NANCY Viens dans ma soucoupe Ce soir, premier repas ufologique à Nancy. Avec des gens qui s'occupent d'ovnis. Ils en ont vu. Ils en ont en- tendu parler. Ils veulent en sa- voir plus. Ces curieux des pe- tits hommes verts sont mûrs pour les repas ufologiques. Ufologiques? De Unidenti- fied Flying object, objet vo- lant non identifié, autrement dit ovni. Ça tombe à pic. Après Paris, Strasbourg, Marseille, Tou- louse et quelques autres villes, Nancy est enfin touchée par le phénomène. Ce lundi soir 22 janvier, les convaincus que nous ne sommes pas seuls », se retrouvent à la cafétéria Flunch de la rue du Grand-Rabbin-Haguenauer. Histoire de se documenter ou, allez savoir, de faire part de leurs propres expériences. Youri Bodeux est le maître de cérémonie de cette nouveauté. Qui n'en est en réalité pas une. Les repas ufologiques ont plus de cinq ans d'exis- tence, créés avec succès à Pa- ris par Gérard Lebat, présent ce soir, évidemment. « Les premiers temps, il y avait une trentaine de personnes, main- tenant, à chaque repas, elles sont plus de cent », dit Youri Bodeux qui les fréquentait du temps qu'il était à Paris. Youri «< comme Youri Gaga- rine », c'est le vrai prénom de ce grand garçon mince et posé au regard tourné vers les étoiles. Nourri de séries. Star- Youri Bodeux en est, Youri Bodeux : « En France, il y a scientifiquement un tabou sur la question ». gate, Star Wars, X-Files. « Stargate, 80 %, c'est du vrai ». Il se défend d'être «< un enquê- teur de terrain comme dans de nombreuses associations qui récoltent des témoi- gnages, les analysent ». Il n'a même jamais vu le moindre Photo Denis MOUSTY petit homme vert tout droit sorti d'un grand disque lumi- neux qui en profiterait pour happer au passage un pauvre terrien, un placide ruminant qui passeraient par là. Mais il y croit. Et lui, le calme Youri, com- mence à s'animer devant le rationalisme des enfants de Voltaire, au scepticisme aussi dur que les cristaux apparus dans les années 80 à Trans- en-Provence alors que << géo- logiquement, c'est impossible sur terre ». Il s'énerve même (un tout pe- tit peu), assure que lui aussi peut être sceptique devant la mauvaise foi générale. « Quand les ufologues avan- cent des preuves, on a parfois des explications rationali- santes allant jusqu'à l'ab- surde. Qu'on vienne nous dire que telle tache lumineuse, c'é- tait la réverbération de feux de voitures dans les yeux des vaches, pour le coup c'est moi qui suis sceptique >>. C'est flou, c'est normal De toute façon, en France, << il y a scientifiquement un tabou sur la question ». Voyez les agroglyphes, ces cercles de cultures aux formes géomé- triques dessinés dans les champs de blé, que vous ima- ginez bêtement fabriqués par le vent ou par des artistes amoureux d'espace. Mais non. Ce sont des trucs venus d'ailleurs. Et «< comme par ha- sard, on en voit partout, sauf en France ». Lui, Youri, en a vu. Pas chez nous. « En Alle- magne, à cinq cents mètres de la frontière mosellane. C'était très impressionnant ». Mais pourquoi donc les sou- coupes photographiées de- puis des décennies sont-elles la plupart du temps floues? Question de vibration. « Elles sont dans une autre tempora- lité que la nôtre ». Pourquoi les voir rapetisser si vite en s'éloignant dans le ciel ? Question de «physique relati- viste ». « Plus on a d'espace, moins on a de temps et réci- proquement ». Biberonné à la SF, féru d'é- sotérisme, petit point dans l'infini d'un «< cosmos vivant », Youri Bodeux a bien du mal à établir le contact beaucoup plus près, autour de lui, avec cette espèce d'aliens que sont la majorité de ses contempo- rains. << Dans un monde comme celui-ci, on se sent isolé. On a le droit de parler des séries télé, mais dès qu'on aborde l'aspect sérieux, qu'on a un discours un peu struc- turé, on passe pour un lou- foque ». Heureusement, il y a les repas ufologiques. Pour le premier à Nancy, Youri sera satisfait s'il y trouve « une dizaine de per- sonnes >>>> (Réservation au 06.28.02.38.61). Parce que, les conversations entre ufologues sur le Net, c'est bien, mais ce n'est que du contact virtuel. « Il est temps que ça rede- vienne charnel ». Rachel VALENTIN