Ils sont là depuis cinq jours. Dès le 10 août, des centaines de personnes se pressaient à Cergy- Pontoise Franck Fontaine, prétendument enlevé l'an dernier, avait affirmé que les Martiens avaient annoncé leur intention de revenir le 15 août. Pas d'ovni pour l'instant. Les recherches sont en cours... En attendant l'ovni * Rendez-vous le 15 août 1980 », avaient promis les extraterrestres. C'était du moins ce qu'avaient cru comprendre trois jeunes gens de Cergy-Pontoise après « l'enlèvement », par un O.V.N.I. d'un des leurs, le 26 novembre dernier. On se souvient, en effet, qu'à cette date, vers 4 heures du matin, Jean-Pierre Prévost (25 ans), Salomon N'diaye (25 ans) et Franck Fontaine se préparaient à partir au marché de Gisors, pour y vendre des vêtements. Franck qui faisait chauffer la voiture avait disparu lors- Est-ce un besoin de surna- turel qui transformait, hier, le paysage désolé de cette ban- lieue de Cergy en lieu de pèle- rinage? Foule recueillie. << Ils vont arriver, on va les voir ! >> L'attente rend silen- cieux. Depuis jeudi soir les au- tomobilistes venus des plus lointains départements de l'hexagone et de toute l'Eu- rope, notamment des Belges et des Allemands, s'étaient ali- gnés en files sages; les uns sur la colline au milieu des champs de maïs et de choux ; les autres, en contrebas au bord de la route, près des mai- sons de béton multicolores. A l'une des fenêtres, un « veilleur », annonce au fur et à mesure à la foule les nouvel- les de l'espace : << Ne désespé- rez pas ! »> «< Attendez, ils vont venir ! » C'est Salomon N'diaye qui parle, le seul des trois jeunes gens qui soit présent aujourd'hui. A 4 heures du matin, l'orage éclate. Serait-ce eux ? Un mouvement quasi magnéti- que s'empare des fervents. Mais la tension baisse en même temps que l'orage s'éloigne... Il reste dans les champs, sur la route, des hommes, des femmes, des adolescentes et PAR ROSEMONDE PUJOL que ses camarades revinrent charger l'automo- bile. Ils devait rester huit jours invisible, « kid- nappé », à leurs dires par un objet volant non identifié. On connait la suite. Franck Fontaine revint, se souvint peu à peu... interrogatoire des gendarmes puis confirmation de son séjours chez les extraterrestres, sous hypnose, à l'Insti- tut mondial des sciences avancées (I.M.S.A.), de Marseille; cela sous la direction de Jimmy Guieu, écrivain de science-fiction dont le livre a fait accourir les foules, hier, à Cergy. de nombreux enfants trempés de pluie, boueux jusqu'aux chevilles. La transe semble les rendre insensibles au froid. Et puis des bruits circulent : « Deux enfants, là-bas, ont vu un cigare rouge dans le ciel. » L'attention est cependant vite détournée car Salomon à son balcon annonce << ils vien- dront entre 15 et 21 h >>. Les forces du Bien En attendant on peut se re- poser dans les voitures; A 11 h du matin femmes, enfants font la grasse matinée recro- quevillés ou agglutinés sur les banquette. Mais les hommes eux, res- tent en groupe pour veiller... et palabrer. A défaut d'un phéno- mène présent, on évoque ceux du passé : des robinets qui se sont ouverts tout seuls chez Salomon, des tables de marbre impossible à soulever mais qui se sont mises à danser... « Les extra-terrestres sont des êtres qui portent les désirs de bonheur refoulés de cha- cun, les forces du bien qui lut- tent contre celles du mal. >> << Ils vont empêcher les Terriens de s'auto-détruire >> affirment les uns. « Ils viennent leur apprendre la sagesse ». Un homme d'une cinquan- taine d'années cherche des trèfles sur le bord de la route; il les mange. « Voilà ma nourri- ture ». Sur le capot rouge brique d'une vieille Renault une jeune femme « fait » les cartes : « Ils arriveront, vaticine-t-elle, ils contacteront deux hommes de cœur ». Elle montre un roi et un valet; un écologiste tire un 8 de trèfle «Ils vont imposer les espaces verts ! » 12 h 30 dans un champ de blé fauché, bien calé dans de cubiques meules de paille les plus décontractés pique-ni- quent. On a ouvert des para- sols. A 15 heures, le gros de la foule arrive: des curieux, mais pas des « mordus » ou des croyants. Ils auront les plus mauvaises places loin du lieu prévu pour l'attérrissage. Lieu sacré où des vigiles se tien- nent dans la position du lotus autour d'un champ de choux.<< C'est là qu'ils sont venus, c'est là qu'ils revien- dront. >>