France Soir 21 juillet 1967 Les soucoupes volantes: vrai ou faux ? Cent Américains voient courir des lumières rouges, jaunes et vertes Mon explication : des feux follets, déçoit tout le monde Il y a une vingtaine d'années que les hommes de science ont commencé à se préoccu- per des « soucoupes volantes » et à se demander si elles étaient une réalité, une illusion ou un phénomène naturel. << France-Soir » publie l'opinion d'un des plus grands spécialistes de la question. L'as- tronome J. Allen Hynek, conseiller de l'armée de l'air américaine depuis 1948, est le seul savant à avoir accumulé des milliers de rapports sur les « objets volants non identifiés »>. Dans son premier article, il a exposé trois typiques d'observation de phénomènes. Aujourd'hui, il fait le portrait-robot de ce qu'il est convenu d'appeler une « soucoupe volante ». Le gouvernement des Etats-Unis a décidé pour sa part, de tenter de percer à tout prix cet irritant mystère. Un fonds de 1.500.000 F a été alloué à l'université du Colorado où une commission de savants est chargée depuis octobre dernier de mener une enquête dont les conclusions seront rendues publiques en avril 1968. (Voir France-Soir du 19 juillet.) POUR ma part, mes connaissances sur les U.F.O. (objets volants non identifiés) ne cessaient de s'étendre. Au début, j'avais supposé qu'il s'agissait d'un phénomène pure- ment américain. Mais des témoignages arrivaient du monde entier au total, 70 pays s'inscrivirent sur la liste des lieux où sont apparus des U.F.O. Il était intéressant, me semble-t-il, d'établir une corréla- tion entre ces données internationales. Mais l'Armée de l'Air s'opposa à ce que ses attachés d'ambassade fissent des rapports sur ce sujet. Petit à petit, j'accumulai des cas que je ne pouvais vraiment pas expliquer. Ils m'étaient transmis par des gens de confiance, sincères, Une pierre ne peut tomber du ciel L'une des lettres que je reçus, typique de cet état d'es- prit, se terminait par cette phrase : « J'espère que vous ne me considérerez pas comme un dingue, mais je ne vous en voudrai pas si vous le pensez. Sincèrement..... >. Nous n'avions pas encore de preuve scientifique irréfutable films authentifiés, spectrogrammes des lumières aperçues quincaillerie ». Aucun document ne venait étayer les témoignages; certaines photographies étaient des truquages qui souvent ne s'étaient pas souciés des U.F.O. auparavant. Les U.F.O. les déconcertaient ou les effrayaient. Craignant le ridicule, ils avaient longtemps hésité à rapporter ce qu'ils avaient vu. Puis ils avaient cédé au sens du de- voir et au violent désir de trouver une explication ration- nelle à leur troublante expérience. D'autres étaient floues et pouvaient représenter n'importe quoi. Certaines encore montraient un nombre considérable de détails mais ne pouvaient être acceptées comme preuves. Et pourtant,pouvait-on affirmer que tous les témoins avaient fait des déclarations fantaisistes ou étaient victimes d'hallucinations ? Le point de vue des savants était que les U.F.O. ne pou- vaient exister, donc ils n'existaient pas, done moquonnan en. L'histoire de la science regorge d'exemples de ce gen- re. Souvenez-vous de ceux qui avaient refusé de regarder les taches du soleil à travers le télescope de Galilée, sous pré- texte que le soleil étant parfait il ne pouvait avoir de ta- ches et donc il était inutile de les chercher. Souvenez-vous de ceux qui niaient l'existence des météorites : il faut être bien stupide, disaient-ils, pour imaginer qu'une pierre puisse tomber du ciel. De 1958 à 1963, les rapports sur les U.F.O. se mirent à di- minuer en quantité et en qualité l'ère des soucoupes vo- lantes, me dis-je, va peut-être sur son déclin et s'achèvera bientôt. Mais depuis 1964 on constate un retour en force des étranges phénomènes. Les animaux terrifiés «< avant >> On peut en faire un portrait robot les U.F.O. répandent une brillante lueur rouge. Ils planent à quelques mètres du sol en émettant un son aigu. Les animaux du voisinage sont terrifiés, souvent même avant que les U.F.O. n'apparaissent aux gens qui relatent l'inci- dent. Les objets disparaissent en quelques secondes. En mars 1966, se produisit l'incident maintenant fameux des feux-follets» du Michigan. Au cours de deux nuits différentes, dans des lieux distants de cent kilomètres, une centaine de personnes déclarèrent avoir vu des lumières rou- ges, jaunes et vertes au-dessus d'une région marécageuse. Je possédais des données beaucoup plus complètes et cohé- rentes sur d'autres affaires mais la presse accordait tant d'importance à l'incident que je me rendis dans le Michigan : j'espérais que les savants alertés par les journaux pren- draient en considération à travers ce phénomène particulier tous les problèmes des U.F.O. Des petits hommes verts Mais dès mon arrivée, je déchantai. Impossible d'enquêter sérieusement car des hordes de reporters entouraient les principaux témoins. L'émotion frisait l'hystérie collective. Même les policiers dans leurs voitures-radio signalaient avec excitation des «cho- ses brillantes qui se mouvaient dans le ciel. Des étoiles, tout simplement. Au milieu de cette confusion, je reçus un message de l'armée de l'Air je devais te- nir une conférence de presse sur les causes du phénomène. Je cherchai rapidement une explication possible » et je m'arrêtai aux feux-follets. On sait que dans les marais, les vé- gétaux en décomposition dégagent du gaz qui peut s'enflam mer spontanément. Les journalistes de la presse et de la télévision furent bien déçus ils voulaient des petits hommes verts. Négligeant dans mon explication mon prudent adjectif possible ils racon- tèrent le lendemain que le gaz des marais était sûrement à l'origine des autres phénomènes des U.F.O. Je quittai la ville en hâte, aussi discrètement que je pus.