FICTION par Bernard MOULIN L'éternel retour des OVNI Les soucoupes volantes ont refait surface la semaine dernière en Belgique... mais personne n'a pu serrer la main des petits hommes verts. Ce n'est encore pas de Belgi- que qu'arrivera la preuve de l'existence de visiteurs céles- tes, la mobilisation des mili- taires n'ayant pas permis d'intercepter les soucoupes volantes aperçues ces der- niers jours. Pour cause: il s'agissait d'un banal phéno- mène naturel aujourd'hui scientifiquement expliqué. L'inutile agitation qui s'est emparée de nos voisins la se- maine dernière aura seule- ment permis d'ajouter une histoire belge à la longue saga des OVNI qui excite les es- prits depuis plus de quarante ans. Le phénomène OVNI est of- ficiellement né le 24 juin 1947 lorsqu'un Américain, Ken- neth Arnold, affirma avoir ob- servé une escadrille de neuf objets lumineux au-dessus des Rocheuses. L'opinion se passionna pour ce mystère et, dans le sillage de ce pionnier, des milliers d'hommes et de femmes «dignes de foi» se sont mis à voir de par le monde d'extraordinaires ob- jets volants systématique- ment attribués, faute d'expli- cation rationnelle, aux extra- terrestres. On en est aujourd'hui à plus de 100.000 observations à travers le monde. Des scienti- fiques se sont penchés sur la question avec beaucoup de circonspec- tion et des organismes plus ou moins officiels ont été généralement Voici quelques années, cette étrange soucoupe a intrigué les Londoniens. Vérification faite, c'était un canular. (Keystone) créés pour recenser et vérifier les témoignages. L'un d'entre eux, l'Association d'étude sur les soucoupes volantes, a or- ganisé le week-end dernier à Lyon ses quatrièmes rencon- tres pour débattre du sujet et constater, la mort dans l'âme, que l'irrécusable argument pouvant enfin emporter l'ad- hésion des sceptiques reste à produire. En Lorraine et en Franche-Comté Le phénomène OVNI a par- ticulièrement fait florès dans les années soixante. A l'épo- que, il ne faisait guère de doute que ces engins généra- lement très lumineux aux ac- célérations foudroyantes étaient pilotés par des Mar- tiens en villégiature sur les ri- vages terrestres. Nourrie de palpitants récits de science- fiction, l'imagination popu- laire se plaisait même à les doter d'une enveloppe char- nelle de petits hommes verts. Hélas! De même que les capsules Apollo nous ont montré une lune désolée, les sondes Viking ont envoyé de- puis Mars des images d'une planète sans vie. Et, après el- les, les deux Voyager qui ont exploré l'ensemble du sys- tème solaire ont révélé que sommes désespérée- ment seuls à nous chauffer aux rayons du spleil. nous Les envahisseurs laissent régulièrement des empreintes mais n'osent jamais se montrer. Il reste tout de même d'in- nombrables révélations éma- nant d'observateurs de bonne foi. En 1983, on signala en di- vers points du territoire d'étranges boules de feu: c'étaient des reflets d'aurore boréale; l'année suivante, on en observa une autre dans les Vosges: c'était une météo- rite; en 1986, la gendarmerie luxembourgeoise fut alertée : il s'agissait du retour d'un sa- tellite dans l'atmosphère; l'an dernier, une mystérieuse lueur verte intrigua des habi- tants de Pontarlier et de Mor- teau: c'était le rayon laser d'une discothèque! L'étrange amnésie D'autres phénomènes sont plus troublants. C'est ainsi que le colloque de Lyon a lon- guement disserté sur l'obser- vation faite, en 1981 en Pro- vence, par un maçon témoin de l'atterrissage d'une sou- coupe dans son jardin. Un bio- physicien, qui a constaté après coup «un vieillisse- ment prématuré des plantes >> dans le périmètre où l'engin (AGIP) se serait posé, a estimé << plau- sible» l'intervention d'un ob- jet volant non identifié. Si les extra-terrestres exis- tent réellement et s'ils se don- nent la peine de parcourir des distances phénoménales pour nous rendre visite, on ne peut qu'être confondus par leur extrême timidité. Leurs en- gins apparaissent générale- ment en un éclair par des nuits sans lune et dans des pâ- tures ou terrains vagues qui ne peuvent leur donner qu'une bien piètre idée de la civilisation terrienne. Quant aux privilégiés qui assurent avoir partagé un moment de l'ordinaire des envahisseurs dans leurs étranges vais- seaux, ils sont curieusement tous frappés d'amnésie au re- tour de leur équipée spatiale. En l'état actuel · des connaissances, rien ne per- met d'affirmer que nos hypo- thétiques lointains cousins s'intéressent à la recette de la soupe aux choux ou à la meil- leure façon d'accommoder les pâtes aux oeufs frais... B. M. 128