VOILA EUROPE MAGAZINE REVUE HEBDOMADAIRE N° 508 SEMAINE DU 7 AU 13 NOVEMBRE 1954 AUX MARTIENS! 40 FR. LETTRE OUVERTE A NOS AMIS LES MARTIENS CHERS MARTIENS ET MARTIENNES. Je crois être le premier à vous écrire pour vous faire part des sen- timents qui animent les Terriens à votre égard. Il est bon que vous soyez informés. Ne voyez dans ma démarche que le souci de vous être agréable et mon désir très vif de dis- siper quelques malentendus. Notre admirable service des postes ayant froidement refusé d'acheminer dans Mars le pli recommandé (avec accusé de réception) que je destinais à nos amis martiens, force m'est d'en faire une « lettre ouverte », que voici... Bien que vous soyez certainement beaucoup plus évolués que nous, puisque vous nous battez nettement au poteau dans la compétition inter- planétaire, il est vraisemblable que vous n'avez pas encore une vue exacte ni complète de nos usages et nos manières. Je n'ignore pas, évidemment, que vous nous observez depuis un bon moment c'est en l'an 1461 de notre ère (vous savez évidemment com- ment nous calculons le temps) que vos manœuvres ont retenu notre at- tention pour la première fois, - vous en êtes-vous avisés à l'époque ? Ensuite, vous nous avez laissés tranquilles très longtemps, durant des siècles. Mais depuis peu vous revenez vraiment beaucoup à la charge, vous insistez, c'en est pres- que indiscret. Je vous le dis parce que c'est l'opinion générale chez nous et pour que vous sachiez bien rien de tout cela ne que échappe. nous nous De bons esprits se sont demandé pourquoi vous vous manifestez tant en ce moment, à l'instant précis où sommes presque capables de lancer, nous aussi, des soucoupes très volantes dans l'espace sidéral! Ne pouvant pas croire à cette coin- cidence, qui serait par trop extraor- dinaire, que votre monde et le nôtre en arriveraient presque ensemble au même point, alors que le cours des âges remonte sans doute à un mil- liard d'années (un peu plus, un peu moins, on n'est pas bien fixé). ces bons esprits ont conclu hâtivement que les soucoupes: ou bien pro- viennent de notre sol, d'une contrée qui aurait pris quelque avance sur les autres; ou bien ne sont qu'un produit de l'illusion collective qui verrait déjà la chose réalisée alors qu'elle n'est encore qu'à l'état de projet. En conséquence, ils excluent l'hypothèse que ces soucoupes PIERRE soient vôtres. Il va de soi que je ne suis pas de cet avis. Ces éternels sceptiques ont tout bonnement négligé le petit élé- ment que voici : c'est précisément parce que nous sommes à la veille de réaliser ladite soucoupe et que nous fabriquons déjà des engins qui peuvent, à bon droit, vous paraître de plus en plus inquiétants, que vous venez maintenant fréquemment aux nouvelles. Peut-être même vous de- mandez-vous s'il n'y a pas lieu de nous devancer en nous faisant, un de ces jours, officiellement visite, avant que nous ne soyons à même de nous rendre chez vous ? Tout cela est tellement naturel qu'il serait naïf d'y insister. Il va de soi qu'au moment où nous serons. prêts à vous envoyer nos soucoupes (que nous appelons fusées) nous n'allons pas débarquer chez vous tout à trac, sans prendre quelques précautions élémentaires, ne serait-ce que pour reconnaître le terrain. C'est l'évidence même. Si je le mentionne ici en guise de préambule, ce n'est pas que j'aie la prétention de vous apprendre quoi que ce soit dans un domaine où vous êtes certainement mieux informés que moi le domaine technique et tactique. Mais là où je puis peut- être vous être utile, c'est en vous révélant nos dispositions à votre égard, l'état d'esprit dans lequel vous nous trouverez. Parce que s'il est vrai que vous nous observez depuis longtemps, c'est d'assez haut et d'assez loin, il faut bien le dire, et pas du tout dans les détails ce que nous appelons le point de vue de Sirius, d'un mot qui doit bien vous faire rire. (Au fait. riez-vous parfois ? Mais c'est une question que je vous poserai plus loin. Chaque chose en son temps). Vous avez donc compris, je pense, chers Martiens et Martiennes, que mon propos en vous faisant tenir ce message n'est que de vous obliger et de vous être utile. Je vais m'y ef- forcer. Mon premier devoir est certaine- ment de vous dire que, quelles que soient vos intentions, de l'excellence PAR A droite Etrange coincidence, vous vous manifestez à l'instant pré- cis où nous sommes presque capa- bles de lancer, nous aussi, des véhi cules inter-sidéraux ! » FONTAINE desquelles je ne doute pas pour ma part, les Terriens vous accueilleront très mal. Etant d'un naturel pacifi- que, j'aurais personnellement grand plaisir à faire votre connaissance. Mais, dans leur ensemble, les hom- mes sont extrêmement bizarres, bien plus que vous ne pourriez l'imagi- ner. Ils ont des réactions et des mou- vements parfois si inattendus qu'ils ne parviennent souvent pas à se comprendre et se supporter entre eux. Font-ils un geste, disent-ils un mot, les voilà prompts à se suspec- ter mutuellement, à se défier, même à se battre. Pour tout dire. en dépit de nos villes harmonieuses, des maisons confortables, des jolies fleurs de nos jardins, des campagnes opulentes et de l'enchevêtrement cocasse des montagnes et des mers, des déserts et forêts, tout cela que vous avez vu de haut, qui parait être si ordonné dans son désordre aimable où alter- nent les saisons comme le jour et la nuit, le bien et le mal, ceux qui jouis- sent et ceux qui peinent, les bien- portants et les malades, les gras et les maigres, les riches et les pauvres, les blancs et les noirs, eh bien! en dépit de tout cela (qui témoigne, c'est visible, d'un si bel équilibre, évidemment voulu et concerté, où une chose compense l'autre) le cli- mat est mauvais. Je ne parle évidemment pas du climat climat»ni de la pression atmosphérique que vous avez cer- tainement mesurée déjà, ni des mi- crobes contre lesquels vous ne sau- rlez vous défendre, n'étant pas pré- munis (nous, les maladies ne nous affectent pas beaucoup parce qu'on les a toutes, et celles qu'on n'est pas sûr d'avoir on se les inocule, - on appelle ça des vaccins), non, je parle de l'esprit qui souffle ici. Mauvais esprit pour qui n'est pas prévenu. C'est ce mauvais esprit qui pous- se les forts à n'être pas contents du travail des faibles, et qui pousse les faibles à se rebeller contre ce qu'ils appellent leur condition ou leur ser- vitude. C'est ce mauvais esprit qui dresse l'homme contre l'homme. J'ignore si. chez vous, les Martiens en viennent parfois à se battre entre eux. Cela me paraît peu vraisembla- ble parce qu'il faut être resté bien arriéré, bien primaire et sauvage pour n'avoir pas compris que le mieux est de s'entendre et de s'en- traider si l'on veut vivre heureux, et de ne pas se faire la guerre si l'on veut vivre en paix. 4 « Nous avons la manie d'élever patiemment des villes et des monuments qui nous coûtent beaucoup de peine et d'argent, puis de les détruire (ce qui nous coûte tout autant de peine et d'argent...). >> Cette paix, si l'on s'en tient à ce que les hommes se disent entre eux, serait leur plus grand bonheur, leur idéal suprême. Mais vienne la plus futile des occasions de se battre, ils courent tous aux armes et se livrent à de bien tristes exploits. Ils ne s'ar- rêtent que pour compter les morts, quand un camp demande grâce, mais des deux côtés les villes sont en ruines, et il arrive que le vainqueur soit plus mal en point que le vaincu. Qu'à cela ne tienne : on souffle un peu, on recommence, changeant par- fois d'alliés ou d'adversaires si la partie s'annonce plus belle ainsi. Naturellement, ça fait marcher le commerce : les armements et la char- pie, la gniole et le plasma sanguin, les pierres tombales et la bâtisse. La cotonnade aussi; je ne sais pas si cela existe chez vous, mais, chez nous, les drapeaux du dimanche sont de rigueur après chaque guerre. Je ne crois certes pas que nos bal- les de revolver ou de fusil qu'on a coutume d'employer ici pour se trouer la peau (il s'agit de petits cônes de métal) puissent vous faire grand mal. Mais il est probable que si ce mode d'accueil venait à se gé- néraliser. cela finirait par vous Tout cela pour vous dire que le agacer. Peut-être seriez-vous tentés Terrien est plutôt du genre belli- de riposter à votre manière (dont queux et que, puisqu'il traite si mal son semblable, il est fort à craindre. qu'il se comporte plus mal encore avec des êtres qu'il ne connaît pas et qu'il redoute à un point dont vous n'avez aucune idée. Ceci, vous l'ignorez sans doute on a fait de vous, chers Martiens, des portraits si étranges et si effrayants qu'une réelle terreur s'est emparée de beau- coup de gens; un de nos hommes a déjà failli être tué parce qu'on l'avait pris pour un des vôtres, l'idée lui étant venue de réparer son auto au bord d'un camp et en pleine nuit, à la lueur d'une torche. nous ignorons tout) et ainsi la guer- re des mondes pourrait être déclen- chée sur un simple malentendu. C'est souvent comme cela, d'ail- leurs, que les guerres commencent ; mais je viens de vous dire comment elles finissent, ce n'est pas réjouis- sant. C'est pour cela que je vous prie d'éviter, si possible, tous ces bouleversements en restant sagement chez vous. Chacun chez soi c'est encore le meilleur moyen d'éviter les ennuis. Vous direz que c'est un principe que nous n'appliquons pas nous-mêmes puisque nous nous querellons sou- vent. C'est juste, et ce n'est pas le plus beau de notre histoire. Mais ne croyez pas, pour autant, qu'il vous sera aisé de mettre tout le monde d'accord. Certes, si vous venez nous envahir, vous réaliserez, du fait de « Ces espaces que nous appelons « déserts vous semblent sans doute pro- pices à un aterrissage sans encombre? Ne vous avisez pas de vous y instal- ler de vigilantes patrouilles essayeraient aussitôt de vous en déloger! » votre seule présence, un prodige ja- mais vu c'est que les Terriens se- ront enfin unis, mais ce sera contre vous. Ils ne se battront plus entre eux, soit, mais ils n'auront fait que changer de cible. Où sera le profit? Bien sûr, je suis certain que vos intentions sont des meilleures. Mais vous allez vous heurter à des tas de conventions et de préjugés qui sont les nôtres, et que vous ignorez sans doute. Sachez, par exemple, que notre terre n'est pas à tout le monde. A voir d'immenses terrains en friche, beaucoup de vallées inhabitées, des espaces vides un peu partout, vous imaginez peut-être que le passant ou le nomade ou l'inconnu du ciel peut fort bien s'y installer et y fixer son habitat? Je me dois de vous mettre en garde ne vous avisez pas de venir occuper quelque lieu que ce soit sans avoir pris mille précau- ges, les villes étant divisées en com munes, les communes en rues, les rues en maisons les maisons en ap- partements, les appartements en chambres où chacun à plus ou moins sa niche et sa petite idée sur tout et sur tous) le seul fait, vous disais-je, de ne pas parler la langue usitée là où vous vous trouvez est presque toujours mal vu et vous fait tenir pour suspect à la moindre alerte. tions d'usage; on vous accuserait de dérober la terre qui n'est pas à vous, vous auriez vite des ennuis. Je dois vous dire un mot des lan- gues parce que je crains que vous n'en ayez aucune idée. Je suppose que dans Mars on parle le martien, partout le martien. Chez nous, ce n'est pas la même chose. En prin- cipe, chaque pays a sa langue pro- pre (ce qui n'est pas fait pour fa- iliter les rapports internationaux), mais il existe même des pays, vous ne le croiriez pas, où l'on parle des langues différentes selon que l'on appartient à tel agglomérat ou à tel « Voici comment nous, Terriens, espérons que sont faites vos compagnes, les Martiennes. >> Nous sommes très susceptibles aussi. Pour un oui, pour un non, (pour un non surtout), on vous fe- rait un mauvais parti. D'être habillé autrement que les autres, ou pas ha- billé du tout, on est très vite en but- te à l'hostilité générale. Le seul fait, notamment, de ne pas parler la lan- gue du pays (la Terre est divisée en pays, les pays en provinces, les pro- vinces en secteurs qui ont des noms divers, avec des villes et des viila- autre, où l'on est allé jusqu'à inven- ter des minorités linguistiques avec lesquelles les majorités sont tenues de compter. Bref, rien que sous ce rapport, vous ne parviendriez jamais à nous comprendre, d'autant que les petits assemblages de gens qui parlent réellement la même langue ne parviennent déjà pas à s'enten- dre entre eux ! Notez qu'on est souvent plein de bonne volonté, mais cela ne suffit pas. Un bo londonien vient d'avoir l'idée d'écrire sur sa vitrine que dans son magasin on parlait martien. Pour s'attirer votre clien- tèle, évidemment. Mais il l'écrit en anglais (c'est une langue fort ré- pandue sur notre globe) et ça donne ceci: < Martian spoken», qui est ridicule et qui démontre qu'en fait il ne connaît pas le martien, comme vous, sans doute, ne connaissez pas l'anglais. Vous voyez quels ennuis vous attendent ! Soit dit en passant, ma lettre que voici est rédigée en français (du moins, je m'y efforce). Je me doute qu'au premier instant les caractères qui la composent vont vous intri- guer, mais vous avez certainement un bureau du chiffre ou quelque chose d'approchant qui se fera un jeu de débrouiller ces cryptogram- mes. Tout cela pour vous dire que la Terre qui vous paraît sans doute aimable, en raison de quelques ap- parences, n'est pas aussi facile à vi- vre que vous pourriez le croire. Aux hommes eux-mêmes il a fallu long- temps pour s'organiser tant soit peu. et ils sont encore loin de compte puisque le désordre et le déséquilibre subsistent en maints endroits. Ne vous flattez pas de votre ex- périence ni ne croyez que vous allez tout arranger par vos lois et vos modes. Cela ferait une sérieuse révo- lution. On a déjà tâté, vous savez, des révolutions, et on a constaté sou- vent que les choses n'allaient pas beaucoup mieux après, qu'au con- traire elles allaient plus mal. généralement Il y a aussi que nous sommes déjà très nombreux chez nous, en dépit des apparences: près de trois milliards d'individus (combien dans Mars?) et cela ne fait qu'augmen- ter. Ne venez pas, s'il vous plait, nous disputer notre espace vital. Déjà, vous rendez fous la moitié des humains par quelques cabrioles dans notre ciel : si vous veniez en nom- bre, c'en serait fini de notre paix déjà si relative. Mais s'il m'est donné le bonheur que cette lettre vous touche, et si vous daignez y répondre, nous au- rons certainement beaucoup de cho- ses à nous dire et peut-être à nous apprendre. Ce sera profit pour les uns comme pour les autres. Pour moi, si je puis vous poser quelques questions, les voici : - Quelle idée avez-vous de la vie et de la mort? Seriez-vous, par ha- sard, immortels? Ou combien de temps vivez-vous ? - Travaillez-vous parfois (ce que nous appelons travailler >, si né- cessaire je vous expliquerai) ? - Avez-vous des plaisirs, les- quels? Connaissez-vous le cinéma, la radio, la tévé? Pratiquez-vous le football? Fumez-vous? Buvez-vous ? - Avez-vous la science infuse, ou devez-vous aller à l'école comme nous ? - Y a-t-il chez vous comme ici des hommes, des femmes et des en- fants? Si oui, comment sont vos femmes, les Martiennes? Expliquez- moi un peu comment elles sont fai- tes. Car ce sont là quelques-uns des problèmes qui agitent beaucoup les Terriens. Il me parait vraiment uti- le que nous en sachions davantage sur tout cela avant d'entrer en rela- tions plus suivies. S'il vous plait, ne voyez pas dans tout ceci une indiscrétion trop vive. Ce que je vous propose, c'est sim- plement de tâcher d'y voir clair. Echanger nos secrets. SUITE A HUITAINE Je vous dirai la semaine prochaine si les Martiens m'ont répondu ou non... SOUPE AUX CANARDS JOURNAL D'UN LECTEUR DE JOURNAUX LOUIS « Le mystère des soucoupes est résolu» nous annonçait ici même. un de mes bons collègues, en un t tre dont la claire assurance ne trop- vait malheureusement pas sa pareille dans le corps de l'article et Ténon- cé des motifs. Remarquez que, pour ma part, je crois également ce mys- tère résolu mais uniquement dans le sens où l'on dit: Poser la ques- tion, c'est la résoudre. » Ne voulant désobliger personne. PAR VARENNE je n'insisteral pas sur cet aspect des choses et me bornerai à constater que Martiens et Venusiens avant même d'avoir pris moindre consis- les de rédaction. L'autre jour, c'était un hebdomadaire français d'esprit plunde austère, qui ralliait avec bruit le parti des cette incroya- ble calemberedaine diffusée par JA F. P. : Tinterview du professeur Oberth, n'était nullement exclu. Que dit le professeur Oberth? Que les soucoupes volantes sont pi- lotées par des plantes douées de raison », les Uranides, végétaux de génie dont les fruits, parvenus à maturité, se détachent, se meuvent comme des êtres autonomes et mal- trisent des machines dont nous n'avons même pas encore assimilé les principes Cela me rappelle un film terrifico- drolatique qui s'appelait La Chose et nous montrait un Martien dont les caractères biologiques étaient à peu près ceux d'une carotte intelligente et buveuse de sang, Le debut ne manquait pas d'une sinistre vraisem- fance nous apparaissaient comme des plantes en pot, nourries de plas- ma, et déja palpitantes d'une vie carassière. Puis-manque d'audace ou im- possibilité technique - le film tour- mait court. La carotte adulte n'était plus qu'un individu d'apparence bu maine, une sorte de Frankenstein mal embouché. Et que voulez-vous? Il était bien difficile de nous mon- trer en action des rutabagas pugilis tes ou des gousses d'all meurtrières. Ainsi le fantastique, malgré un bon départ, retombait-il dans les banali- tés de l'anthropomorphisme et de Tarchi-connu. Le professeur Oberth manque également d'imagination. Son Ure- ridus Sapiens présenté comme on le gume mathématicien sa planète- potager congue comme un cauche- mar de jardinier, tout cela fait un bon début. Mais pourquoi s'arrêter es chemin, lier ces légumes-je-szis tomber dans les vieilles omières de la locomotion interstellaire. avec changements de vitesse, embouteil- lages et priorité de droite? Pourquoi pas des feux follets, des êtres ga- seux, des ondes musicales, des cou- rants d'air ? Que diable! Ne soyons Routinier, le Herr Doktor Test certainement. Fatigué d'inventer. Il copie. Lui demande-t-on pourquoi ses citrouilles volantes ou ses hari- cots supersoniques se gardent de frayer avec les humains, il répond: microbes! Car il ne croit pas aux atterrissages des soucoupes. Pas si bête! Isait fort bien que, faute d'immunité, nos vinus seraient mor- tels pour les Uranides. Bénies soient donc nos bactéries! Merci, 6 mon Dien de nous avoir donné le rhume et la varicelle, ces armes secrètes de la guerre des mondes. Malheureusement tout cela est deja du réchauffé parce que Wells. dans La guerre des mondes précisé- ment, en a tiré toutes les ressources romanesques. Et puis une question me tracasse: si vraiment les Urani- des n'ont jamais frayé avec les ho- mains, s'ils se tiennent à prudente distance des bacillles et des éternue- ments d'où le professeur Oberth tre-t-il son savoir? Est-ce en songe qu'il a vu des plantations de navets philosophes ou de bégonias méca- niciens? Entend-il des voix célestes On se paie-t-il pince sans rire, la site du lecteur qui marche à tous les coups Topte pour le roublard, car il a trouve Timecusable argument, celui auquel nul contradicteur n'aura ja- < Bucure science, si exacte soit-elle n'est en mesure de dementir ma théorie selon laquelle les Uranides sont des plantes avec des capacités humaines > France Dimanche LE GRAND JOURNAL ILLUSTRE DE LA SEMAINE VOICI A LA 1 PHOTO selon les Anglais D'UN "MARTIEN" descendu d'une soucoupe volante La soucoupe de Valence a laissé des traces (dans le mais) 2 et 3 Sans se connaître, ils ont vu le même engin à 400 km. de distance Le maire a vu un cigar ee 99 le boucher un cylindre... Corple radiogra 6 le cultivateur Tandis que l'hebdo < France-Dimanche > recueille avec le plus grand sérieux les témoignages et les rapports les plus extravagants... On ne peut que s'incliner. C'est vrai. Tâchez donc de prouver que le général de Gaulle n'est pas Jeanne d'Arc, ou que les terres inconnues de Nouvelle-Guinée ne sont pas peu- plées de loups-garous... Le professeur Oberth me rappelle un autre savant, à peine plus carica- tural, qui intervenait dans un char- mant roman de science-fiction et qui proférait, irréfutable : << Dans la ceinture d'astéroïdes qui gravitent entre Mars et Jupiter il existe un corps sphérique, entièrement rempli de crème au chocolat. Cette affirma- tion doit être considérée comme vraie puisque l'inexistence de ce corps ne peut être scientifiquement établie. > CAROLINE A LES PIEDS PAR TERRE Au point où en est arrivée la grande presse, on ne sera pas surpris d'apprendre que Samedi-Soir de- vient un des derniers refuges du sé- rieux. On sait comment deux de ses reporters, déguisés en scaphandriers, munis de lampes de poche et de fu- sées d'artifice, ont joué les Martiens dans la région de Cahors puis, le lendemain, sont allés enquêter sur leurs propres exploits. Le résultat dépasse toute attente. La Dépêche du Midi, journal peu folâtre, présentait le lendemain « un ensemble troublant de témoignages précis dont les auteurs ne sont pas des rêveurs, des faits dépouillés de tout apport imaginatif... > un bocal Et comment le quotidien toulou- sain ne se fût-il pas laissé convain- vre, par la persuasion de braves gens qui, aux mystificateurs eux- mêmes, décrivaient l'horrible aspect des envahisseurs nocturnes, la mal- faisance de leurs rayons X ou Y, la traînée d'étincelles que laissait leur soucoupe en gagnant le firmament? non, La masse des témoignages suffit- elle à rendre probant ce qui, isolé- ment, eût été mis au compte d'une hallucination ? Evidemment comme le montre dans Arts Jacques Laurent, ce plaisant touche-à-tout qui, s'essayant à tous les genres et disposant, pour se faire, de multiples identités, prend son pseudonyme d'historien (Albéric Varenne) pour évoquer la grande peur de juillet 1789. LES MARTIENS de Cahors Montauban Toulouse Les secrets des Miss" die is nie die pe foca C'ÉTAIT NOUS SNYSTASE SANS LA CHIKE ELLE Je reciens de Pékin... L'ahurissante aventure de la "belle Camille" A ce moment, le tocsin sonnait dans toute la province, et jusqu'à Paris où régna la panique pendant bandits. AMEDI SOIR ACTIELLEMENT Lorele Comille Plage de Br Memet todel Paris-presse l'intransigeant vous propose: TROIS VOYAGES DANS L'INCONNU PROCHAIXEMENZ EN VOTAGE BARS L'INVIER Lex 1.5 hommes qui approchent le recret de monde HIND T UNYOYACE PACE LE PALEE L'histoire de Paris THE MORE CASTRAT ALAM des semaines (cette panique qui rè- gne dans certaines régions du Nord, aux dires du correspondant lillois de l'A. F. P.). Ce qui provoquait cette alarme, c'était l'approche de bandes de malandrins qui pillaient tout sur leur passage et qu'avaient vus de nombreux témoins dignes de foi. DE GAULLE DEVANT L'HISTOIRE > Cette grande fièvre, née du désar- roi, de l'insécurité et des rouges re- flets de l'imagination, retomba com- me elle était née. Ainsi les soucou- pes, quelque jour, se dilueront-elles au détour du nuage qui les a fait naître. Mais qu'il faille l'auteur de Caroline Chérie pour rappeler au commun ses compatriotes sens échauffés, avouez que c'est inatten- du, et un peu humiliant. LA FAYETTE, NOUS VOICI! La France étant, pour l'instant, le lieu de rassemblement privilégié des Martiens et la gare de triage de leurs caravanes astronautiques, l'étranger s'en divertit aux dépens d'un pays qu'on croyait plus carté- sien. Time, entre autres, a consacré une page acidulée à cette éruption de maboulisme. C'est, à vrai dire, oublier un peu vite que l'Amérique tout entière prit le mors aux dents lorsque Orson Welles diffusa son fameux jeu radio- phonique, et que le ciel d'Amérique a eu sa juste part de touristes du Cosmos. Aussi un hebdomadaire français renvoie-t-il la balle ou plutôt la soucoupe aux magazines améri- cains en citant les révélations les plus gratinées parues, aux dernières nouvelles, dans la presse populaire d'outre-Atlantique. Un premier témoin digne de foi, par définition - a voyagé dans une soucoupe. Il parle donc en connais- sance de cause. Eh bien! ces véhi- cules viennent de Clarion, une pla- nète inconnue qui nous est malheu- reusement cachée par « les réflexions de la Lune dans l'atmosphère. >> Les équipages sont constitués par des femmes naines mais très belles qui, détail curieux, s'expriment en hexamètres latins. Le témoin leur a longuement parlé et, de ces entre- tiens, il ressort que le développement de l'athéïsme sur la Terre est le grand souci, non seulement des habi- tants de Clarion (faut-il dire clarion- neurs ?) mais encore de leurs amis et voisins, Martiens et Lunaires (ou Lunatiques). Détail de culture générale : d'après ces données hautement scien- tifiques, la Lune a une atmosphère et des grandes villes. Et pourquoi pas, puisque le papier supporte tout ? Second témoignage, très différent : les soucoupes, qui sont pilotées par des monstres multipattes, ont com- mencé la destruction du genre hu- main. Neuf avions américains et un navire marchand hollandais sont déjà tombés sous les coups des agresseurs, auxquels on doit égale- ment la destruction des Comet. Me voici donc assez perplexe. Si. d'aventure, j'aperçois une soucoupe, dois-je me mettre à genoux et de- mander la bénédiction latine de ses belles et pieuses passagères, ou bien, sans autre protocole, tirer un coup de carabine sur les dangereux mille- pattes? A moins qu'il ne s'agisse, décidément, de végétaux volants. Et même dans ce cas, quel ne serait pas mon embarras, entre le sécateur et l'arrosoir? Les soucoupes vont-elles affoler les foules de 1954 tout comme les « brigands » de 1789 ?..