Feu d'artifice cosmique: les nuits des Perséides Après la Nuit des Etoiles, avec pour vedette l'astre du jour, gros plan sur les étoiles filantes, particulièrement fréquentes entre le 10 et le 14 août. Apparitions fugitives et der- niers messages de comètes. On dit qu'il faut faire un voeu quand on observe un de ces traits de lumière qui file entre le fourmille- ment des étoiles. Vous pour- rez vous y donner à coeur joie au moment du maxi- mum des Perséides, les étoi- les filantes du mois d'août, on a compté ces dernières années entre 100 et 400 mé- téores par heure. Les Larmes de Saint-Laurent Les Perséides tirent leur nom de la constellation de Persée (actuellement visible au Nord-est) d'où semblent émaner ces étoiles filantes. En prolongeant en arrière les traces de ces météores sur la voûte céleste, celles-ci se rencontrent en un point précis appelé le radiant qui se situe, pour les Perséides, dans la constellation de Per- sée. Sur sa ronde autour du Soleil, la Terre traverse ces jours-ci un vaste nuage de poussières, résidus d'une comète qui s'est désagrégée au fil de son existence. Les restes de cet astre chevelu, baptisé Swift-Tuttle 1862 III, se sont éparpillés tout au long de la trajectoire de cet- te comète. Chaque année, entre le 10 et le 14 août, les routes de notre planète et de cet essaim de poussières se croisent. La traversée de ce nuage nous vaut le beau spectacle des étoiles filantes des Perséides. On les appe- lait jadis aussi les «Larmes de Saint-Laurent» puisque leur apparition coïncide avec la fête, le 10 août, du martyr du Ille siècle. Les étoiles filantes ne sont pas exclusivement le privilè- ge du mois d'août. D'autres essaims météoritiques moins connus - apparaissent tout au long de l'année: là encore, il s'agit de produits de désagégration de comè- tes. Les Léonides (leur ra- diant se situe dans la constellation du Lion) qui apparaissent à la mi-novem- bre ont pour origine les dé- bris de la comète Tempel- Tuttle 1866 I. Elles étaient particulièrement spectacu- laires au siècle dernier où, de ce fait, on considérait no- vembre comme le mois des étoiles filantes. 400 étoiles filantes par heure Les Giacobinides (appe- lées aussi Draconides puis- que leur radiant se situe dans la constellation du Dra- gon) sont les vestiges de la comète Giacobini-Zinner, particulièrement fréquents tous les 13 ans entre le 7 et le 11 octobre. En 1985, on avait compté 400 météores par heure. Prochain maxi- mum, l'année prochaine. Ces poussières et frag- ments cométaires voyagent à de grandes vitesses de l'ordre de 60 km/sec. En heurtant la haute atmosphè- re de la Terre, à une altitude entre 100 et 110 km, ils s'al- lument et provoquent ces traînées lumineuses d'une fraction de seconde (ou un peu plus) avant de s'éteindre généralement entre 70 et 80 km. Les poussières et frag- ments qui se déplacent dans l'espace sont appelés météo- roïdes ou plus fréquemment météorites (par opposition au météore qui désigne le phénomène lumineux ob- N Une pluie d'étoiles filantes, photographiée en novembre 1966: les débris de la comète Tempel-Tuttle sont à l'origine de l'essaim des Léonides. servé dans le ciel). Les mé- téorites qui donnent lieu à des étoiles filantes sont des objets modestes: ils pèsent entre quelques centièmes de grammes et un kilo et se entièrement consument dans l'atmosphère. La météorite d'Ensisheim Des objets plus gros résis- tent en partie à la brûlante traversée de l'atmosphère et atteignent le sol. Parfois on retrouve «ces pierres qui tombent du ciel» comme la fameuse météorite d'Ensi- LYNX Capella PERSEE TRIANGLE h+chi GRANDE OURSE OPT LION ANDROMEDE Polaire M31 PETITE QURSE CASSIOPEE POISSONS CEPHEE CHEVEUX DE BERENICE M51 DRAGON NGC 5466 Deneb PEGASE M92 BOUVIER Véga M13 CYGNE - COUR BOREALE Arcturus VIERGE LYRE FLECHE HERCULE LION/ VERSEAU M2 DAUPHIN Allair M5 L'Epi SERPENT AIGLE M11 OPHIUCHUS BALANCE CAPRICORNE Dernieres Nouvell M4 SAGITTAIRE M25 -M16 M22: M7M6 SPAON Antarès SCORPION Des mor- sheim, un bloc de 158 kg. qui s'est abbattu le 7 no- vembre 1492 devant l'Em- pereur Maximilien à la tête de son armée. ceaux bien plus impression- nants ont été localisés tout autour de la planète. Ainsi on a trouvé en 1920 un bloc de 60 tonnes à Hoba en Afri- que du Sud, on a repéré un fragment de 27 tonnes à Ba- cubirito au Mexique ou en- core un objet de 15 tonnes à Willamette dans l'Orégon. Sur son orbite autour du Soleil, la terre balaie chaque année quelque 200.000 ton- nes de matière météoritique dont 1/100 2000 tonnes (-) atteint la surface de notre planète. Si la chute de gros morceaux est relativement rare, elle n'est nullement ex- clue. De nombreux cratères sur la Terre véritables cica- témoi- trices cosmiques gnent encore aujourd'hui de l'impact de tels vagabonds interplanétaires qui, un jour, ont croisé la route de la Ter- re. Tel le Meteor Crater en Arizona large de 1200 et profond de 180 mètres pro- voqué il y a 50000 par la chute d'une grosse météori- te. Les Gaulois n'avaient-ils pas dit que le ciel pouvait nous tomber sur la tête? Willy Bodenmuller De la planète géante au triangle de l'été Jupiter est la vedette de ces nuits d'août. La planète géante brille déjà au nord- est en début de soirée et il- lumine la nuit de tout son éclat. C'est que le géant par- mi les neuf compagnons du Soleil est à sa distance mini- male de la Terre: seulement 600 millions de km nous sé- parent de la plus grosse pla- nète son diamètre est 11 fois supérieur à celui de la Terre. Dans une petite lunettes ou même à l'aide de jumel- les, on peut déjà suivre le ballet des plus gros satellites de Jupiter appelés aussi les lunes galiléennes puisqu'elle ont été découvertes au dé- but du XVIIe siècle par l'Ita- lien Galilée, immédiatement après l'invention de la lunet- te. La sonde américaine Ga- lileo, en orbite autour de la planète géante, nous envoie régulièrement des clichés spectaculaires: des prises de vue récentes montrent des éruptions volcaniques sur des satellites gali- Io, un léens. Trois belles de l'été Saturne, l'autre planète géante, se lève avant minuit. Un petit instrument grossis- sant 40 fois permet déjà d'admirer les célèbres an- neaux. Dans deux mois, la sonde euro-américaine Cas- sini-Huygens partira à son tour pour explorer, au début du prochain siècle, Saturne et son mystérieux compa- gnon Titan. Dans la région du zenith, les visiteurs de la Nuit des étoiles ont pu observer les trois belles de l'été appelées aussi triangle de l'été étoiles principales des constellations du Cygne, de les la Lyre et de l'Aigle: Deneb, Véga et Altaïr. Comparé à notre astre du jour, Deneb, situé à 1.600 années-lumiè- re, est un véritable géant: son diamètre est 145fois plus grand que celui de no- tre Soleil, sa luminosité 100.000 fois plus importan- tel Notre carte l'aspect du t w.B. ciel à la mi-août à la a tombée de la nuit. Une nuit à succès Beaucoup de mon- de au Bastberg près de Sa- verne et à Osenbach dans le Haut-Rhin, affluence à Fréconrupt - la 7 Nuit des étoiles a battu tous les re cords en Alsace. «Plus de 1400 per- sonnes ont défilé dans no- tre coupole», explique Alain Mory, visiblement ré joui du succès de cette nuit des étoiles organisée à l'Observatoire d'Osenbach par la Société astronomi- que du Haut-Rhin, les Chasseurs d'élipses et le club astro de Wittelsheim Les années précedentes les amateurs du Haut-Rhir avaient accueilli un millier de personnes. "Devant lc coupole, dans le pré, nous avions installé une vingtai ne d'instruments, chacur braqué sur un objet diffé rent». par "En début de soirée. nous avions encore des doutes quant à la météo puis le ciel s'est progressi vement dégagé. Nous avons commencé montrer le croissant de lo lune, puis Jupiter. Puisqu'i avait plu avant, l'atmos phère était limpide ce qu a permis de voir des dé tails superbes sur Jupiter>> Puis les passionnés du cie se sont promenés entre le Triangle de l'été, la Grande et la Petite Ourse pour ex plorer, au petit matin, les constellations d'hiver e Saturne. Une soirée qui n'a pas déçu les visiteurs puis que les derniers ne son partis que vers trois heures du matin. Jupiter et Saturne A peu près au même moment, les derniers ob servateurs réunis «Aux Trois Planchers» à Frécon rupt ont à leur tour plié ba gage. Quelque 600 person- nes s'étaient rassemblées sur cette clairière, située à 700 m d'altitude et offran des conditions d'observa tion exceptionnelle. «Il y avait beaucoup de touris tes et aussi des personnes qui sont venues avec leurs propres instruments», ra conte Lucien Marcot, res ponsable du club astrono mique Orion de Heiligen berg. Là encore, Jupiter e Saturne étaient les stars de la soirée. Le 15 août, Orion invite à une nouvelle soirée d'ob servation à Frécomrupt e le 30 août à Heiligenberg Fort de son succès, Lucier pense déjà à une coopéra tion plus étroite entre les différents clubs d'amateurs en Alsace. Une idée saluée par Alain Mory dans le Haut-Rhin et qui suscitera sans doute l'intérêt de Christian Feidt qui avai rassemblé quatre associa tions (Némesis, Astro Ju nior M67, Artemis, SOS Ovni) et plus de 1000 personnes vendredi soi W. B au Bastberg. Jupiter était la star de la Nuit des Etoiles des ama teurs alsaciens. N° 186-Dimanche 10 août 1997 Politique F PO F TE 07