SEMAINE DU MONDE No 100 SEMAINE DU S AU 14 OCTOBRE 1954 SOUCOUPES! LES FRANÇAIS SONT-ILS DEVENUS FOUS? Nos envoyés spéciaux et nos correspondants particuliers ont interrogé à travers la France ces témoins... Ce spinalien au visage tourmenté et néanmoins juvénile désigne dans le ciel un objet qui fit dans sa vie une brève apparition: 18 h 30. La nuit tombait. Je traversais le pont sur la Moselle à Épinal. Soudain, j'ai vu dans le ciel un engin ayant la forme d'un melon qui traversait le ciel d'est en ouest comme un boulet. - Ainsi parla Jacques Tollot, 14 ans, qui travaille chez M. Thouvenot charcutier... Le même jour, et les jours suivants, d'autres braves gens voyaient dans tous les coins de France d'autres engins sillonner le ciel. Le Tour de France des soucoupes volantes était commencé... Tout ce que je peux dire, c'est que ça avait une queue... Ainsi résuma son témoignage Mme Chatelin (ph. 1). Mme Chatelin a 60 ans; elle est employée aux usines de chaussures André, métier qui ne prédispose pas aux troubles imaginatifs. Et pourtant, elle aussi, elle a vu une soucoupe volante. J'habite Norville (S.-et-O.),dit-elle; je rentrais d'une réu- nion syndicale. Dans le ciel, audessus du château, j'ai vu une lune deux fois plus grosse que la vraie. En plus, elle avait une queue. Je me suis pincée pour m'assurer que je ne rêvais pas : l'engin a eu une espèce de soubresaut. Puis il a émis des flammes et a disparu... Mme Vasseur, qui habite 25, rue Sénart, à Montgeron, n'avait rien vu. Mais son fils, Marcel, qui a seize ans, a sou- dain poussé un cri:Maman, a-t-il dit, il y a le feu...Mme Vasseur s'est précipitée à la fenêtre de la salle à manger : C'était, précise-t-elle, moins haut que les étoiles et moins gros que la lune. Mais c'était rond et blanc. L'objet resta immobile, puis il descendit jusqu'au ras des maisons. A la jumelle, je me suis aperçue qu'il avait des reflets verts et rouges (comme dans la « Guerre des Mondes »). Ces deux observations, celle de Mme Chatelin et celle de Mme Vasseur, ont eu lieu le même jour: 22 septembre 1954, à 19 h 35. A peu près à la même époque, des lueurs sillonnaient le ciel de France et bouleversaient la paisible existence de braves gens bien de chez nous. Mme Genillon, institutrice à Saint-Claude, remarquait que ses élèves étaient, ce matin-là, particulièrement inattentifs. Mais qu'avez-vous donc ? - C'est qu'hier soir on a vu un fantôme..., répondit le jeune Raymond Romand, âgé de 12 ans... La gendarmerie et le mari de Mme Genillon ont fait une en- quête et depuis ils ne savent que penser. Le jeune Raymond ne varie pas dans ses déclarations : C'était lundi dernier. On s'amusait avec Janine (9 ans) dans la grange. Elle avait l'air tout drôle. « J'ai vu un fan- tôme ! Il ne fait pas de bruit. Je regarde dehors je vois le machin. On aurait dit un gros morceau de sucre; il n'était pas plus haut que moi. Je lui lance des cailloux dessus; j'ai essayé de m'approcher, mais j'ai été flanqué par terre et j'ai eu très froid >... Le lendemain, M. Genillon,voulant en avoir le cœur net, vérifia le récit de ces gosses et constata qu'à l'endroit où les gosses prétendaient avoir aperçu le « morceau de sucre >, l'herbe était couchée et qu'un mât dressé par une colonie de vacances avait l'écorce arrachée sur 15 cm à une hauteur de 1 m 50. Partout, des objets étranges venus du ciel ont été signalés. A Diges, dans l'Yonne (ph. 4),Mlle Gisèle Fin, de Monchenot, qui promenait ses chèvres, a vu un engin de couleur grise et marron, d'une hauteur d'environ un mètre. Une porte s'est ouverte au flanc droit de l'appareil et Mlle Fin en a vu sor- tir un pilote en tenue presque noire qui portait un casque. Il portait des souliers, mais elle n'a pas vu la couleur de sa peau. En Meurthe-et-Moselle, M.André Faffaux, qui travaille aux aciéries de la marine, à Homécourt, a aperçu dans le ciel, à 5 heures du matin, alors qu'il se rendait à son usine, des cigares en forme de battant de cloche et de couleur rouge orangé (photos 5 et 6). D'autres témoignages pour raient être versés au dossier soucoupes volantes dont « l'instruction » vient à peine de com- mencer. Des témoignages de plus en plus nombreux. Tous sont troublants. Aucun n'est convaincant. La bonne foi des témoins ne peut, en aucun cas, être mise en doute. Mais on peut néanmoins se souvenir que les Gaulois n'avaient qu'une seule crainte: que le ciel ne leur tombe sur la tête. Nos contemporains, eux,que d'une seule chose : c'est que certains d'en- n'ont eux tombés sur la tête.ne soient également Mais ils n'en donneraient pas leur tête à couper.