Brésil : Maria, femme de ménage en semaine et... prêtresse le dimanche Maria Severina travaille dans une riche famille de Sao Paulo. Mais, un dimanche sur deux, c'est la métamorphose. Maria devient prêtresse de la religion afro-brési- lienne Umbanda. Le cigare aux lè vres, la voix dure et incisive, surgit à travers elle Ze Coco (Joé noix de coco), un proscrit des années 30 qui fut le compagnon de Lam- piao, sorte de Robin des Bois des campagnes brésiliennes. Lampiao et ses hommes parcou- raient les campagnes pauvres et desséchées du Nord-Est pour y dé pouiller les propriétaires terriens au profit des masses affamées. Lamniao fut finalement abattu par des militaires brésiliens en 1934. Habités par des esprits de bandits morts Les fidèles de la religion Um- banda affirment que pendant leurs rites, ils sont habités par les es. prits des bandits morts, des escla ves, des indiens et des paysans. Au Brésil, qui comprend la plus vaste communauté catholique du monde, la religion Umbanda d'ori- gine africaine, a très bien survecu. Le (décembre). mois dernier 300.000 personnes s'étaient rassem- blées dans la station balnéaire de Paraia Grande. a 80 kilomètres au Sud de Sao Paulo, pour célébrer le culte d'Iemenja. Aux temps de la colonisation. les Portugais interdisaient aux escla- ves africains de pratiquer leur reli- gion. Ceux-ci avaient allors adopté certains rites de l'Eglise catholi- que, découvrant alors que beau coup de leurs Dieux s'identifiaient assez facilement avec les saints de la religion chrétienne. Déesse de la mer Maria, une métisse de 35 ans. avait revêtu une robe de coton blanche, imprimee de serpents, pour participer pendant une semai ne aux fêtes d'Iemenja, à la fois déesse de la mer et mere de tous ze Selon la légende, Iemcnia. fille du Dieu du ciel Obtala et du Dieu de la terre Oduduan, eut quin- enfants, dont Ogun, Dieu de la mer, et Oko, Dieu de l'agricul ture. Les fleuves qui arrosent les champs plantés par ses 'autres fils terrestres sont supposés couler de ses deux énormes seins. Chaque année, pour honorer la déesse, des centaines de milliers de la fidèles érigent des autels sur plage de Paraia Grande, longue d'une vingtaine de kilomètres. Nombre d'entre eux exposent pèle. mêle des représentations d'Iemen- ja, de la Vierge Marie, de Jésus- Christ et de son équivalent Um banda, Oxala. Des femmes vêtues de blanc, à bord d'embarcations portent des offrandes a la mer. Autour du cou, elles ont des chapelets de prières. Le mois dernier, pendant que l'on présentait aux vagues une statue de la Vierge Marie, un umbandista a déclare : Pour nous, elle est Iemenja »>. Les autres bateaux transpor taient quantité d'offrandes pré- cieuses telles que des parfums, du champagne ou des bijoux, preuv que la religion Umbanda est égale ment pratiquée dans les classes ai sées de la population brésilienne. Si le bateau part bien, tout le monde comprend que la déesse Ie- menja accepte les offrandes et que les prières de ses fideles seront exaucées au cours de l'année. En revanche, si le bateau est rejeté vers le rivage, le désaveu est com plet. Le lendemain de la cérémonie, la mer rejette sur le rivage des mon- tagnes d'offrandes. Il y en a tant qu'il faut une semaine pour dé blayer la plage.