DOCUMENT L'astronome Claude Poher, directeur du Gepan, devant un radio-télescope du Centre d'études spatiales qui recueille les ondes venues des astres lointains. La semaine dernière le célèbre astronome et physicien américain Carl Sagan évoquait ici les possibilités d'une vie ex- tra-terrestre. Cette énigme est en rap- port avec celle des Ovni. Et sur ceux- ci, nous avons in- terrogé un savant fran- çais. La France est, en ef- fet, le seul pays au monde LES OVNI fameux « objets volants non identifiés » (Ovni). C'est le << Groupe d'étude des phénomènes aéro- spatiaux non identifiés >> (Gepan). Il emploie 40 scientifiques, di- rigés par Claude Poher, docteur en astronomie, qui a décrit à Marie-Thérèse de Brosses avec une pru- dence toute scientifique- le mystérieux domaine DEVANT LA à avoir créé un organisme SCIENC officiel pour étudier ces qu'il est chargé d'explorer. Une interview de Claude Poher, le savant français officiellement chargé par le gouvernement de les étudier PARIS MATCH N° 1510 5MAI 78 sir atsido à solodiq stiso monosten siems nussid T-ob-silla V-mine (suite de la p. 9) à la limite, si ce n'est pas le cas aussi pour des observations du type D. Dans certaines observations pour les- quelles nous avons enquêté, il nous semble qu'en fait l'explica- tion la plus plausible à retenir ne soit ni une affabulation, ni vrai- ment un phénomène du type hallucination. P.M. Alors de quoi s'agit-il? C.P. On n'en sait rien. D'après les histoires rapportées, il s'agit de véhicules. Les témoins di- sent: « C'était métallique »>, «Cela avait telle forme ». Ce ne sont pas toujours des soucoupes volantes. Nous avons enquêté récemment sur un cas dans le- quel ce qui a été observé n'a pas du tout l'allure d'une soucoupe volante. Le témoin nous a fait une maquette: cela n'avait rien à voir. P.M. C'était un objet au sol? C.P. Non, en vol. Cet objet, vert sombre, faisait, d'après le té- moin, six mètres de long, quatre mètres de large. Il avait un com- portement aéronautique; il volait. Nous avons plusieurs cas de ce genre, dans lesquels on a des objets insolites qui ne peu- vent pas être expliqués en termes de mythe; le mythe de la soucoupe volante. C'est pour cela qu'on a d'ailleurs choisi des cas de ce genre, pour voir s'il y avait quelque chose à en tirer. Mais l'enquête est très loin d'ê- tre terminée. P.M. Quels sont les cas les plus LES OVNI troublants de vos dossiers ? C.P. Ce sont ceux de rencontres rapprochées, à moins de 150 mètres de distance. Au-delà de 150 mètres, la vision binocu- laire ne permet pas d'apprécier la distance. Il y a des cas avec observation de traces lors de l'enquête; herbe roussie, traces mécaniques; mais là encore, rien de très clair. De l'herbe roussie, mais pas le rond comme on en voit dans les livres. Des traces, mais trois trous, qu'on aurait pu faire avec des pioches. Tant qu'il n'y aura pas eu une analyse sur place, on ne pourra rien prouver. Personne n'a en- core eu l'idée d'utiliser un péné- tromètre: un petit appareil de poche qu'il suffit de poser pour savoir si le sol est dur ou mou. Posez-le à côté d'une trace où un soi-disant patin d'engin se serait posé et lisez l'indication. Puis posez-le dans la trace: si l'indi- cation est la même, cela veut dire que rien ne s'est posé là. C'est tout simple. P.M. Avez-vous établi la pré- sence d'objets physiques réels sur le sol ? C.P. Non, pas d'une façon cer- taine. Toutefois d'excellents ob- servateurs qui ont l'habitude de travailler en laboratoire et peu- vent faire des évaluations que ne font pas le commun des mortels ont fait des observations de phé- nomènes de ce genre-là. P.M. Avez-vous établi un ba- rème du niveau intellectuel des témoins? C.P. Il y a une proportion anor- malement grande de gens intelli- gents. Les moins intelligents sont les plus réticents à parler. Si j'additionne les techniciens, les ingénieurs, les pilotes, les cher- cheurs, les professeurs, les scien- tifiques professionnels, c'est-à- dire les catégories les plus com- pétentes, ils représentent plus de 50% du dossier. Bergers, agri- culteurs, ouvriers, n'atteignent que les 30%. Les gens qui communiquent le plus facilement leurs observa- tions sont ceux qui pensent que cela va servir à quelque chose. Le paysan, lui, n'en a vraiment rien à faire. Il a peur de paraître ridicule aux yeux de ses amis et de ses voisins. Les intellectuels hésitent aussi parfois : un direc- teur de laboratoire d'un service Les témoins sont à 50. des gens intelligents et cultivés public français m'a écrit: « J'ai observé cette chose-là. Je ne tiens pas à ce que mon nom soit connu parce que mes collègues riraient, mais je tiens absolu- ment à ce que vous sachiez ce que j'ai observé, parce que je pense que cela peut servir ». Il est quand même passé outre à sa réticence. P.M. Essayez-vous de promou- voir des stations automatiques de détection des Ovni? C.P. Ce serait très intéressant mais la somme qu'il faudrait in- vestir pour être sûr de détecter quelque chose dépasse les moyens dont dispose la France. Pour équiper un réseau sûr en cinq ans, il faudrait dépenser 10 ou 15 fois le budget du Cnes qui représente déjà 1 300 000 000 de francs. P.M. Quel est le budget du Ge- pan? C.P. Cette année, il est de 300 000 F. P.M. Tout à l'heure, vous me di- siez que ce qui vous intéressait dans le phénomène Ovni, c'était qu'il semblait y avoir des véhi- cules. Le docteur Sanders, au Colorado, a dénombré 60 types différents de véhicules. Avez- vous effectué ce type de re- cherches ? C.P. Les statistiques donnent une très grande variété de des- criptions: la boule, le disque, la forme de cigare avec de petites variantes et des formes bizarres. On a un peu de (suite p. 17) 12 Des formations nuageuses bizarres, comme celle-ci, photographiée au-dessus de Marseille, font croire à certains qu'ils ont vu un Ovni. (suite de la page 12) tout. On ne peut pas dire qu'il y ait quelque chose de très clair entre les diffé- rentes catégories. P.M. Est-ce que les manifesta- tions Ovni évoluent d'une façon compréhensible ou pas du tout? C.P. Non. Incompréhensible. C'est presque anormal si vous voulez, c'est bien cela qui est bi- zarre. Parce que s'il s'agit de visites de véhicules pilotés, on ne comprend pas certains compor- tements. Certains comporte- ments, sans faire de l'anthropo- centrisme, en référence à nos missions spatiales, sont anor- maux et paraissent complète- ment aberrants. Il n'est pas impossible que le phénomène Ovni tel qu'on le classe contienne plusieurs phé- nomènes inconnus. Pourquoi un seul ? Il est possible que l'en- semble de ces témoignages, en fait, contienne plusieurs catégo- ries, pas forcément deux seule- ment, d'objets différents, l'un ayant trait à la physique atmo- sphérique, l'autre à la géophysi- que, le troisième à des phéno- mènes électromagnétiques, etc. Et peut-être des véhicules, pour- quoi pas ? Nous sommes allés, par exemple faire une enquête dans la région sud, du côté de Tarbes, sur un phénomène ob- servé en 1974 où des boules de 50, 60 centimètres de diamètre avaient des comportements ex- trêmement bizarres. Elles par- taient dans tous les sens, sans al sb allenton -incup asb somatoqmilis abasmab alá LES OVNI s'occuper ni des témoins, ni des routes, ni des champs, etc. On ne peut pas dire qu'il s'agisse de véhicules! On peut imaginer que ça ressemble beaucoup plus à la foudre en boule. Mais, ce jour-là, il faisait un temps très clair. On ne connaît pas de fou- dre en boule par temps clair. On ne sait pas d'ailleurs ce que c'est que la foudre en boule, qui est contestée par les spécialistes de la foudre. P.M. Vous n'êtes pas opposé à l'idée, a priori, que cela puisse être des véhicules extra-terres- tres? C.P. Non, pourquoi? Il n'y a pas de raison. P.M. Donc, qu'il puisse y avoir des présences d'humanoïdes à l'intérieur? Nous posons là le problème des contacts dit du 3e type. Comment est-ce que vous expliquez que les rares ré- cits de contacts avec des «< occu- pants >> soient si décevants? C.P. A travers les histoires qui sont racontées, je pense que l'hy- pothèse extra-terrestre ne tient pas debout. Parce que, d'abord, les véhicules qui nous sont pré- sentés ne sont pas, en fonction des lois de la physique, suscepti- bles de voyager loin. Ils sont pe- tits, ils ne sont pas extraordi- naires et il n'y a rien dans la phy- sique connue qui permette, à l'heure actuelle, de faire ce voyage par des moyens simples. Si on était capable de faire des véhicules susceptibles d'aller dans une autre planète du sys- tème solaire, ils seraient énormes. Rien à voir avec ce qui est observé. P.M. Certains parlent des vais- seaux-mères dont partiraient des petits vaisseaux. C.P. Je veux bien, mais je veux voir le vaisseau-mère. Il y a des quantités de gens qui regardent au télescope, qui n'ont jamais vu de vaisseau-mère. Il y a des quantités de radio-télescopes qui sont braqués pour étudier les signaux naturels émis par les étoiles. Si jamais il y avait un vaisseau-mère qui émettait le moindre signal, ils auraient reçu quelque chose un jour. D'autre part, le comportement de promenade de ces véhicules n'est pas très cohérent ; c'est-à- dire qu'on ne voit pas vraiment l'étude que pourraient faire L'hypothèse de leurs occupants en faisant ce qu'ils font. Ce serait aberrant. Par contre, on peut imaginer des hypothèses différentes qui sont beaucoup plus solides pour l'instant. P.M. Lesquelles? C.P. Un phénomène naturel in- connu... La foudre en boule est un phénomène naturel inconnu. On peut imaginer d'autres phé- nomènes inconnus qui, observés par des témoins utilisant leur in- tellect, nous racontent une his- toire qui n'est pas du tout en fait ce qu'ils ont vu. P.M. Qu'ils organisent selon leur faculté de comprendre? C.P. Oui. Et leur passé, leurs connaissances. Lorsque vous demandez à un mécanicien de décrire un objet, il utilise une ré- férence qu'il connaît. Il le com- pare à une boîte de vitesses. Une ménagère le compare à une bas- sine, ou une assiette. Ce qui prouve bien que la façon dont les gens ont été éduqués à une in- fluence considérable sur le récit de ce qu'ils ont vu. On peut imaginer un phéno- mène encore inconnu, mais pas extraordinaire; par exemple, que l'air luminescent ayant des propriétés de déplacement diffi- ciles pour l'instant à appréhen- der, soit observé et vu, et traduit en termes d'Ovni par des gens influencés par des lectures de science fiction et tout le mythe qui peut tourner autour de ces lectures. Ce n'est (suite p. 19) visites d'extra-terrestres ne tient leg baoqon oq estiubong at 2008 ausismis sob bogyo pas debout esmollism sh as xiq molios sup tup ani 1 Un témoin d'un vol d'Ovni dans le Midi explique au fusain ce qu'il a vu: des formes lenticulaires se déplaçant en escadrilles. 17 LES OVNI (suite de la p. 17) pas absurde. Ce n'est pas une hypothèse plus sensationnelle, somme toute, que celle des extra-terrestres. P.M. Auquel cas, une manifes- tation serait appréhendée diffé- remment par les témoins selon leur degré de culture. Comment expliquer que les gens voient tous dans le monde a peu près les mêmes types d'Ovni: sou- coupes, cigares, etc. C.P. Nous avons tous à peu près le même degré de culture. Nous regardons la même télévision. Nous avons le même type d'é- coles; la culture est plus ou moins abondante, mais les bases sont à peu près les mêmes. Il fau- drait étudier les témoignages de gens de cultures très différentes. Il n'y a pas de psychologues qui se soient penchés sur la ques- tion. On n'a pas encore la ma- tière première pour pouvoir faire ce travail. P.M. De plus en plus, mainte- nant, on tend à aller vers une ex- plication para-psychologique du phénomène des Ovni? C.P. Le malheur, c'est que le << on» en question, c'est qui? Quand on met des noms en face du << on >>, on se rend compte que ce sont des gens parfaitement in- compétents. Il y a eu un livre ré- cent sur les Ovni, publié par quelqu'un qui fait partie d'un groupement... P.M. Du groupement << Lu- mières de la nuit »>. C.P. C'est cela... qui parle de rêve éveillé, par exemple. J'es- time que cette personne est par- faitement incompétente pour en juger. Celui qui peut le mieux ju- ger de la possibilité qu'il s'agisse d'un rêve éveillé, c'est le psycho- logue et lui seul. Or, les psycho- logues qui travaillent dans le Gepan ne sont pas du tout des fanatiques d'Ovni; ils s'intéres- sent à la psychologie d'abord. Il faut faire très attention. Il est ex- trêmement facile de dire n'im- porte quoi. P.M. Vous réfutez l'hypothèse para-psychologique (sugges- tion, hallucination provoquée, etc.). Donc, les phénomènes semblent avoir une matérialité objective. Y a-t-il, en dehors de tout témoignage, des faits qui sembleraient prouver la maté- rialité du phénomène Ovni? C.P. Les « évidences >> signalées à grand renfort de publicité dans les livres n'ont jamais été contrôlées de façon sûre. Ce sont des histoires complètement creuses. Quand on gratte, ce qu'il y a eu effectivement de fait, on ne trouve rien. P.M. Vous pensez (suite p. 21) Trop de gens incompétents s'en mêlent Cette Américaine a vu un Ovni: « Ça ressemble à ma cocotte ! »>. (suite de la page 19) que c'est parce que le travail d'investiga- tion a été mal fait ? C.P. Si le travail d'investigation avait été bien fait, on pourrait ti- rer des conclusions. Ce n'est pas le cas. C'est pour cela que nous avons mis sur pied des groupes spécialisés. Si, dans les années qui viennent dans les deux ans qui viennent - un phéno- mène de traces se manifeste, on enverra sur place notre équipe d'analyse de traces. Si les gen- darmes ont fait leur boulot, em- pêché les curieux d'approcher, nous pourrons faire des mesures et dire effectivement quelle était la masse de la chose qui a laissé des traces ou si un prélèvement a été fait avec une pelle. P.M. Avez-vous remarqué s'il y a des endroits où les apparitions sont plus fréquentes que dans d'autres ? C.P. Non. Quand on situe ces observations sur une carte, on a l'impression qu'il y a des zones plus denses d'observation qu'ailleurs. En fait, on arrive très bien à retrouver cette den- sité en tenant compte unique- ment de deux facteurs: la den- sité de population et la météo. Là où c'est très dense en popula- tion, et là où il fait beau, il y a plus d'observations. On arrive à reconstituer de façon très pré- cise la densité des observations. P.M. Et les observations faites au radar? C.P. C'est difficile à dire. Les LES OVNI observations confirmées à la fois par un radar et un témoin visuel constituent une fraction infime du dossier. Le radar dé- termine la trajectoire de la chose. Autour, on a trois échos à trois endroits différents. Si on calcule la vitesse, on trouve un nombre de milliers de kilomè- tres à l'heure incompatible avec les engins connus. Nous avons donc monté ici un groupe d'a- lerte au radar. Chaque fois qu'une observation est signalée, nous demandons à voir les enre- gistrements. Certains radars mi- litaires ont des enregistreurs vidéo, comme pour les images de télévision, qui sont conservés trois semaines. On a soumis trois cas, depuis que le Gepan existe, à cet examen. On n'a rien trouvé. Dans nos dossiers, ceux de l'armée de l'air contiennent peu de détections radar: moins de 1%. P.M. Allons maintenant un peu plus loin... Quelles sont vos mé- thodes scientifiques pour étu- dier un témoignage ? C.P. Il y a plusieurs directions de recherche. Nous pouvons d'abord le comparer à des cas ré- cents pour lesquels nous avons plusieurs témoins et faire des re- coupements. Si des gens préten- dent par exemple avoir observé une << soucoupe volante »>> en pleine nuit, nous les interro- geons séparément, nous leur po- sons des tas de questions indis- crètes qui n'ont rien à voir avec ce qu'ils ont l'habitude d'enten- dre des enquêteurs. Nous les amenons sur les lieux de l'obser- vation. Si un témoin qui ne sait pas exprimer son observation en termes scientifiques dit: << J'ai vu un disque gros comme une ci- trouille »>, ou « gros comme une maison », nous lui faisons dire quel est le diamètre apparent de l'objet, l'angle sous lequel il l'a vu. Avec l'aide d'un théodolite, nous lui faisons viser comme avec un fusil la direction qu'il in- dique et nous avons les angles. Ensuite, lorsque nous avons bien interrogé les témoins, nous leur présentons un paquet de fiches. Par exemple les couleurs. Quand il a dit : « C'était rouge », nous lui mettons sous les yeux une liasse où toutes les nuances sont répertoriées et il essaie de trouver le rouge le plus proche. Nous avons des méthodes pour confondre les simulateurs Il y a plusieurs milliers de tons. Chaque témoin ignore ce que l'autre a dit. Nous comparons ensuite les résultats. Un témoin ne peut inventer la couleur que l'autre a pu donner. P.M. Et, en général, les témoi- gnages concordent-ils ? C.P. Parfaitement. Pour les an- gles, c'est plus sophistiqué. Dans le champ où il prétendait être lorsqu'il a fait son observa- tion, le témoin, grâce aux deux viseurs d'un théodolite placé à côté de lui peut nous faire connaître la direction prise par l'objet. Quand il précise: << C'é- tait gros comme cet arbre >>, nous visons successivement à gauche et à droite de l'arbre, et nous obtenons un angle. D'au- tres calculs nous permettent en- suite d'évaluer la distance réelle, la dimension réelle. Après avoir fait des évaluations précises, nous constatons que les his- toires qui nous sont racontées ont une très bonne cohérence in- terne. Si c'est un rêve éveillé, c'est un rêve éveillé cohérent. D'autre part, les témoins obser- vent un certain nombre de phé- nomènes physiques: branches d'arbres agitées, eau agitée. Ces phénomènes physiques permet- tent de faire des calculs, de voir si l'observation d'un objet de telle dimension faite par un té- moin correspond à l'observa- tion d'un objet de même dimen- sion faite par d'autres témoins, un autre jour à (suite p. 23) Encore une photo qui semble avoir été prise avec une assiette lancée en l'air, ou un « pigeon d'argile»: Riverside, Californie, novembre 1951. 21 (suite de la p. 21)un autre lieu. C'est ce qu'on peut appeler la cohérence interne des rapports d'observation. C'est une pre- mière méthode. Une autre méthode consiste à prendre de très nombreux té- moignages-un millier et de regarder si les conditions dans lesquelles ont été faites les ob- servations respectent des lois connues de la vision. Par exem- ple, vous regardez à travers l'at- mosphère un objet. Selon la transparence de l'atmosphère, vous verrez plus ou moins de dé- tails. Vous comparez en fonc- tion des conditions météorolo- giques données par les stations météo. Il suffit de téléphoner à la station météo la plus proche pour connaître les conditions météo au lieu, au jour, à l'heure de l'observation. On peut faire des corrélations entre les phéno- mènes observés et les conditions météorologiques de leur obser- vation. Il y a des lois liées aux capacités de vision humaine et à la transparence de l'atmosphère qui doivent être respectées s'il y a vraiment eu observation. Et ces lois, fort compliquées, se trouvent parfaitement respec- tées. Il n'est pas pensable, à no- tre avis, que des observateurs aient pu inventer des histoires qui les respectent. Statistique- ment, sur des milliers de cas où quelque chose se passe dans le ciel, pour un territoire comme la France, qui est assez homogène LES OVNI en occupation, on doit avoir toujours à peu près la même proportion de gens qui le voient à certaines heures de la journée, et de gens qui, parmi ceux qui le voient, le racontent. On com- pare ce qui se passe, dans le cas des observations du type A, c'est-à-dire des objets bien connus, ballons sondes du Cnes, satellites et autres. On connaît, a posteriori, le nombre de per- sonnes qui ont narré leur his- toire de phénomènes connus, dont on est sûr qu'ils s'étaient vraiment passés dans le ciel. Nous avons donc étudié les lois sociologiques, socio-psycholo- giques de rapports d'observa- tions réelles d'objets connus. En appliquant ces lois aux phéno- mènes Ovni, on regarde si on re- trouve, dans les observations données, le même type de lois, à la fois sociologiques et météoro- logiques. Par exemple, si le nombre de rapports d'observa- tions dépend, toujours de la même façon, des conditions mé- téorologiques. Plusieurs de ces lois que nous avons pu déterminer à partir des objets connus sont aussi respec- tées, dans le cas des rapports de type D. Ce qui nous fait dire que les témoignages sur des choses que les experts n'arrivent pas à identifier, correspondent à des observations réelles. P.M. Vos méthodes vous per- mettent donc de dire assez vite : << Tel cas peut ou non rentrer dans le cadre des phénomènes Ovni »> ? C.P. Je crois qu'on a mainte- nant une méthodologie qui nous permet assez facilement de le faire. Par exemple, il faut que l'observation soit cohérente. Si quelqu'un invente une histoire, il n'a pas pensé à tout. Quand un << inventeur »> nous parle d'objets ayant une certaine inclinaison par rapport à leur trajectoire, si on lui demande l'angle d'incli- naison, il reconstituera, avec un appareil de mesure d'angle, un angle inventé, complètement << bidon ». P.M. Aux Etats-Unis, le doc- teur Condon disait, à propos des témoignages qu'il avait étudiés, que 90% étaient explicables par des phénomènes naturels, mais qu'à peu près 10% des témoi- gnages présentaient une énigme. Les chercheurs qui s'intéressent à la question sont rares Vous dites que, pour vos témoi- gnages, 80% sont explicables. Donc, vous en considérez 20% comme présentant un caractère anormal? Pourquoi ces diffé- rences? C.P. D'abord, une publicité considérable, faite aux Etats- Unis a augmenté la proportion de rapports d'observation de personnes qui avaient vu quel- que chose dans le ciel. Nous, nous utilisons beaucoup plus les rapports officiels où un préfil- trage est opéré par les brigades de gendarmerie ou par les ser- vices qui transmettent l'infor- mation. P.M. Quelle est la position de la communauté scientifique vis-à- vis du Gepan? C.P. Nous avons eu pour la pre- mière fois une réunion avec no- tre groupe de conseillers scienti- fiques en décembre l'année der- nière. Nous avions choisi 7 per- sonnes huit puisqu'il y en avait une du Cnes- qui avaient des compétences dans les do- maines qui nous intéressaient. Eh bien, ils ont émis des conclu- sions positives sur notre travail. Mais, pour l'instant, le nombre de chercheurs qui s'intéressent à la question est extrêmement fai- ble. P.M. Mais avant, les seuls mots << Ovni »>, << Soucoupe »>, ren- daient la communauté scientifi- que hystérique. C.P. Cela n'a pas beaucoup changé. Disons (suite p. 28) Souvent un coucher de soleil comme celui-ci ou le lever de la planète Vénus ou certains angles de vision de la lune font croire à un Ovni. LES OVNI (suite de la page23)qu'au début de la création du Gepan, il y avait des sourires très larges. Les sou- rires sont un peu moins larges maintenant. Mais je ne pense pas que cela ait beaucoup changé. Quant à moi, vraiment, je ne me soucie pas de l'opinion. Si ce que les témoins nous ra- content est vrai, c'est une affaire énorme. Ils nous parlent de véhicules métalliques ayant des performances extraordinaires. Je travaille dans un domaine technique qui s'appelle la re- cherche spatiale. Si ce qu'on nous raconte est vrai, on aime- rait bien en savoir davantage et pouvoir en faire autant. Si on savait faire des engins de ce genre-là, cela voudrait dire que l'on aurait résolu des tas de pro- blèmes de voyage par exem- et des problèmes énergéti- ques. Parce que l'énergie mise en cause par ce genre de phéno- mènes est probablement consi- dérable. Cela vaut la peine d'es- sayer d'y voir plus clair. ■ ple - - Qui êtes-vous Claude Poher? Je suis ingénieur, docteur en as- tronomie. Ma formation est aéronautique. Je suis pilote privé et j'ai enseigné la naviga- tion, et je m'intéresse aux Ovni - à ce qu'il y a dans le ciel, aussi bien sur le plan aéronautique, météorologique que spatial et astronomique. Pendant dix ans, j'ai travaillé dans l'aéronautique, puis, pen- dant cinq ans, au Cnrs dans le Laboratoire de physique de l'at- mosphère. Depuis douze ans, je suis au Cnes (Centre national d'études spatiales) où j'ai été pa- cron du département astrono- mie. J'ai ensuite dirigé la divi- sion Fusées-Sondes, et enfin la division Sciences. J'ai eu l'occa- sion de travailler avec des pro- grammes de la Nasa (par exem- ble le Skylab) et des pro- grammes soviétiques. Récem- ment, à la division Sciences, il y a un an et demi, je m'intéressais aux expériences françaises et européennes sur le Spacelab. Maintenant, je suis le chef du Gepan (Groupe d'étude des phé- nomènes aérospatiaux non dentifiés). Chaque groupe- ment, chaque projet a un patron à sa tête. Un satellite a un chef de projet. Le Gepan est un peu or- ganisé comme un projet. C'est un groupe d'études qui com- porte une quarantaine de per- onnes qui, bien sûr, travaillent ussi à d'autres projets. ■ Paris-Match. Actuellement dans aucun pays du monde, il n'y a d'organisme équivalent au «Groupe d'étude des phéno- mènes aérospatiaux non identi- fiés » qui puisse faire une investi- gation sur les Ovni? Claude Poher. Je ne crois pas. Les contacts que nous avons avec des collègues scientifiques étrangers, montrent qu'il n'y a pas d'activités officielles connues autres que celles du Ge- pan. C'est un organisme scienti- fique installé ici à Toulouse et qui dépend du Cnes (Centre na- tional d'études spatiales). P.M. Comment se fait-il que la France soit le seul pays qui fasse cet effort actuellement ? C.P. Il faut poser la question à d'autres pays, je ne peux pas ré- pondre. Des scientifiques, des ingénieurs étrangers me disent que, dans leur pays, c'est impen- sable. Personne n'accepterait. C'est plus bloqué qu'en France. Je crois qu'en France on a pris le problème par le bon bout. On a dit: on va regarder objective- ment dans le calme, ne pas se marteler la tête parce que ça s'appelle Ovni. Le Français est un peu comme ça. Je pense que s'il y avait un pays où c'était fai- sable, c'était bien la France. P.M. Vous étiez intéressé depuis longtemps par les Ovni? Com- ment y êtes-vous venu? C.P. Pour deux raisons. La pre- mière, c'est que j'ai rencontré des témoins fiables, compétents, anslov atsido >> xusmal (invO) asilimbi non LES OVNI qui avaient observé quelque chose et qui, parce qu'ils sa- vaient que je m'intéressais à l'aé- ronautique, l'astronomie, etc., m'ont demandé d'identifier ce qu'ils avaient observé. J'ai ana- lysé à fond leurs observations. P.M. Ces phénomènes étaient- ils, dans l'état actuel de nos connaissances, inexplicables? C.P. Parfaitement inexplica- bles. Nous avons à peu près en France 15 000 de ces témoi- gnages. Par exemple, une grosse masse qui se déplace contre le vent basse altitude, en mété- orologie, cela ne s'explique pas. Ce pourrait être un véhicule connu de l'aéronautique, mais si I'« objet» a une forme ou une trajectoire qu'on ne peut expli- quer par l'aéronautique, on ne sait quoi dire. Ou bien le témoin a inventé et c'est un mensonge, ou bien il a rêvé éveillé ou bien il s'agit d'un phénomène inconnu. P.M. Quelle est la seconde rai- son de votre intérêt pour les Ovni? C.P. En 1969, je travaillais sur le Skylab, avec les Américains. Nous poursuivions une expé- rience astronomique spatiale avec un laboratoire américain, à l'université de Chicago. Au cours de discussions amicales, nous avons parlé de ces phéno- mènes. On m'a proposé de ren- contrer J. Allen Hynek, qui, à l'époque, était professeur d'as- tronomie à l'université en ques- tion. Il m'a montré ses dossiers sur les Ovni: Us Air Force, dos- siers privés, etc. P.M. Combien de témoignages avait-il déjà recueillis ? C.P. Des milliers: des armoires et des armoires. J'ai trouvé en face de moi un astronome, un scientifique très compétent dans son domaine. Il m'a convaincu que certains de ces témoignages méritaient un regard de scienti- fique. De retour en France, je me suis intéressé à la question et j'ai demandé aux militaires et aux gendarmes s'ils avaient des témoignages. En 1954, l'armée de l'air avait reçu l'ordre de col- lecter les informations. Elle avait constitué un petit dossier, avec une soixantaine de cas. P.M. En 1958, l'armée de l'air a cessé de recueillir les témoi- gnages. Pourquoi ? C.P. Le phénomène n'intéres- L'armée de l'air française a fait les premières recherches 19 sait pas la Défense nationale, dans la mesure où il n'y avait pas d'agression d'ennemi. Les dos- siers n'étaient pas assez détaillés et les méthodes de recherche pas assez claires pour une étude ap- profondie. Les gendarmeries, de temps en temps, faisaient des en- quêtes; parce que des gens venaient apporter leurs observa- tions ou parce que des gen- darmes avaient eux-mêmes ob- servé des phénomènes. P.M. Que font les savants du Gepan à Toulouse ? C.P. Nous recueillons d'abord des témoignages sur les Ovni. Nous en avons des quantités im- pressionnantes. Depuis fin 1974, les brigades de gendarme- rie font systématiquement une enquête quand elles apprennent quelque chose sur une appari- tion d'Ovni; elles envoient des rapports en plusieurs exem- plaires, dont l'un m'est destiné. J'en ai donc reçu des milliers de- puis cette époque; les gen- darmes continuent de fouiller dans les archives pour retrouver des enquêtes antérieures. P.M. Avez-vous donné des consignes pour que les enquêtes de gendarmerie soient orientées d'une façon ou d'une autre? C.P. Pas du tout. Les gen- darmes sont des gens qui savent faire des enquêtes. Il n'y a rien à leur apprendre dans ce do- maine. Ils n'oublient rien. Ils po- sent des questions intelligentes. Ils téléphonent (suite p. 9) 4 En Provence, à Saint-Vallier-de-Thiez, un amateur astronome a pris en février 74 cette photo de 6 objets aériens oranges en mouvement. (suite de la p. 4) aux aéroports, pour avoir des informations complémentaires sur les vols d'avions, par exemple. Ils don- nent pratiquement 90 à 95 % des renseignements dont avons besoin. nous P.M. Est-ce que les gendarmes se préoccupent de savoir si les témoins sont des amateurs de science-fiction? S'ils croient aux Ovni? C.P. Ils posent la question, quel- quefois. Pas toujours. P.M. Existe-t-il un question- naire-type? C.P. Je n'ai pas voulu le faire. Je préfère laisser les témoins dé- crire aux gendarmes, très libre- ment, ce qu'ils pensent avoir vu. Nous agissons de même dans les enquêtes que nous menons di- rectement. Les gens nous racon- tent leur histoire. Ensuite, les psychologues les prennent un par un et posent des questions qui n'ont rien à voir avec les ob- servations, parce que les psy- chologues ont besoin de ces in- formations. On ne peut pas de- mander à des gendarmes qui ne sont pas des spécialistes de rem- plir un questionnaire de plu- sieurs centaines de pages... P.M. Actuellement, les témoi- gnages arrivent à peu près à quel rythme au Gepan? C.P. Très variable. Il y a des pé- riodes où l'on a une centaine d'observations dans le mois ; et d'autres où on n'a presque rien, une par mois. Nous en avons LES OVNI reçu à peu près 15 000 mais nous n'en avons pas traité 15 000; chaque rapport d'observation est examiné par des experts. Nous avons entre 40 et 50 per- sonnes d'une compétence scien- tifique ou technique qui leur permet d'expertiser tel type de phénomène. Ce sont des scienti- fiques de haut niveau: des psy- chologues, des astronomes, des spécialistes des ballons sondes, des météorologistes, des physi- ciens de l'atmosphère, etc. Tout ce qui peut se voir dans le ciel doit être expertisé. On prend les spécialistes qui correspondent à tout ce qui peut être vu. 90% d'entre eux n'avaient pas de connaissance de ces phéno- mènes. Ils ont été très surpris en lisant les rapports de gendarme- rie. Il n'y a pas, chez nous, de fa- natiques; ni pour ni contre. Nous avons d'autre part des ac- cords de coopération avec des spécialistes scientifiques appar- tenant à une douzaine d'orga- nismes différents. Nous avons aussi des conseillers qui, par leur spécialité, nous aident. Par exemple, des météorologistes. Dans certains cas, les Ovni peu- vent être des phénomènes mété- orologiques; nous avons quel- quefois besoin d'informations complémentaires sur des phéno- mènes météorologiques connus; ou sur les conditions météorologiques qui régnaient tel jour, à telle heure et à tel en- droit du pays. Parmi nos correspondants, il y a aussi l'armée qui a des radars. Lorsque nous avons des descrip- tions de phénomènes, nous de- mandons à l'armée de nous dire s'il y a eu des détections par ra- dar, à l'heure et au jour indi- qués. Il a fallu négocier. Officiel- lement, cela ne se fait pas par té- léphone, mais par lettre ; nous y avons consacré plusieurs mois. Nous avons commencé à tra- vailler en octobre. P.M. Quand vous avez étudié un cas, qu'est-ce que vous faites du dossier? C.P. Quand on pense qu'il s'agit d'un phénomène bien connu, on le classe dans la catégorie A. La rentrée d'un satellite, ou un bal- lon-sonde dont la description est suffisamment précise pour qu'on puisse dire : << C'est proba- blement un ballon-sonde » sont La plupart des témoignages sont collectés par les gendarmes classés dans la catégorie B, les << phénomènes probablement identifiés ». Parmi les phéno- mènes non identifiés par les ex- perts, il y a encore deux classes. Dans la catégorie C, on range ceux dont les rapports d'obser- vation sont imprécis, ou qu'on n'arrive pas à identifier parce que les témoins ne donnent pas assez d'éléments. C'est une sorte de poubelle. La catégorie D re- groupe les phénomènes non identifiés réels. Elle représente 20 à 25 % des 1 000 ou 1 500 dos- siers déjà expertisés. A l'heure actuelle, il ne semble pas qu'il y ait des critères pour rejeter tel type d'observation ou tel autre. Il faut commencer à expliquer l'ensemble du dossier, être sûr que nous avons affaire à un phénomène vraiment in- connu. Ce que nous avons fait pour l'instant, c'est regarder si ce que les gens avaient raconté dans leur rapport avait été vrai- ment observé. Maintenant, ce que nous atta- quons, c'est le degré réel d'étran- geté. Ce que les gens ont ob- servé, est-il vraiment hors de la connaissance scientifique ou pas? Ayant constaté dans les observations que nous classons dans les types A ou B que des gens de bonne foi se trompaient complètement dans le cas d'ob- servation de choses bien connues des experts (ballons- sondes, lune, planète, etc.), il faut se demander, (suite p. 12) Buon no do goodq asianliove ubnov i surov (otsid 39) 910 jul-sonsmobi all'op by bosid of qu auig steix ub egami 13 listsqge esup 1190 5b 191998 5100 ong lisasq Classique photo d'Ovni prise à Santa-Anna en Californie par un inspecteur des routes, Rex Heflin, le 3 août 1965. Une assiette lancée en l'air? 9