VOSGES actualités PORTRAIT Itinéraire d'une drôle de dame Elle s'appelle Ginette Gravier et partage son temps entre Liezey et Paris. L'ancienne Madame consommation d'un grand magasin pourrait se reconvertir dans la voyance. Drôle de bonne femme. Au téléphone, elle a des accents d'Anne Gaillard, la passio- naria du consumérisme. On le lui a déjà dit et elle aussi a eu à souffrir des croisades menées pour le respect des clients du magasin où elle était devenue un peu par hasard Madame consomma- tion. Chez elle, à Liezey, où elle séjourne parfois quand elle n'est pas à Paris, Ginet- te Gravier se dévoile vérita- blement, raconte sa vie et on découvre vite qu'elle est tout, sauf un bloc monoly- thique. 2.000 dossiers par an A Paris, elle était secré- taire de direction dans une société de production spé- cialisée dans le bricolage. «Il n'existait pas de service clientèle chargé de répon- dre au courrier abondant que nous recevions, se sou- vient-elle. Moi, ça me plai- sait bien et j'ai suivi l'une des premières formations juridiques spécialisées dans le consumérisme à la Sor- bonne ». C'était en 1986. Durant plusieurs années, Ginette Gravier va se donner à fond dans un rôle qu'elle prend particulièrement à coeur, défendant à la fois les clients et le magasin contre des fournisseurs pas tou- jours honnêtes. Elle traite environ 2.000 dossiers par an et devient vite populaire. Malheureusement, l'équipe de direction change et ne veut plus de Madame consommation. Elle chan- gera plusieurs fois de poste jusqu'à ne plus retrouver son bureau à son retour de vacances. Elle préfère par- tir. Du saumon fumé aux SDF Depuis, elle n'a pas re- trouvé de travail et envi- sage, pourquoi pas, de reve- nir habiter les Vosges, espè- rant toujours que son sa- voir-faire et sa formation pourront intéresser d'éven- tuels employeurs. Elle n'est pourtant pas restée à ne rien faire. A Pa- ris, elle anime bénévo- lement des émissions de nuit sur des radios. Là aussi, elle prend à coeur de défen- dre les paumés, les sans- domicile fixe et n'hésite pas à démarcher les grands ma- gasins pour qu'ils fassent don de leur surplus et in- vendus. «Un de mes meil- leurs souvenirs est d'avoir pu distribuer des chocolats, du saumon fumé et des pa- quets de cigarettes à des gens qui n'en revenaient pas ». «La misère m'émeut pro- fondément, j'y suis très sen- sible, comme à tout ce qui s'apparente à l'injustice. Je suis une militante, mais j'a- voue que je me fais aussi plaisir ». Même quand son engage- ment sur les ondes lui valut des menaces de mort et au- tres «cadeaux»> pas très gentils. Le plus surprenant malgré tout, Ginette Gra- vier le garde pour la fin. On change complètement de monde pour entrer dans la parapsychologie. Naturelle- ment, Ginette Gravier évo- que les dons qu'elle possède et qu'elle a déjà pu vérifier à maintes reprises. << Je crois aux OVNI >>> «C'est certain, j'ai des fa- cultés extrasensorielles et j'ai déjà prédit l'avenir avec justesse à des personnes qui me le demandaient ». De re- tour à Paris, Ginette Gra- vier se rendra à l'institut métapsychique, afin de se livrer à des tests d'évalua- tion de ses dons de médium. Chez elle, elle possède 1.200 livres sur le sujet et avoue une prédilection pour les OVNI, persuadée, après Ginette Gravier, généreuse et pleine de facettes différentes. avoir accepté de subir une régression hypnotique, d'a- voir déjà approché une sou- coupe volante. Dommage seulement, re- grette-t-elle, que certaines émissions de télévision tournent en dérision ceux qui y croient. Ginette Gravier pense sé- rieusement à s'installer comme voyante, si elle ne devait pas retrouver de tra- vail dans sa branche. Elle avoue en effet ne pas pou- voir faire de prédictions la concernant, mais le grenier de sa maison de Liezey est en cours d'aménagement pour recevoir, à terme, des groupes intéressés par des séances de spiritisme et des séminaires. Cela va jaser dans le villa- ge... Catherine AMBROSI