Asculape, 61, r. de Vaugirard, Paris VI 1959 Du moins c'est la grande revue américaine « Truc » qui l'affirme. Les survols de la Terre par les soucoupes volantes est déjà du domaine des choses acceptées. On ne parle plus maintenant que des « Martiens » capturés. Et le plus drôle de l'histoire, c'est qu'il ne s'agit peut-être pas d'un canulard. Un sensationnel événement, une « bombe » vient d'exploser Un vaisseau aérien, sorte de géante soucoupe s'est abattu à la frontière mexicaine. Tous les « Mar- tiens» furent carbonisés dans l'accident. Toutefois l'un d'eux projeté en l'air lors de l'accident fut trouvé en parfait état de conservation. (Certains journaux américains affirment même, seulement blessé). La « chose» mesure 92 centimètres de haut, et paraît (relativement) constituée comme un humain. Si ce n'était une tête large comme une citrouille aux oreilles on pavillon. Une expression de bestialité marque son visage. Ce spécimen unique au monde est actuellement à la Rosenwald Foundation de Chicago pour y être autopsié, selon les uns, pour y recevoir des soins selon les autres. Cet être venu d'une autre planète vit peut-être actuellement dans la cloche cli- matisée d'un Institut scientifique d'outre-Atlantique. Et tandis que l'appareil de radio du vaisseau-volant lançait un dernier message de détresse l'unique survivant aurait déjà réussi, selon certains, à se faire comprendre et aurait même tracé au crayon un plan (?) du système astral qui permet aux experts une nouvelle théorie qui révolutionne tout. ( Cette théorie affirme que les « Martiens » et les soucoupes volantes ne vien- draient pas de Mars mais d'une planète bien connue des astronomes Wolf 369 ». Et toute la presse américaine et mexicaine s'interroge « Martiens ou Wolfiens » ? La chose prêterait à rire si plusieurs aviateurs, prenant des « Soucoupes » en chasse, n'y avaient déjà trouvé la mort. Leurs terrains survolés par des soucoupes volantes, certains pilotes n'hésitèrent pas en les poursuivant à, non seulement les traquer, mais les attaquer, attaque fatale aux malheureux, qui n'eurent que le temps de décrire par radio les soucoupes dont ils s'approchaient avant d'être abattus par les mystérieux holides circulaires. Mais la capture de « Martiens » à la frontière mexicaine et la chasse aux Sou- coupes sont déjà dépassées. Un journaliste, Perry Hars, qui est ancien correspondant de guerre, affirme avoir croisé des policemen entraînant un nain difforme qui hurlait des sons dans une langue inintelligible. Ce monstre velu et rabougri, digne de l'imagination démente du sadique Docteur Morcau fait frémir. Perry Hars suivit l'étrange groupe et il décrit à ses lecteurs effrayés par le péril interplanétaire le « Martien » pressant contre sa bouche un appareil ovale (un micro?) pour demander sans doute l'aide du cicl. Perry Hars, le visage collé à la fenêtre du poste de police, assista à l'interro- gatoire de la chose qui ne savait répondre que par des sons n'ayant aucun rapport avec la belle langue de Shakespeare. Que penser de tout cela ? Plusieurs hommes ont déjà trouvé la mort dans la chasse aux Soucoupes la Rosenwald Foundation de Chicago n'est pas une plaisanterie, et Perry Hars est un des plus sérieux journalistes de la dernière guerre. Alors qu'en penser ? Une prudence excessive est justifiée dans ce genre de domaine par les expé- riences passées. Faut-il rappeler l'émission martienne d'Orson Welles (« Men from Mars » ) qui sema la panique sur tout le territoire des deux Amériques ? Mais dans tous les cas, il paraît bien évident que rien ne saurait nous donner la moindre idée de la véritable « hantisc» des foules américaines qui attendent sans cesse la nouvelle d'un débarquement martien. Cette véritable psychose de l'invasion interplanétaire est telle, qu'un de mes amis Américains m'écrit pour me dire que des brochures du genre « que faire en cas d'attaque martienne » ou encore : « Com- ment se défendre des soucoupes volantcs » sont d'une vente, non seulement cou- rante, mais encore que les éditeurs ne suffisent pas aux demandes. Tout un public avide d'une littérature à la fois rassurante et pseudo-scientifique se rue sur les avertures des hommes-fusées. Ces héros des « comics » les plus popu- laires Ie capitaine Marvel, Batman et son page Robin, Superman, livrent des combats victorieux aux mains tombés du ciel. Les « Planet's comics » se vendent comme des petits pains et les héros natio- naux qui luttèrent avec efficacité contre les espions nazis et les « japs » de Pearl Harbour, sont aujourd'hui mobilisés contre les Soucoupes qui inquiètent toute une population. Les journaux des clubs de mères de famille interrogent: «Nos enfants sont-ils protégés ? » et les bureaux officiels ne suffisent ni à démentir ni à rassurer. Ne nous moquons pas; après la grande terreur des plaies d'Egypte, les épou- vantes de l'an 1000 annoncé comme l'année de la fin du monde, voici les folles inquiétudes de l'an 2000. Les Soucoupes, si elles sont un trésor pour les romanciers, imaginatifs, ont un fond de réalité. Peut-être saurons-nous bientôt si Mars ou Wolf 369 nous observent et nous délèguent leurs colons. Les prudents espèrent une mystification, les autres, brûlés du désir de savoir ce qu'il y a de vrai dans tout ça », risqueraient toutes les tranquil- lités terrestres pour manger un fruit encore inconnu de l'arbre de science. Les lecteurs d'Esculape qui seraient (éventuellement) curieux de connaître le dossier des « petits hommes » du Nouveau Mexique se rapporteront au très éton- nant travail de Frank Scully « Le mystère des soucoupes volantes ». Les "petits hommes verts" Ce qui est, sans doute, le plus étonnant phénomène d'hallucination collective du siècle, ou peut-être, qui sait, le prélude à un envahissement de nains venus de la planète Mars, est peu connu chez nous. du nouveau Mexique La presse des Etats-Unis a réservé à cette armée de « petits hommes >> tombés du ciel un accueil tour à tour, sceptique, amusé, vaguement inquiet, inquiet, follement inquiet, pour laisser place, enfin, à une panique indescriptible. Les plus sceptiques liront avec profit amusement le fait divers qui suit, lequel fait-divers est, peut-être, l'explication valable à la grande Terreur des « petits hommes » de Wolf 369. Ce fait-divers le voici sans y changer un mot : LE MARTIEN, PILOTE DE SOUCOUPE VOLANTE, N'ÉTAIT QU'UN VULGAIRE SINGE... DE TERRE C'est la « dernière » qui nous vient d'Amérique. A Atlanta, trois hommes ont rencontré sur la route une soucoupe volante... et ses trois passagers. Pour mieux affirmer leurs déclarations ils ont pris soin de tuer l'un des « sou- couplers » avec leur voiture, avant qu'il n'arrive à s'enfuir avec ses deux collègues dans l'engin qui s'envola en prenant une couleur bleue au fur et à mesure qu'il s'élevait dans le ciel ». La victime, mesurant 50 centimètres, fut examinée par un professeur d'ana- tomic qui la classa dans la catégorie des singes rhésus avec pourtant cette particula- rité : pas de poils. Mais le chef du laboratoire de la police de Georgic en procédant à l'autopsie devait constater que l'absence de masses pilifères était dus à l'action d'un épilatoire énergique. De plus, selon le vétérinaire légiste, le soucoupier » n'avait pas été écrasé car il ne présentait aucune plaie sur la peau, mais il avait seulement une fracture à la hase du crâne. Il est donc probable que l'étre présenté comme un « Martien » n'est qu'un vulgaire singe... de Terre. Et la Société protectrice des animaux n'a pas attendu plus longtemps pour déposer une plainte. Les trois lurons d'Atlanta qui ont fait la découverte ont affirmé n'avoir bu qu'un verre de bière avant leur rencontre interplanétaire. Mais deux d'entr: cux sont coiffeurs. Une bonne histoire à raconter à leurs clients, après avoir été les héros d'un jour de la presse américaine.