LE PARISIEN VENDREDI 13 JUIN 1980 LIBERE Dossier Sept mois après l'enlèvement de Franck Fontaine PRÈS DE LA MOITIÉ DES FRANÇAIS CROIENT A L'EXISTENCE DES OVNIS L'heure est venue de faire le point sur le phénomène ovni (objet volant non identifié). Les esprits se sont calmés, en effet, depuis que, voilà sept mois, un marchand forain pontoisien, Franck Fontaine, disparaissait et réapparaissait huit jours après, affirmant qu'il avait été enlevé par des extra-terrestres. Le jeune homme, après avoir accordé quantité d'interviews, s'est retiré du monde pour publier un livre; quant aux deux camps qui, spontanément, s'étaient formés - celui des «.soucoupophiles >»> et celui des « Saint-Thomas », ils ont eu tout le temps d'user leurs arguments dans des dialogues de sourds. Pourtant, le pro- blème reste posé et il n'est toujours pas facile de s'y retrouver dans ce volumineux dossier. Qu'en est-il exactement du phéno- mène ovni? La réponse n'est pas limpide car il faut avant tout arriver à séparer le vrai du faux, le rationnel du passionnel. C'est ce que nous tentons aujourd'hui, à l'heure où FR 3, pour son dernier << Nouveau Vendredi », a choisi pour thème « les ovnis qui nous échappent ». A l'heure aussi où l'I.F.R.E.S. a réa- lisé un sondage exclusif pour « LE PARISIEN libéré » sur ce même sujet. «L A soucoupe volante s'est posée sur la voi- ture, l'entourant d'un halo lumineux. Alors, les Martiens sont descendus et ils ont dit à Franck Fontaine Toi, tu restes avec nous et aux deux autres Vous, allez chercher un appareil photo, comme cela, les Terriens auront la preuve qu'on existe. » Voilà comment, à Cergy-Pontoise, on raconte encore, avec de l'excitation dans la voix, l'événement qui a secoué, en dé- cembre dernier, le quartier de la << Jus- tice-Mauve », où jamais rien ne s'était passé. Quant au retour de l'otage sur terre, on en parle dans des termes sem- blables il est réapparu à la même heure, au même endroit une semaine exactement après sa disparition. Il a passé huit jours dans le temps et l'es- pace des extra-terrestres... et pour eux, ça faisait peut-être huit secondes ou bien huit ans... Passion, poésie, respect de l'étrange aussi, pour relater des faits malheureu- sement jusqu'ici invérifiables. En effet, alors que le Gepan (Groupement d'étu- des des phénomènes aérospatiaux non identifiés) « planche » sur ce cas depuis sept mois, rien de concret, semble-t-il, n'a été découvert qui puisse confondre Franck Fontaine de mythomanie ou ap- porter la preuve du passage des extra- terrestres. D'un côté, les gendarmes lo- caux, malgré une minutieuse enquête de voisinage, n'ont trouvé aucune << trace >> du disparu pendant les fameux huit jours; de l'autre, les spécialistes en ma- tière d'ovni n'ont aucune pièce à mettre au dossier, sinon les témoignages du jeune homme. Dans tous les cas, le Gepan a promis de publier cet été un rapport technique très détaillé qui ren- dra le verdict officiel dans cette affaire troublante. De quoi, en vérité, relancer les passions, quels que soient les résul- tats. La routine de l'extraordinaire Depuis le 1er mai 1977, le Centre d'études spatiales dispose d'un départe- ment «< ovni » avec le Gepan. Pas moins de 15 000 rapports ont été analysés avec des chercheurs travaillant sur les maté- riels sophistiqués à reconstituer les phé- C'est ce que démontre un sondage- Le Parisien Adere - "IFRES" A partir d'un échantillon national de 1.033 personnes, représentatif de l'ensemble de la population âgée de dix-huit ans et plus, l'I.F.R.E.S. (Institut français de recherches économiques et sociales) a réalisé un sondage exclusif pour «, to- talement identifiés, sont pour la plupart des étoiles ou des ballons-sondes. Ceux du type «B» sont des phénomènes connus mais souvent ignorés du grand public, avions militaires, météoristes. Ceux du type «C» sont des observa- tions qui demeurent inexpliquées mais qui sont trop imprécises pour être véri- tablement exploitées. Enfin, ceux du type « D» sont les seuls à recevoir l'ap- pellation d'ovni. Ces derniers phénomènes font l'objet d'un traitement particulièrement appro- fondi de la part de la gendarmerie na- tionale. Ainsi, le commandant Coche- reau, responsable de ce département ouvert en 1974, épluche, jour après jour, quelque cent cinquante dossiers annuels. Pour lui, c'est tous les jours la routine de l'extraordinaire il étudie, compare les procès-verbaux pour arri- ver, dans 80 % des cas, à une conclu- sion négative. Il s'agissait de l'appari- tion d'un satellite, d'un ballon ou d'une perturbation atmosphérique. Pour le reste, l'enquête s'avère longue et déli- cate et il arrive parfois que le phéno- mène demeure extraordinaire. Alors - ce sont les faits on découvre d'étranges similitudes entre les nouvelles données et celles qui sont accumulées dans de précédentes affaires : par exem- ple, les objets sont lumineux de jour comme de nuit; soucoupes ou cigares selon d'observation, ils ont des trajec- toires anormales et des vitesses plus ra- pides qu'aucun type de propulsion connu; enfin et surtout, ils sont parfai- tement silencieux. Mais le commandant Cochereau se garde bien d'émettre des avis personnels sur les ovnis. Quand on lui demande s'il croit aux extra-terrestres, il répond sim- plement la gendarmerie se contente de constater. Inconscient collectif ? Pour les « ovniologues » aussi, il n'y a que les faits qui comptent. Ainsi, Jean-Claude Bourret qui a publié plu- sieurs ouvrages sur ce thème, dont le dernier «Ovni: l'armée parle », af- firme: - J'ai la conviction que le phénomène existe bien. Comment expliquer, sinon que 8% des témoignages dans ce genre d'affaire demeurent inattaquables, mal- gré les enquêtes les plus minutieuses faites par la gendarmerie, l'armée et les services secrets? Parmi les preuves de la réalité des ovnis, il y a d'abord les dé- tections radars puis les traces d'atterris- sage et surtout les modifications chimi- ques du sol après un contact avec la terre... Sans se hasarder à formuler une opi- nion sur «>. Des chiffres qui, au lieu de prouver quoi que ce soit, finissent, en raison de leur énormité même, par faire naître le doute. Car si tous ces témoins sont vrais, la planète ne va pas tarder à être surpeuplée, ou purement et simplement colonisée par les extra-terrestres. A moins, alors, qu'ils n'existent pas... Thierry de CABARRUS -Avant Franck Fontaine déjà... L'affaire la plus spectaculaire en matière «< d'enlève- ment » eut lieu en janvier 1978 au Brésil, où un garçon de onze ans, Manoël Roberto, affirma qu'il avait été enlevé - en compagnie de son cousin par des extra-terrestres, à Piranhas. Le fait qu'il fut retrouvé à Rondonopolis, à 500 kilomètres de son domicile, sembla accréditer sa ver- sion. Manoël assura que ses agresseurs, au nombre de huit, étaient de petite taille, vêtus de rouge et portaient des an- neaux de fer sur la poitrine. C'est à bord d'une «< locomo- tive lumineuse » que Manoël et son cousin auraient été conduits à Rondonopolis. La mère de Manoël n'accorda aucun crédit à ce récit «< fruit, assura-t-elle, de l'imagina- tion fertile de Manoël ». De son côté, un Mexicain, âgé de trente ans, prétendit au mois de novembre 1978, avoir été enlevé par des Martiens, à Puebla, et avoir subi de « graves mutations physiques >>. Les médecins constatèrent, en effet, que son sang n'appar- tenait à aucun groupe connu et qu'il possédait six mame- lons sur la poitrine. Le Mexicain fit état d'une transfusion que lui auraient fait subir les extra-terrestres, « à l'aide d'un appareil étrange fixé à son pouce ». La « séquestration » d'un caporal de l'armée chilienne, Armando Valdes, par l'équipage d'un ovni, fit également beaucoup de bruit en mai 1977. Valdes se trouvait à la tête d'une patrouille quand il aperçut, dans un champ, un objet lumineux. Il s'approcha, seul, de l'engin. Quelques instants plus tard, il rejoignait les membres de sa patrouille en s'écriant « Muchachos! » avant de perdre connaissance. On constata qu'il portait une barbe vieille de plusieurs jours alors qu'il s'était rasé le matin même tandis que sa montre un modèle de précision avait avancé de cinq jours et quinze minutes. 13