le chanteur de Johnny Sox en stop. John conduisait une camionnette, il livrait de la peinture, je crois. Il l'a ramené chez nous et il est entré boire un coup. C'est comme ça qu'on s'est rencontré. Quel était le contexte dans lequel les Stranglers ont commencé? A l'époque, vous n'aviez pas de claviers? 37