(TREZOATED 029)
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LIENS
CAHIER MENSUEL DES LETTRES ET DES ARTS
No 46 FR. 15
1 MAI 1951
MONDES EN COLLISION
par Immanuel Velikovsky
L'UN des résultats les plus saisis-
centes, la Terre s'est arrêtée dans sa
rotation quotidienne. Il est exact
que, pendant pas d'un jour, le soleil
a brille sur Josué et ses troupes >>
sants des recherches scientifi-
ques modernes est la réhabilitation
des Livres Saints dans leur interpré-
tation littérale. La légende accède
soudain à la dignité de l'Histoire et
le fantastique le plus incroyable
saute de la mythologie dans la réa-
lité vécue. S'il est dans la Bible un
récit fantastique, c'est bien celui
qui rapporte que Josué arrêta le
soleil pendant toute une journée afin
de pouvoir achever la déroute de ses
ennemis. Doit-on prendre ce récit
dans un sens symbolique, ou bien
simplement comme une « belle his-
toire », un mensonge pieux destiné
à édifier les croyants?
Le docteur Immanuel Velikovsky
n'est pas un romancier d'imagina-
tion. Il a étudié l'histoire naturelle
à l'Université d'Edimbourg, l'histoi-
re, le droit et la médecine à Mos-
cou. la biologie à Berlin, la physio-
logie du cerveau à Zurich, la psy-
chanalyse à Vienne. L'auteur de
« Mondes en collision », qui est
d'origine russe, s'est installé en 1939
aux Etats-Unis et commença alors
d'écrire son livre dont la gestation
a duré dix ans.
«Il faut le prendre au pied de la
lettre », répond le docteur Velikovs-
ky dans « Mondes en collision ».
S'inscrivant en faux contre cinquante
ans de scepticisme rationaliste, l'au-
teur affirme: « La Bible a dit vrai :
au cours des époques historiques ré-
Dix ans de recherches dans la
mythologie, l'histoire et la littéra-
ture connues de tous les peuples.
Dix ans de confrontation des faits
recueillis. Dix ans de consultations
de savants et de spécialistes dans le
monde entier.
l'issue de ces travaux immen-
Suite p. 2
LA TERRE S'EST-ELLE A
(Suite de la re page.)
ses, le docteur Velikovsky a recon-
nu que le long chemin de la science
rencontrait inévitablement celui de
la légende biblique et qu'il se con-
fondait avec lui dans les plus in-
croyables précisions.
Le docteur Velikovsky s'appuie
sur des récits autres que ceux de
la Bible pour affirmer que le Soleil
s'est vraiment arrêté et qu'il ne
s'agit pas d'une fable. Il déclare, à
propos des témoignages historiques
sur cet arrêt du Soleil : << En tenant
compte de la différence de longitu-
de, ce phénomène a dû se produire
à l'aube dans un hémisphère et au
crépuscule dans l'autre. Nous pou-
vons suivre une piste autour de la
Terre et nous renseigner sur les
différentes traditions ayant trait à
la prolongation du jour et de la nuit,
le Soleil et la Lune étant absents
ou retardés en différents points le
long du zodiaque. » Les notes du
docteur Velikovsky fourmillent de
preuves à l'appui tirées des papyrus
égyptiens, des tablettes astronomi-
ques babyloniennes, des calendriers
mayas et aztèques, des légendes de
l'Arabie, de l'Inde, de l'Amérique
du Nord, de la Chine et du Tibet.
Et, bien entendu, aussi, de la Bible.
« Le Règne des Ténèbres »
Le phénomène n'a donc pas eu
un caractère local. Il s'est produit
sur toute la Terre jour prolongé
d'un côté, ténèbres de l'autre.
Il s'est produit au moins deux
fois. La première au temps de l'Exo-
de du peuple juif, vers 1500 avant
Jésus-Christ; la seconde, cinquan-
te-deux ans plus tard, au temps de
Josué.
Des inscriptions égyptiennes, dé-
couvertes à El Arish, racontent le
premier cataclysme en ces termes :
« Il y eut un grand bouleverse-
ment au palais... Personne ne put le
quitter pendant neuf jours, au cours
desquels une tempête d'une violen-
ce inouïe empêcha les hommes et
les dieux (la famille royale) de dis-
tinguer les visages de ceux qui se
trouvaient à leurs côtés. >>
De tous les phénomènes décrits
dans la Bible sous le nom
de
<< Plaies d'Égypte », le plus curieux
est celui désigné sous le terme de
« Règne des Tènébres ». L'obscuri-
té, rapporte la Bible, régna pendant
sept jours. Les sources rabbiniques
disent que pendant trois jours il
régna une obscurité absolue, et pen-
dant quatre jours une demi-obscu-
rité. Les textes égyptiens font abon-
LE DE TOURNER?
sont assoiffés. Qu'allons-nous faire ?
Tout est ruine. »
damment allusion à ces ténèbres
prolongées.
Alors que dans l'épisode de Josué,
le jour s'était prolongé, dans le ré-
cit de l'Exode c'est la nuit qui s'est
allongée. Dans les deux cas il ne
s'agit évidemment pas d'un arrêt
réel du Soleil, mais plus exactement
d'une suspension de la rotation de
la Terre.
Pour expliquer ce phénomène
(dont il se refuse à contester l'au-
thenticité), le docteur Velikovsky se
base sur l'hypothèse suivante : une
comète a frôlé la Terre et ralenti sa
rotation au point de donner l'illu-
sion que le Soleil ne bougeait pas à
l'horizon, ou avait disparu du ciel.
Cette comète serait passée deux fois
à proximité de la Terre, à un inter-
valle de cinquante-deux ans.
Velikovsky apporte d'autres preu-
ves historiques à l'appui de sa théo-
rie.
Si une comète s'est réellement
approchée assez près de la Terre
pour perturber sa rotation, certains
phénomènes physiques ont nécessai-
rement dû se produire.
On retrouve dans la Bible, avec
une précision extraordinaire, la des-
cription de ces phénomènes.
Si, par exemple, la tête d'une
comète approche de la Terre, une
pluie de météorites doit se déclen-
cher.
<< Le Seigneur a jeté de grosses
pierres du ciel », lit-on dans le livre
de Josué quelques lignes avant le
récit de l' « arrêt du Soleil ». La
Bible est plus fertile encore en dé-
tails sur la première apparition de
la comète, cinquante-deux ans au-
paravant, alors que le peuple juif
était captif des Pharaons, en Égypte.
Les « Plaies d'Égypte »
L'une des << Plaies d'Égypte », que
la Bible rapporte avoir été infligées
alors par Jehovah pour contraindre
le Pharaon à libérer les Juifs, se se-
rait manifestée par une « averse de
sang». Le monde était devenu rou-
ge. Cette pluie de particules de
pigments rougeâtres devait en effet
se produire, écrit Velikovsky, lors-
que la comète a frôlé la Terre de
sa queue gazeuse. L'eau des lacs,
des rivières et des mers s'est colorée
en rouge. Le phénomène est décrit
non seulement dans la Bible, mais
dans les manuscrits mexicains et les
papyrus égyptiens.
Le livre de l'Exode dit : « Toute
l'eau de la rivière s'est changée en
sang. »
Les papyrus égyptiens : « La ri-
vière est faite de sang... les hommes
hésitent à boire, les êtres humains
Dans maints récits d'autres ré-
gions très éloignées de l'Égypte, il
est fait mention de cette poussière
effrayante qui polluait les eaux et
rongeait la peau, provoquant les ma-
ladies et la mort. La Bible mention-
ne, comme on l'a vu, une autre
<<< Plaie » significative : « Le Règne
des Ténèbres », qui dura sept jours
et qui fut accompagné de boulever-
sements violents. De nombreuses lé-
gendes mentionnent des tremble-
ments de terre et des pluies de
pierres.
La comète approchait alors suffi-
samment de la Terre pour interrom-
pre sa rotation pendant plusieurs
jours. Le souvenir de ces effrayantes
ténèbres se retrouve dans l'histoire
ancienne de Finlande, du Pérou, de
Babylone, chez les Indiens et, en gé-
néral, chez tous les peuples du
monde.
L'approche de la comète dut avoir
aussi un effet sur les marées. La Bi-
ble confirme cette hypothèse. Le
vieux Pharaon, terrorisé, avait con-
senti à laisser partir le peuple juif
sous la direction de Moïse. Le livre
de l'Exode rapporte l'extraordinai-
re passage de la mer Rouge à pied
sec :
<< Et l'Ange de Dieu (c'est-à-dire
la comète) qui se rendit devant le
camp d'Israël s'en alla et les suivit ;
et la colonne de nuages s'effaça de-
vant eux et demeura derrière eux...
et c'était un nuage et des ténèbres,
mais il donnait de la lumière, la
nuit... Et les enfants d'Israël parcou-
rurent le milieu de la mer à pied sec,
les eaux formant un mur de chaque
côté. Et les Égyptiens les poursui-
virent... Et il arriva ceci que, le ma-
tin, le Seigneur découvrit l'armée
des Égyptiens à travers la colonne de
feu et de nuages... Et les eaux se re-
fermèrent et couvrirent les chariots
et les cavaliers et toute l'armée du
Pharaon lancée à leur poursuite ; ils
furent tous anéantis jusqu'au der-
nier. »>
Un formidable raz de marée
La comète mystérieuse, dont le
pouvoir d'attraction sépara les eaux
de la mer, devait en effet apparaître
le jour sous forme d'une traînée nua-
geuse et la nuit d'une traînée lumi-
neuse. Si la tête de la comète était,
comme le suppose le docteur Veli-
kovsky, aussi grosse que la Terre,
elle a dû aspirer les eaux de la mer
à des kilomètres de hauteur.
Ce phénomène affecta toute la Ter-
re. Les chronologies chinoises rap-
(Suite page 19.)
MONDES
EN COLLISION
par Immanuel Velikovsky
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ment par an.
Dans « Mondes en collision », le D' Immanuel Veli-
kovsky démontre, en s'appuyant sur des preuves histo-
riques, que, plusieurs siècles avant notre ère, la Terre
s'est arrêtée de tourner. C'est une comète qui, selon le
savant, a frôlé à deux reprises la Terre et lui a fait subir
les effroyables cataclysmes dont on retrouve le récit
dans les textes sacrés de tous les pays du monde.
Le D' Immanuel Velikovsky n'est pas un romancier
d'imagination. Il a étudié l'histoire naturelle à l'Univer-
sité d'Edimbourg, l'histoire, le droit et la médecine à
Moscou, la biologie à Berlin, la psycho-physiologie à
Zurich, la psychanalyse à Vienne. L'auteur de « Mondes
en collision », qui est d'origine russe, a consacré dix ans
à la gestation de son livre.
La fantastique théorie exposée dans « Mondes en
collision » a soulevé une immense curiosité dans les
milieux scientifiques américains. Si certains savants
dogmatiques menacèrent de boycoter le livre, d'autres
ont affirmé que « Mondes en collision » fera date
comme « l'Origine des Espèces », de Darwin, ou les
<< Principes », de Newton.
I
MONDES
EN COLLISION
(Suite de la page 2)
portent que « le Soleil ne s'est pas
couché pendant plusieurs jours ; les
forêts prirent feu. Une haute vague
atteignant le ciel se répandit sur les
terres. »>
re-
Le cataclysme fut accompagné de
gigantesques cyclones dont on
trouve le récit dans les mythologies
de l'Inde, du Mexique, de Perse ef
de l'Océanie. Sur les rives du Paci-
fique, les Japonais, les Péruviens et
les autres peuples des côtes, con-
servent aussi le souvenir de la « sé-
paration des eaux », de ce raz de
marée fantastique.
On peut supposer, écrit le doc-
teur Velikovsky, que le passage de
l'énorme comète eut d'autres effets
fascinants. Platon fait allusion à
« un changement survenu dans le
lever et le coucher du Soleil et dans
les autres corps célestes qui, à cette
époque, se couchaient dans le quar-
tier où ils se lèvent aujourd'hui. >>
Les audacieuses théories de Veli-
kovsky qui reposent sur l'existence
d'une gigantesque comète, répon-
dent aussi aux questions que soulè-
ve la présence de cet astre vaga-
bond. D'où vient-il ? Pourquoi,
après deux passages près de la
Terre à l'intervalle de cinquante-
deux ans, n'est-il plus
revenu ?
Qu'est-il devenu ?.
La comète serait née d'une érup-
tion spontanée de la masse en ébul-
lition de la planète Jupiter. Elle
courut autour du système solaire
pendant des siècles, mais deux de
ses passages seulement ont laissé des
souvenirs historiques. Puis elle fut
saisie et capturée par l'attraction du
système solaire: elle devint une pla-
nète docile évoluant autour du So-
leil suivant une orbite régulière. Cet-
te nouvelle planète n'est autre, affir-
me le savant, que la planète Vénus.
Les années qui suivirent l'aventure
de Josué virent donc la naissance de
Vénus.
Velikovsky en donne pour preuve
qu'auparavant quatre seulement des
planètes du Soleil étaient connues
des anciens. Vénus n'y figure pas.
Ceci ressort des tables astronomi-
ques des Hindous, des Egyptiens et
des Babyloniens. Ces derniers appe-
lèrent plus tard Vénus: « La grande
étoile qui se joint aux autres étoi-
les ». Partout dans le monde l'exis-
tence de Vénus, pourtant la plus
brillante des planètes, n'est mention-
née que tardivement. Vénus se se-
rait installée dans son orbite ac-
tuelle à la suite de << frictions >>
avec la planète Mars. La mythologie
fait souvent allusion à ce «< flirt ».
Sous l'influence de la nouvelle
planète, Mars sortit à son tour de
son orbite et passa deux fois, à
soixante ans d'intervalle, à proximité
de la Terre.
Velikovsky fixe très exactement
les dates: 747 et 687 avant Jésus-
Christ. Le passage de Mars près de
la Terre provoqua, à ces deux dates.
de nouvelles catastrophes dont les ré-
cits sont beaucoup mieux conservés,
étant donné leur date récente.
Velikovsky attribue aussi à in-
fluence des passages de Mars un dé-
placement du pôle terrestre et une
modification des climats. Il veut en
voir pour preuve la mystérieuse dis-
parition du mammouth, animal pour-
tant plus développé que l'éléphant
qui, lui, a survécu, et dont on a re-
trouvé les corps gelés dans les glaces
sibériennes. Leurs ventres étaient
emplis d'herbes non digérées. Ces
herbes poussent aujourd'hui, non pas
dans la toundra où l'on a retrouvé
les corps des mammouths, mais à
des milliers de kilomètres de dis-
tance.
Le Mystèrc
des Mammouths
Il faut donc que la position du
pôle et les climats se soient modifiés
d'une façon brutale pour expliquer la
mort d'immenses troupeaux de mam-
mouths, mort soudaine, comme s'ils
avaient été asphyxiés ou électrocu-
tés. En l'espace de quelques heures,
le Nord-Est de l'Amérique a dû pas-
ser du climat polaire au climat tem-
péré. Ce fut l'inverse pour le Nord-
Est de la Sibérie, où furent juste-
ment retrouvés les fameux mam-
mouths. L'auteur termine son livre
par une évocation de l'avenir pos-
sible de la Terre. Il estime que les
catastrophes du passé peuvent enco-
re se répéter. La collision de deux
planètes est une chose possible.
D'autres comètes peuvent s'appro-
cher de la Terre ou même la heur-
ter, provoquant alors une véritable
« fin de Terre », qui équivaudrait,
pour l'humanité, à une « fin du
monde »>.
La fantastique théorie du docteur
Velikovsky a soulevé une immense
curiosité dans les milieux scientifi-
ques. Le docteur Atwater, président
et conservateur du planétarium du
Musée d'histoire naturelle améri-
cain, pense qu'à la lumière de cette
théorie « les fondements de la scien-
ce moderne peuvent être désormais
revisés ». D'autres savants estiment
que « Mondes en collision » fera
époque comme « L'Origine des Espè-
ces », de Darwin, ou les << Princi-
pes », de Newton.
ce
Le docteur Velikovsky accueille
cet enthousiasme par une protesta-
tion d'humilité : << Tout
que
l'homme ignore, dit-il, remplirait
un livre plus volumineux que tous
les écrits de l'homme réunis ».
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