Lundi, à 20h55 - Canal+ Documentaire: "Ovnis: quand l'armée enquête". Mystères et boules de feu Une enquête aussi sérieuse que captivante sur ces phénomènes aérospatiaux non identifiés qui s font plancher les scientifiques, se mobiliser les militaires, et fantasmer les Terriens. ad Minion Lumières fabuleuses, blanches, jaunes ou rou- ges, formes oblongues, triangulaires ou poin- tues qui, d'abord statiques en plein ciel, filent à des vitesses supersoniques... Après les ovnis, un peu trop connotés « petits bonshommes verts >> au goût des scientifiques, voici les PAN, ou phénomènes aérospatiaux non identifiés. La terminologie a changé, car rien ne prouve qu'il s'agisse d'objets solides. Les très sérieux experts du Geipan (Groupe d'Etudes et d'Infor- mations sur les PAN), une émanation du non moins sérieux Cnes (Centre national d'Etudes spatiales), auraient-ils jeté l'extraterrestre avec l'eau du bain ? Tous les intervenants, prudents, évitent ici soigneusement d'invoquer une intel- ligence inconnue, et les journalistes Patrice des Mazery et Michel Despratx se gardent bien d'exhumer le cadavre de l'humanoïde de Roswell. L'enquête de ces authentiques scepti- ques est approfondie, crédible... et d'autant plus troublante. « Je savais le sujet entaché de ridi- cule; un des meilleurs moyens de se griller en tant que journaliste, confesse Michel Despratx. Mais, il y a quelques mois, le Cnes a ouvert ses archives, révélant qu'il s'intéressait aux PAN depuis trente ans. Il fallait passer par le regard des scientifiques et des militaires, et non par celui des ufologues, en majorité as- sez délirants, et dépasser le questionnement du type "Sommes-nous seuls dans l'Univers?", qui relève de la foi. » Une fois écartés les témoignages fantaisistes des plaisantins qui collent de petits bouts de papier sur l'objectif de leurs appareils photo et des âmes impressionnables, en fait specta- trices d'entrées de satellites ou de comètes dans l'atmosphère, 28 % des phénomènes ob- servés restent quand même sans explication. Soit 1600 cas étonnants répertoriés ces trente dernières années. En première ligne, les pi- lotes. De chasse ou de ligne, ces derniers ne sont pas de petits rigolos, et leurs stupéfiants échanges avec leur tour de contrôle laissent pantois. Aurait-on la berlue dans les hautes sphères ? Le 27 avril dernier, un pilote britan- nique appelait en ces termes la tour de contrôle lundi-vendredi radioclassique 18-20h HEES BIEN RAISONNABLE? Toute l'actualité culturelle et artistique présentée par Jean-Luc Hees Toutes les fréquences sur www.radioclassique.fr 18 | TéléObs Après les ovnis, voici désormais les PAN: phénomènes aérospatiaux non identifiés. de l'île de Jersey: «Est-ce que vous avez du trafic? C'est à mes douze heures: un objet très brillant, jaune-orange, très plat. Comme un cigare! - Non, il n'y a rien [sur le radar, NDLR] à vos douze heures, et ce, sur 60 kilo- mètres, répond le contrôleur aérien. - Je vous confirme que tous les passagers peuvent voir l'objet ! » Plus tard, le commandant de bord racontera cette rencontre au sommet à une chaîne de télévision: « Je n'avais jamais vu quelque chose comme ça. Honnêtement, je se- rais heureux de ne jamais le revoir. Ça fait froid dans le dos. » Il a, depuis, fait un rapport à la direction de l'Aviation civile française, ac- crédité par le rapport du pilote d'un autre avion, témoin du même phénomène. Nombre de pilo- tes rechignaient jusqu'à présent à déposer, par crainte du ridicule, voire de perdre leur capa- cité de vol. L'armée leur a récemment envoyé un questionnaire, afin de savoir s'ils avaient un jour été témoins d'un PAN. Car la Défense doit vérifier que le ciel ne va pas nous tomber sur la tête; ces phénomènes inexpliqués con- cernent la sécurité aérienne. Les militaires travaillent désormais conjointement avec des scientifiques et ouvrent leurs archives, partout dans le monde. Partout, sauf aux Etats-Unis, où la doctrine officielle relève du << circulez, y a rien à voir »>. De hauts lieux d'observation sont donc sous surveillance. A Hessdalen, en Norvège, des lumières frôlent la montagne de façon récur- rente. Bouche bée, Patrice des Mazery a pu, huit secondes durant, filmer une lumière qui se divisait en deux. « Ce qui m'a frappé, note le journaliste, c'est que la science ne peut pas encore expliquer certains phénomènes. La physique quantique nous réserve encore des surprises. Certains scientifiques parlent de plasma, comme dans le cas des aurores boréa- les, mais comment expliquer que des formes géométriques apparaissent? On peut penser au F-117, l'avion furtif américain, qui a une troublante forme d'aile et existe depuis une vingtaine d'années. » Thèse partagée par son co-enquêteur: « L'armée américaine a toujours conduit beaucoup d'expériences. Lorsqu'un témoin annonçait avoir observé un objet, il est même arrivé qu'elle envoie quelqu'un pour faire de la "désinformation amplifiante", tech- nique bien connue des membres des services secrets qui consiste à bombarder le témoin d'infos délirantes pour décrédibiliser son té- moignage. Un homme en est mort fou. » Et le cas de l'affaire de Rendlesham? Le 26 décembre 1980, dans une base de l'Otan, en Angleterre, plusieurs soldats américains sont témoins de l'envol d'une embarcation de la taille d'un char d'assaut. « L'armée américaine a peut-être monté une opération pour tester la solidité psychologique de ses troupes, estime encore Michel Despratx. Mais tout ça est indémon- trable... » Cécile Deffontaines Réalisation: Patrice des Mazery et Michel Despratx. Philip Wallick/Corbis