MARDI 3 JANVIER 2006 sciences 13 Ovni Le Cnes a rouvert le service d'étude des phénomènes aérospatiaux non identifiés (PAN) «Il faut admettre qu'on ne sait pas tout>> Jacques Patenet Responsable des phénomènes aérospatiaux non identifiés (PAN) au Centre national d'études spatiales (Cnes) de Toulouse. Depuis septembre, vous dirigez le nouveau Groupe d'étude et d'information sur les phénomènes aérospatiaux non identifiés (Geipan). Quel est son rôle ? Nous collectons tous les té- moignages en France sur les phénomènes aérospatiaux non identifiés. La plupart émanent de gens qui ont vu un phénomène bizarre et ont déposé un procès-ver- bal à la gendarmerie. Les autres viennent du contrôle aérien et de pilotes. Nous faisons une enquête et ef- fectuons des prélèvements quand il y a des traces. Nous analysons ensuite ces don- nées afin de comprendre ce qui s'est passé. Combien de cas pouvez-vous expliquer ? Dans 55 % des cas, le té- moin a aperçu une météo- rite, un morceau de fusée... 30 % des cas sont inexploi- tables et 15% sont de vrais Notre travail est d'expliquer ce qui a été vu, pas de savoir si on a affaire à des extraterrestres. PAN, qui résistent à l'ana- lyse. Parmi ces derniers, il y a quelques cas avec présence d'objet physique. Ce sont ceux-là qu'on pourrait qua- lifier d'ovni L'hypothèse extraterrestre peut-elle expliquer certains PAN? Notre travail est d'expliquer ce qui a été vu, pas de savoir si on a affaire à des extra- terrestres. On se penche sur des faits (traces au sol, plantes qui ont brûlé...) et des témoignages. Certains nous amènent à conclure qu'il y a eu un objet qui est venu et reparti. L'analyse scientifique ne permet pas d'arriver à une autre conclu- sion. Après, on formule les hypothèses qu'on veut. Qu'en pensez-vous ? On s'intéresse au débat, bien sûr. Mais comme dans une affaire judiciaire, tant qu'on n'a pas d'élément nouveau qui permette de revenir sur un cas ancien, on ne peut pas expliquer. Ça ne veut pas dire qu'on ne découvrira pas des choses dans l'avenir. N'est-ce pas frustrant pour un scientifique de ne pas avoir d'explication? Ce qui est frustrant, c'est de devoir dire au témoin qu'on ne sait pas ce qu'il a vu. Il faut admettre qu'on ne sait pas tout, être humble devant nos connaissances et les phénomènes. Quelles sont les premières actions du Geipan Remettre en place notre réseau et les protocoles avec les laboratoires et les autorités. Nous préparons aussi la mise en ligne de nos archives qui devraient être disponibles à l'été 2006. Il faut rendre les do- cuments anonymes et les numériser, cela représente un gros travail. Quel est ce comité de pilotage qui apparaît dans la nouvelle organisation du Geipan? Il rassemble des représen- tants du Cnes, d'orga- nismes avec lesquels nous collaborons et des scienti- fiques. Je les contacte sui- vant mes besoins. Le co- mité se réunit deux fois par an et émet des recomman- dations au Cnes. On a le sentiment que le Cnes n'a pas toujours été très à l'aise avec les PAN... Il y a eu effectivement une période de flou qui a prêté le flanc à la critique. On ne savait plus si la direction voulait continuer. Le Cnes a fait un audit en 2001 : sa conclusion était qu'il fallait restructurer l'activité en in- sistant sur l'information du public. Recueilli par Marie Deselligny CHAQUE JOUR SUIVEZ LE GUIDE DES BONS PLANS: CONCERTS, THÉÂTRE, EXPOS, RESTOS... Tous les bons plans Toute l'info en 20 www.20minutes.fr minutes