Mystère La photo du cheval affolé par des ovnis V oilà une histoire dite «à tiroir » tant elle a fait l'objet de nom- breux rebondissements; elle est digne d'une vraie énigme policière avec une chute spectaculaire. Commençons par le début : en septembre 1968, M. An- dré Bernier et son épouse, de Bruxelles, sont en va- cances, en Espagne, sur la Costa Brava. Ce jour-là, ils sont en excursion de Barce- lone à Tarragone et le car fait une pause près de Lloret (déformé en Lioré ou Liorey). «C'était vers la mi-journée, raconte-t-il dans la revue « L'Inconnu » de jan- vier 1978, et je descends du bus, pour me dégourdir les jambes, muni de mon ap- pareil photo, dans l'espoir d'y fixer un paysage. << Près d'une maison qui pouvait être une grange, on déchargeait une charrette attelée; deux personnes transportaient de lourds pa- niers dans la remise. Le ciel était uniformément bleu, avec quelques nuages mou- tonneux... Sans raison ap- parente, le cheval affolé se cabrait. Je pris un cliché au 1/250ème de seconde, es- pérant saisir l'attitude de l'animal les pattes anté- rieures levées. Je ne pris malheureusement qu'une photo, puis nous conti- nuâmes notre route ». « Jugez de ma stupéfaction, lorsque rentré de vacances, je reçus les diapositives en provenance du laboratoire de développement. De tout le film, seule cette diapo avait des couleurs dénatu- rées : le ciel était d'un jaune étrange qui baigne d'ailleurs toute la photographie. A l'en- droit exact où je n'avais vu que quelques nuages mou- tonneux, se trouvait un groupe de cinq objets (en fait, il y en un sixième un peu plus bas) aux contours assez flous et paraissant rayonner une lumière in- tense... » ni d'une réflexion sur des vitres, ni d'une scène mon- tée avec une maquette. Une piste est cependant soule- vée: celle de la coloration jaune du ciel qui baigne toute la photographie et dont la source se situe à faible hauteur, au-dessus du che val. Du coup, comme dans tout bon scénario policier, on s'oriente vers un cou- pable: le Soleil, bas à l'hori- Izon et non pas au zénith comme M. Bernier l'a laissé entendre disant qu'il était midi lorsqu'il a pris son cli- ché. Mais cela n'explique plus les incohérences des ombres. Tels sont les faits rapportés par le témoin et rien, a priori, n'incitait à douter de leur vé- racité. La chronique veut que M. Bernier se soit demandé: « Qu'y avait-il réellement dans le ciel en cette fin sep- tembre 1968 ? Pourquoi d'honnêtes nuages se sont- ils transformés en ce qui res- semble à une escadrille de cinq ovnis»? Le cheval s'est- il affolé à les voir alors qu'ils Quant à la couleur jaune, étaient imperceptibles à l'oeil elle peut provenir de l'utili- humain? Sur la photo re-sation en extérieur d'une pel- produite ici, j'ai foncé le ciel licule couleur destinée à lu- autour des « soucoupes >>. mière artificielle. C'est cette Suite à une émission de la «e « erreur » qui aurait trans- formé les nuages en sou- coupes en en exacerbant le relief! Radio Télévision Belge sur les ovnis en 1969, M. Bernier contacte un ufologue pré- sent sur le plateau et lui confie sa photo et son his- toire. Ainsi, la SOBEPS (So- ciété Belge d'Étude des Phé-, nomènes Spatiaux) s'empare de l'affaire l'ana- lyse de l'image conclut que la possibilité de truquage est quasiment nulle. Il ne s'agit Cette hypothèse sera reprise en 2003 par des membres du CNEGU (comité Nord- Est des Groupes Ufolo- giques), spécialistes des ov- nis issus de reflets lumineux. Mais eux ne pen- sent pas que le témoin se soit trompé de pellicule - et d'heure; ils mettent en cause M. Bernier «qui a simple- ment voulu jouer une simple farce. Alors, manifestation d'origine inconnue ? Erreur ou mystification? Montage avec lumières dissimulées au sol, mise en scène de très ordinaires reflets d'un éclai- rage sur une vitre avec ri- cochet? La clé du mystère est ve- nue en 1986 - discrète- ment, puisqu'elle n'a été connue qu'en 2005 - lors- qu'un ufologue belge, Jean- Luc Vertongen a tenté de re- constituer le voyage du témoin entre Lloret de Mar et Taragonne... Sur le trajet, se trouve Vilafranca del Pe- nedès avec une grande place et d'un côté le palais des rois d'Aragon et de l'autre une ancienne abbaye abritant le Musée du vin. << A peine avais-je mis les pieds dans l'entrée du musée que, sur ma droite j'apercevais déjà ce cher cheval et sa carriole, dans une vitrine au fond du couloir menant aux salles d'exposition. La vitre cintrée de chaque petite vitrine re- flétait les spots accrochés au milieu du plafond de cette petite rotonde... », là où, 18 ans plus tôt, M. Bernier avait fait sa photo avec une pelli- cule pour l'extérieur ! À noter que la SOBEPS, en 1986, ne jugea pas utile de publier cette découverte, ce qui n'est pas très fair-play, c'est le moins que l'on puisse dire, d'autant que son ana- lyse se révèle totalement er- ronée. Il est vrai que les res- ponsables avaient changé, entre-temps. Combien de cas élucidés comme celui-ci encombrent les archives ufo- logiques ? Michel Granger.