VIVRE MIEUX Le premier site sérieux sur les ovnis pris d'assaut SCIENCES. Le site Internet du Centre national d'études spatiales consacré aux archives en matière d'ovnis a été submergé hier par les internautes. Accessibles pour la première fois au grand public, les enquêtes sur ces phénomènes passionnent toujours les Français. A VERITE est ailleurs », pro- clamaient les héros de la série télévisée « X- Files ». La vérité des enquêtes fran- çaises sur les ovnis se trouve pour sa part depuis hier dévoilée sur Internet, sur le site du Centre national d'études spatiales (Cnes). « Une première mondiale », assure Jacques Patenet, responsable du Groupe d'études et d'informations sur les phénomènes aérospatiaux non identifiés (Geipan), l'unité du Cnes à l'origine de cette base de données effectivement sans équivalent ailleurs dans le monde. « C'est une initiative attendue, que nous réalisons dans un souci de transparence», argumente Pierre Tre- fouret, directeur de la communica- tion externe du Cnes. ! Mais, dans un premier temps, seules les affaires de ces vingt demières an- nées sont accessibles en quelques clics de souris. << Cela représente tout de même 400 dossiers traités de 1988 à 2005, les plus récents ami- vant bientôt en ligne >>, ajoute Jacques Patenet. C'est que toutes les archives doivent subir une numérisation puis une relecture, afin que les noms des intervenants soient effacés, dans le but de respecter leur anonymat. Uniquement des documents officiels. «Les ufologues ne trouve- (LP/GREGORY GAYDU.) ront pas dans cette base de données de scoops ou de cas inconnus », pré- vient Jacques Tapenet, qui promet de ne pas laisser de cadavres dans les placards. Toutes les procédures rédi- gées à l'occasion de l'observation d'un phénomène inexpliqué figurent donc, essentiellement des procès-ver- baux de gendarmerie ou de police, des rapports d'expertise, des dessins, des témoignages enregistrés en audio ou vidéo. Certains des dossiers abou- tissent à des conclusions et à une ex- plication rationnelle, d'autres, sou- vent par manque de preuves, restent dans le flou. S'il existe un grand com- plot, il y a peu de chances que vous trouviez là des indices. Comment lire ces archives ? En premier lieu, il faut se connecter sur le site : www.cnes-geipan.fr/gei- pan/. Du moins, si vous y arrivez Le serveur du Cnes a en effet flanché hier devant l'afflux soudain des inter- nautes. Une fois franchi ce cap, soit vous surfez à votre guise, soit vous cherchez un cas précis. Ceux-ci sont classés en quatre catégories, de A (phénomènes ayant trouvé une expli- cation) à D (les vrais phénomènes non identifiés, selon le Geipan, à peine 9% du total), dont Jacques Ta- penet reconnaît qu'ils gardent tout leur mystère. « Certaines observa- tions, malgré une bonne collecte d'in- formations, et dont la crédibilité ne fait pas de doute, restent inexpli- cables, à cause de la vitesse, de la tra- jectoire ou de la maniabilité des en- gins décrits. » Si vous-même ou un proche avez été témoin d'un phéno- mène étrange, vous pourrez effectuer une recherche par lieu ou par date. MICHEL VALENTIN A l'image du succès rencontré hier par le site du Centre national d'études spatiales, le phénomène des ovnis intéresse bon nombre de personnes. (SIPA PRESS.) Deux rencontres du troisième Cussac (Cantal), 29 août 1967. Ce jour-là, un garçon de 13 ans et sa soeur de 9 ans qui gardent des vaches à proximité du village aperçoivent quatre indi- vidus noirs, mesurant environ 1,20 m, debout à côté d'une immense sphère. Repérés, les inconnus s'élèvent dans les airs et trouvent refuge dans leur engin, qui monte d'abord en spirale avant de s'enfuir dans un sif- flement vif, entendu par d'autres témoins. Une forte odeur de soufre, remarquée par les gendarmes venus enquêter, subsiste pendant plusieurs heures. Ces der- niers constatent également un dessèchement de l'herbe à l'endroit de l'atterrissage. Cette rencontre du VOIX EXPRESS/Et vous, croyez-vous aux ovnis ? Cathy Mekious 21 ANS ASSISTANTE DE DIRECTION ASNIERES (92) << Je crois à tous les phénomènes surnaturels. J'ai moi-même vu quelque chose d'étrange il y a cinq ans. J'étais en vacances en Bretagne. Avec mon père, nous avons aperçu une lumière blanche dans le ciel. Ça ressemblait un peu à une comète, mais c'était différent. Elle se déplaçait, puis elle a disparu d'un seul coup. Je consulterai le site du Cnes pour savoir enfin si j'avais raison d'y croire. >> 12 Alain Reggi 47 ANS GARDIEN D'IMMEUBLE CAEN (14) « Je n'y crois pas pour la simple et bonne raison que je n'en ai jamais vu. Je suis, en revanche, persuadé qu'il existe une vie invisible autour de nous, j'ai moi-même vécu des expériences spirituelles. Certains de mes amis m'ont affirmé avoir aperçu des ovnis. J'irai peut-être jeter un coup d'oeil à ce site, par curiosité. Je ne sais pas si cela me fera- changer d'avis. >> Mélanie Bergès 31 ANS AGENT SNCF SAINT-MAXIMIN (60) « Il faut être allumé pour croire à des trucs pareils ! Depuis qu'un imbécile a prétendu avoir vu une soucoupe spatiale, tout le monde s'y est mis. C'est à celui qui fera la plus belle découverte ! Comment peut-on perdre son temps à regarder le ciel alors qu'il y a sur terre tant de sujets de préoccupation? La misère, l'injustice... Si je vais sur le site du Cnes, ce sera surtout pour rigoler... >> Joël Pabé 32 ANS CONCIERGE D'ENTREPRISE VITRY (94) « Je n'en ai jamais vu et je suis sûr que les images qu'on nous montre sont truquées. Les gens qui assurent avoir assisté à de telles apparitions veulent surtout se faire remarquer. Il existe des formes circulaires dans certains champs. Je ne sais pas comment on s'y prend pour tracer des cercles aussi parfaits. Mais ça doit être faisable avec une machine... De là à croire aux extraterrestres ! » type troisième type reste l'un des cas « les plus étonnants observés en France », reconnaît-on au Geipan. Au-dessus de la région parisienne, 28 jan- vier 1994. L'avion d'Air France qui relie Nice à Londres survole l'Ile-de-France lorsque l'équipage aperçoit un phénomène étonnant sur la gauche de l'appareil. Il s'agit d'un grand disque brun-rouge dont la forme change constamment et qui semble de grande taille. Au bout d'une minute d'observation, l'ovni disparaît du paysage visible depuis l'avion. Le pi- lote ne témoignera toutefois que trois ans plus tard, sans doute par crainte du ridicule. Marcel Chassignol 57 ANS ELECTRICIEN PARIS (XI) << Tant qu'il n'y a pas de preuves irréfutables, je ne peux pas y croire. Je suis très pragmatique, je m'attache à la valeur des faits. La moitié des témoignages sur les ovnis sont clairement des canulars. Mais plusieurs pilotes de ligne ont affirmé avoir vu des choses. Leur parcours professionnel les rend plus crédibles. Ce qui est sûr, c'est que je ne vais pas me ruer sur ce site. Je laisse ça à ma fille. >> PROPOS RECUEILLIS PAR GWENAEL BOURDON M.V. Les ufologues restent sceptiques ON POURRAIT croire que late cès libre à quelque cinquante ans d'enquêtes satisferait la curiosité des amateurs de phénomènes inex- pliqués. Ceux-ci se sont certes rués hier sur le site du Geipan. Mais la méfiance des ufologues est intacte. « Cela ne sert à rien », assène l'un d'entre eux, Jean-Pierre Petit, astro- physicien et directeur de recherche à la retraite, auteur d'« Ovnis et armes secrètes américaines ». « On nous parle de décennies de recherches, mais que trouve-t-on au final ? Rien que des rapports de gendarmes ! C'est cela la recherche du Cnes? Les bras m'en tombent ! » Et il accuse : «L'un des premiers patrons du Gei- pan avait eu une bonne idée en fai- sant équiper les brigades de gendar- merie de bonnettes en réseau, un appareil très simple qui permet de réaliser une analyse des éléments chimiques présents. Quel est le ré- sultat de cette recherche de spectres, on n'en sait rien... >> Jean-Pierre Petit, qui vient de monter son association, Ufo Science (www.ufo-science.com), se déclare plus intéressé par ce qu'il ne trouvera pas sur le site du Geipan. « Je suis impatient de voir si quelques affaires que nous connaissons bien y figu- rent ou pas, ça sera révélateur. >> M.V. VENDREDI 23 MARS 2007