un de nos amis, philosophe, a coutume de répéter, à pro- pos des livres: Si je ne com- prends pas une page la pre- mière fois, c'est de ma faute; si je la lis une seconde fois, et ne ia comprends toujours pas, ou bien c'est de ma faute, ou bien c'est la faute de l'auteur; mais si je la lis une troisième fois, sans arriver encore à la comprendre, c'est bien la faute de l'auteur. Ce cri- tère nous semble assez raisonnable. L Au dela du Ciel n°40- fevrier 1961 SUR LES OBJETS QUE L'ON APERCOIT DANS LE CIEL Après avoir lu trois fois Sur les objets que l'on aperçoit dans le ciel », le livre de Karl Gustav Jung, nous devons re- marquer que plusieurs pages du psycho- logue suisse bien connu manquent de clarté ed dénotent une certaine ambigüi- té d'expression. Précisons tout d'abord que nous ne parlons pas des l'exposé des principes de la psychanalyse. Nous avions lu pré- cédemment d'autres oubrages de Jung et ces principes nous semblent assez clairs. Se qui nous paraît assez confus, ce sont les intentions de l'auteur, sa prise de po- sition en face du problèmes des soucou- pes volantes, et surtout ses conclusions personnelles. Par exemple, nous n'avons pas bien saisi si, d'après Jung, les UFOs ont une existence physique réelle. Dans son avant- propos, il affirme que la réalité physique des UFOs est une question fort problé- matique: Malgré l'abondant matériel re- cueilli, on n'a pu établir d'une manière certaine ni l'existence, ni l'inexistence de ces objets. Mais au dernier chapitre, L'UFO, considéré d'un point de vue non psychologique, Jung nous fait sa- voir qu'aucun doute n'est désormais plus permis quant à l'existence des objets my- stérieux. Ce n'est là qu'une des nombreuses contradictions que nous trouvons, au fil des chapitres, et souvent de période en période. Le lecteur le plus patient finit par être franchement irrité par cette ma- nière de raisonner, et la difficulté qu'il trouve à préciser l'opinion de l'auteur risque de lui rendre tout l'ouvrage parfai- tement incompréhensible, Mais son aspect le plus irritant est le suivant: on n'arrive pas à savoir si Jung étend son explication mythologique à la totalité des repérages, ou bien s'il borne son application à une partie de ces der- niers, ou bien encore si sa théorie ne concerne que les commentaires que ces repérages ne manquent jamais de susciter. Que le lecteur veuille donc nous excu- ser si, pour ne pas tomber dans une dé- plorable ignoratio elenchi, nous lui pré- sentons un exposé de la théorie de Jung suivant trois interprétations possibles. Voyons tout d'abord, dans ses grandes lignes, l'interprétation fondamentale que Jung donne des objets volants non iden- tifiés. Jung semble reconnaître que les UFOs ne sont pas des météores, ne sont pas des éblouissements produits par des étoi- les fixes, ni des reflets provoqués par C'EST LE TITRE DU DERNIER LIVRE DU PSYCHOLOGUE SUISSE l'inversion de la température, ni des con- figurations nuageuses, ni des oiseaux mi- grateurs, ni des ballons aérostats, ni des eclairs sphériques, ni, enfin, des délires nés de la fièvre ou de l'ivresse, ni des mensonges de témoins oculaires ». Qu'est-ce donc alors, pour notre illu- stre psychologue, qu'un UFO? L'UFO n'est qu'une vision, un mythe, l'extériorisation d'un archétype incons cient. Nous nous excusons encore avec le lec- teur, car il n'est pas facile d'expliquer en deux mots ce qu'est un archétype. S'il désire avoir une idée plus claire à ce sujet, il pourra consulter utilement les ouvrages précédents de Jung. Nous renvoyons donc le lecteur au Problème de l'inconscient dans la psychologie moderne, au Moi et l'Inconscient, et notamment pour ce qui est de la signification exacte du ter- me mythe, aux Prolégomènes à l'étude scientifique de la mythologie, que Jung écrivit en collaboration avec Karl Ké- rény. Essayons tout d'abord d'ébaucher une définition qui permette au moins au lec- teur de comprendre la signification du terme archétype, bien que d'une maniè- re approximative et sommaire. Un arché- type n'est qu'un contenu de l'inconscient collectif, c'est-à-dire de ce sédiment in- conscient commun à la totalité du genre humain. Il faut ici rappeler la différence prin- cipale entre la conception de Freud et celle de Jung, qui fut son élève. Pour le premier, l'inconscient est le réceptacle des parties de la personnalité qui pour- raient très bien être conscientes mais qui dans la réalité ne le sont pas, ayant été re- foulées par l'éducation. Jung, par contre, estime que l'inconscient, outre qu'il con- L'image projetée de l'« arché. type» apparaît comme un fait apparemment physique, indé- pendant de la psyché» indivi- duelle. En d'autres termes, nous ne voyons pas les soucoupes vo- lantes, mais nous les créons. KARL GUSTAV JUNG, DANS LEQUEL L'AUTEUR ETUDIE A FOND LE PHENOMENE DES « SOUCOUPES VOLANTES ». D'APRES LUI, LES OBJETS QUE L'ON APERÇOIT DANS LE CIEL» NE SERAIENT QUE DES CREATIONS DE NOTRE INCONSCIENT. tient des éléments personnels, en contient également d'impersonnels, c'est-à dire des éléments collectifs sous forme de caté- gories héréditaires, ou archétypes. Parmi les archétypes les plus faciles à comprendre, nous trouvons la Mère, le Père, l'Enfant, la Femme, la Naissance et la Mort. Il s'agit, répétons-le, de caté- gories à priori, et non pas de prédestina- tions individuelles. Ces images virtuelles ne prennent de contenu, n'exercent d'in- fluence et enfin n'affleurent au niveau de la conscience que lorsqu'elles ren- contrent des faits empiriques, qui affec- tent et traduisent dans la pratique la dis- position inconsciente. Considérons, par exemple, l'amour. Un homme devient amoureux d'une femme, ou d'un type particulier de femme, car celle-ci est plus susceptible que les au- tres d'accueillir la projection de l'ar- chétype qui, chez l'homme en question, tend à se manifester à la conscience. On pourrait expliquer ainsi le succès de cer- taines stars du cinéma auprès du public masculin et, inversement, le fanatisme morbide des fillettes de seize ans pour les chanteurs, les acteurs et les cham- DODO0OODO une fois réalisés à l'atten- Au dela du Ciel n°40- fevrier 1961 siers top secret conservés dans les ar- chives du Bluebook ne contiennent pas les prises de vue cinématographiques dont parle le commandant Donald Keyboe. Nous voulons bien considérer tout cela comme nul et non avenu: le cas Mantell, le cas Bormann, le cas Arnold. s'oppose à notre expérience. Par consé- quent, si en définitive Untel soutient avoir repéré un UFO, nous ne saurions le taxer à priori de visionnaire, car l'UFO ne se heurte ni à la logique, ni à l'ex- périence, la réalité de ces corps étant désormais un fait acquis empiriquement. Certes, un UFO n'est pas un chat, mais il n'est pas non plus un dinosaure! Nous voulons bien admettre qu'un cer- tain nombre de repérages ne sont, com- me l'affirme Jung, que la projection de l'archétype. Ce n'est pas à nous d'éta- blir la fréquence avec laquelle ces ma- nifestations de l'extériorisation peuvent se produire. Mais il n'en demeure pas moins que la contribution offerte par Jung à la solution du problème des UFOs est en quelque sorte négative, car sa théorie ne servirait à éclaircir que les cas qui ne prouvent absolument rien, c'est-à-dire les repérages éliminés après avoir été attribués à l'imprécision de té- moins ou à leurs hallucinations. pions du sport. Cependant, les expres- sions les plus caractéristiques de l'arché- type-femme nous viennent presque toutes de la littérature. Ceux qui ont lu la des- scription de la reine Antinéa dans le ro- man Atlantide de Pierre Benoît, et celle de la reine Ayesha dans les romans de Rider Haggard (1) se souviendront de la sensation de malaise et de trouble que ces personnages féminins lui ont causée. Les archétypes que nous venons de mentionner sont tous d'une projection facile. Mais il y en a quelques-uns dont la projection ne peut se produire que sous forme de symboles. C'est le cas de l'archétype totalité, ou, si vous pré- férenz, de l'Un-Tout, c'est-à-dire de Dieu, de l'Ame, de l'unification des contraires. Or, le symbole de la totalité est le Mandala (2), le cercle bien connu de ceux qui s'intéressent à la psychologie de l'inconscient et des moines bouddhis- tes, connu également sous la forme de ro- tondum des philosophes hermétiques et des alchimistes du Moyen-Age. Lorsque l'individu est psychiquement dissocié, c'est-à-dire lorsqu'une fracture s'est produite en lui entre l'attitude de la conscience et les contenus opposés de l'inconscient, l'archétype . totalité > ne peut plus être intégré directement. Qu'ad- vient-il alors? Laissons parler Jung. L'ar- chétype est contraint de se manifester in- directement sous forme de projections spontanée. L'image projetée apparaît alors comme un évènement apparemment physique, indépendant de la psyché in- dividuelle et de sa constitution. En d'au- tres termes: La totalité ronde du Man- dala devient un appareil interplanétaire guidé par des êtres intelligents ». En synthèse, les soucoupes volantes sont en nous, et non pas hors de nous. Pour étayer sa thèse, Jung écrit des pa- ges et des pages, afin de nous prouver que l'archétype, ne pouvant se manifes- ter librement dans les aspects rationnels du monde moderne, est obligé de s'expri- mer en images spontanées (hallucinations). La fracture entre l'homme et son milieu l'aspect problématique de notre situation morale, l'attente d'une amélioration de la condition humaine, la sensation d'in- certitude qui caractérise l'homme d'au- jourd'hui, incapable, à cause d'une tech- nique toujours plus envahissante, d'enta- mer un dialogue avec quelque chose qui lui soit supérieur, et qu'il désire quand même atteindre; tout cela a contribué à la formation d'un mythe, un mythe mo- derne (c'est le titre original du livre), qui, se présentant sous des apparences techniques, nous évite la honte d'une personnification transcendante. Telle est en substance la thèse de Jung, lequel déclare avoir écrit son livre parce qu'il a senti, en qualité de psychologue, non seulement le droit, mais également le devoir de donner sa contribution à la solution du mystérieux problème des sou- coupes volantes. Nous n'avons guère l'intention de re- nouveler à l'égard du psychologue zuri- chois l'accusation de mythologisme de parti pris qui lui a été adressée de plu- sieurs côtés. Nous avons trop d'estime pour Jung et ses ouvrages, que nous avons lus et commentés dans notre jeu- nesse avec le plus vif intérêt; nous conti- nuerons donc de considérer Jung comme un empirique, ainsi qu'il veut bien se définir lui-même, un empirique qui reste à l'intérieur des limites théoriques et gnoséologiques de sa méthode. Cependant, il y a quelque chose dans son hypothèse d'après laquelle les UFOs ne seraient que des visions, qui ne nous persuade pas. En effet, nous nous de- mandons tout d'abord: même en admet- tant avec Jung la possibilité d'un méca- nisme hallucinatoire, comme celui qu'il nous décrit, la théorie de l'extériorisation de l'archétype peut-elle à elle seule ex- pliquer la totalité des repérages? Il nous semble que non. Pour ce qui est du problème des UFOe les seules données dont nous disposons sont représentées par les témoignages. Des bouts de papier, d'ailleurs incomplets, du moment que nous n'avons pas fait partie des commissions d'enquête cons- tituées il y a quelques années dans tous les pays. Cependant, nous négligeons délibére- ment de considérer les nombreux rap- ports concernant la découverte d'ouates silicieuses dont la chute eu lieu à l'oc- casion du passage des UFOs; c'était donc quelque chose de matériel, qui fut étudié et analysé. Mais nous sommes également disposés à considérer toutes les photos des UFOs comme du vulgaire trucage, et nous admettons en outre que les dos- 488 Il reste cependant quelques témoigna- ges irréprochables, et ces témoignages sont nombreux. Or, lorsque plusieurs personnes, placées en des lieux différents, à la même heure, déclarent avoir aperçu quelque chose en un point exactement indiqué du ciel, pendant que l'opérateur radar, observant le blip sur le video, éva- lue l'altitude et la vitesse de déplacement de ce quelque chose en données très pro- ches des estimations effectuées par les témoins oculaires, cela signifie que nous nous trouvons en face de quelque chose qu'on ne saurait absolument pas expli- quer par la psychologie analytique. Dans ces cas, la thèse de l'hallucina- tion, bien qu'elle soit soutenue par un gros calibre comme Jung, s'effondre. Qui- conque a pu se documenter suffisam- ment sur le témoignage collectif dont nous parlons plus haut, ne peut se refu- ser d'admettre que des corps lumineux, d'une forme généralement sphérique ou lenticulaire, ont réellement sillonné le ciel. C'est là le point essentiel, la don- née réellement vérifiée, dont l'acquisition n'est certes pas de nature psychologique mais de nature empirique. L'essence véritable de ces corps lenti- culaires et lumineux est un problème au- quel la science n'as pas encore pu don- ner de solution. Mais la certitude étant désormais acquise de leur existence réel- le, voici que les rapports des différents témoins oculaires, qu'on a mis de côté Si notre ami Untel affime qu'il vient d'apercevoir un chat tra- verser une rue, nous n'avons au- cune raison de ne pas croire à ce qu'il nous dit... Mais si Untel affime qu'il a vu un dinosaure, nous n'hésiterions pas un seul instant à lui demander le nom- bre des bistrots qu'il a visités avant de faire cette rencontre insolite. après les avoir attribués à des hallucina- tions, retrouvent aussitôt la valeur pro- bante qu'on avait initialement refusé de leur attribuer. Généralement, lorsqu'il s'agit de juger de la validité d'un témoignage, on s'en remet, outre qu'au sérieux du témoin, également et surtout au contenu de ses affirmations. Si notre ami Untel soutient qu'il vient d'apercevoir un chat traverser la rue, nous n'avons aucune raison de ne pas croire ce qu'il nous dit. Si par contre il affirmait avoir vu passer un tigre, nous pourrions avoir quelques per- plexités; cependant, avant de le taxer de visionnaire, nous considérerions attenti- vement l'éventualitté qu'un fauve ait pu s'échapper du Zoo voisin ou d'un cirque installé dans les alentours. Mais si Untel affirme avoir vu passer un dinosaure, nous n'hésiterions pas un seul instant à lui demander le nombre de bistrots qu'il a visités avant de faire cette singulière rencontre. En substance, on ne peut parler avec certitude d'hallucinations que lorsque le contenu du témoignage contredit ou bien notre logique ou bien l'ensemble de nos connaissances naturelles et scientifiques, ou, en d'autres termes, si ce contenu Mais quelqu'un pourrait objecter: Jung se désintéresse de l'existence réelle ou de l'inexistence des UFOs, car il veut tout simplement examiner le problème du point de vue psychologique. Nous répondons: on ne saurait s'oc- cuper du problème des UFOs d'un point de vue psychologique si auparavant on ne l'a pas examiné du point de vue physi- que. Comment pouvons-nous ne pas tenir compte de la réalité physique de ces objets. si cette dernière peut invalider totalement ou en partie la thèse qui pré- tend expliquer le phénomène en question en l'attribuant à des hallucinations? Quelqu'un pourrait encore objecter: la théorie de Jung a surtout pour but d'é claircir les motifs psychologiques des ru- meurs qui courent sur les soucoupes vo- lantes, sur leurs hypothétiques habitants, tantôt vus comme des envahisseurs, tan- tôt comme des intelligences bienveillan- tes, qui nous surveillent du haut des cieux pour nous empêcher de déchaîner quelque désastreuse guerre nucléaire. Ici, le débat devient plus complexe. Il est vrai que Jung écrit des pages et des pages pour illustrer le mythe, outre que comme une véritable hallucination, éga- lement comme un état d'âme diffus, une orientation de masse ». En lisant de nombreux passages, on ne saisit pas très bien si Jung a l'intention d'intenter un procès à la science-fiction ou bien s'il considère vraiment certains circulent bruits, qui malheureusement dans quelques milieux populaires, comme blâmables. Mais voici un passage signi- ficatif: Nous sommes conscients de no- tre aspiration a contrôler l'espace, mais la tendance extra-terrestre correspondan- te n'est qu'une conjecture mythologique, c'est-à-dire une projection >. Précisons. Personne n'est en mesure d'établir avec certitude s'il existe sur d'autres mondes des formes de vie intelligentes, mais en soi et pour soi la chose apparaît comme probable. Dans ce cas la possibilité qu'au- raient des créatures extra-terrestres d'ef- fectuer des voyages interplanétaires ne saurait être exclue. Par conséquent nous ne comprenons pas pour quelle raison nous devrions considérer une telle éven- tualité comme une pure conjecture my- thologique. Il n'y a qu'une alternative: ou bien les UFOs sont un phénomène naturel que la science n'est pas encore parvenue à expliquer, ou bien ce sont des engins extra-terrestres. Nos tendances au mythe n'ont rien à voir là-dedans. Et la logique veut comme nous l'enseigne le bon Descartes que quiconque s'occupe sé- rieusement d'un problème suspende son jugement lorsqu'il manque d'éléments précis. Mais Jung, lui, voudrait que l'on renonce à priori à l'hypothèse de l'ori- gine interplanétaire des soucoupes volan- tes, car cette origine nous aurait été tout simplement suggérée par notre propre aspiration à conquérir l'espace. Une chose est certaine: une telle hy- pothèse n'aurait pu être formulée par des gens du moyen-âge. Ce qui jadis était interprété comme un signe apoca- lyptique est considéré à notre époque comme une machine. Ce ne sont pas les tendances à mythiser, mais les notions scientifiques de notre époque qui nous conseillent de ne point écarter une telle explication. En théorie, mille conjectures restent possibles. Mais il s'agit d'inductions qui n'ont pas été demontrées par la méthode de l'évidence, étant uniquement basées sur de simples hypothèses, sur un si initial. D'ordinaire nous ne nous attardons sur ce genre de divagations qu'après avoir formulé un certain nombre de jugements disjonctifs exprimés par des ou, des - ni», des soit.. Mais le goût des hypothèses peut allonger indéfiniment cette chaîne de jugements, et, bien en- tendu, plus cette chaîne est longue, moins le dernier maillon contient de vérité. A notre avis, on ne saurait parler de tendance à l'expression mythique que, le caractère hypothétique du si ini- tial ayant été oublié, lorsque l'on attri- bue aux conclusions une valeur psycho- logique. Dans ce cas on finit par tomber dans une déformation non seulement lo- gique, mais également psychologique. De telles déformations sont loin d'être 100 rares. Jung lui-même en commet une, assez évidente lorsque, ayant admis par hypothèse l'existence réelle des UFOs, il affirme cependant que des contenus de l'inconscient se sont projetés dans les inexplicables phénomènes célestes et leur ont ainsi fait attribuer une signification arbitraire. Ce genre d'affirmation, fran- chement péremptoire, voire dogmatique, tout en possédant une indéniable finesse du point de vue psychologique, est con- tradictoire et hasardée sur le plan logique. En conclusion, Des objets que l'on aperçoit dans le ciel demeure un ou- vrage de psychologie, intéressant certes, très riche en remarques et en suggestions, mais qui n'apporte pas la moindre con- tribution à la solution du problème. Quelques pages supplémentaires sur l'argument science-fiction > n'auraient pas déparé l'ensemble. Au contraire, c'est justement dans ce domaine, où l'imagi- nation s'épanouit libre de toutes entraves, que le mythe populaire peut être saisi dans ses aspects les plus convaincants et les plus suggestifs, bien plus que dans l'analyse des rêves et des images. La critique psychologique que Jung adresse à l'ouvrage d'Orfeo Angelucci (The Secret of the Saucers »), était peut-être superflue. Il n'est pas nécessai- re en effet d'avoir une intuition psycho- logique exceptionnelle pour découvrir à la base des récits d'Angelucci, d'Ada- mski e de Williamson ainsi que dans l'âme de tous ceux qui y croient une exigence religieuse qui, chassée par la porte, revient sous les oripeaux de l'ima- gination fantastique, par la fenêtre. LINO ALDANI (Dess. de M. Jacoponi) (1) Rider Haggard: « La Femme Eternelle >> - « Le retour d'Ayesha» Pierre Benoit de l'Acad. Fr.: «L'Atlantide ». (2) En sanscrit: cercle anneau.