Le Méridional du 09 janvier 1982 (part 02) Au pays du soleil Le Meridional. Valensole ou le tourisme pour extra-terrestres.... la guerre, un jour je suis tombé dans le Verdon sans savoir nager...Il ne pouvait rien m'arriver de pire ! Et voilà, avec un titre pareil je ne vais pas me faire des amis, du côté de Valensole ! « Encore une jobarde » - qu'ils vont dire là-bas - « En plus, elle a quelques calen- driers de retard ! »...Oui, bon l'affaire de la * soucoupe volante », c'était en 1965, depuis le tourisme a évolué, et de toute façon ils n'avaient pas besoin d'extra-terrestres pour faire la publicité du pays ! à: Dans votre champ, vous avez replanté de la lavande ? Côté histoire, à Valensole, ils sont plutôt bien servis : ils ont eu Adrienne Dherculés, et l'amiral de Villeneuve. Côté religion un saint, Mayeul, qui aurait fondé l'abbaye de Cluny et accompli quantité de miracles. Il avait refusé tous les honneurs - jusqu'à être pape pour pouvoir mourir bien tranquille, entouré d'amis. Adrienne Dherculés était l'épouse du consul Collaret, celui qui en 1588, durant les guerres de religion, tenta d'or- ganiser la défense de Valensole. LORSQUE LA VILLE TOMBA AUX MAINS DE L'ENNEMI, le pauvre consul fût condamné à être pendu. Adrienne Dherculés entra ce jour-là dans l'istoire, en arra- chant son époux du gibet avec force gifles, coups de pieds et coups de dents Mettant à mal les bourreaux du consul. elle gagna la grâce pour celui-ci: ainsi furent récompen- sées la force de son amour, et celle de ses baffes. Quant à l'amiral de Villeneuve, il ne pût survivre au désastre de Trafalgar. On le retrouva six mois plus tard, le 22 avril 1806. dans une chambre d'hôtel à Rennes, frappé de six coups de couteau. On parlera de suicide... Bon, va pour l'histoire. Reste les rues de Valen- sole, centenaires et plus, ses fontaines, son lavoir, l'Eglise...etc...etc...Le tout dans un décor de lavande, de blé et d'amandiers, planté en cet endroit béni des Dieux. dont Boulaya d'Arnaud disait Chaque région possède son Olympe qui le rattache aux dieux. Or, l'Olympe proven- çal se trouve vraisemblablement dans la Haute-Provence, sur les plateaux où l'abeille produit son meilleur miel, où les rues sentent la bergerie ». Seulement, il y a eu cette affaire qui a bousculéé un peu la vie des gens de ce pays. Pour certains, on a trop parlé de Valensole depuis ce 1er juillet 1965, où un cultivateur Maurice Masse a vu un drôle d'engin»> posé dans ses lavandes, et de « drôles de types» en sortir | Voilà, c'est dit, et vous souriez déjà ! DANS LE MONDE DE L'ASTRONOMIE, l'aventure de Maurice Masse à fait une petite révolution. Dans celui des incrédules, Valensole est devenu « Le pays des Mar- tiens »>. et M. Masse, le roi de la galėjade ! * Par quel bout prendre, en effet, des phénomènes éventuellement produits par le truchement des lois physi- ques dont nous ne savons peut-être pas le premier mot ? » (Aimé Michel). J'ai rencontré Maurice Masse. Si les jobastres, les men- teurs, les fous, les escrocs, étaient à son image, on vivrait bougrement tranquilles et heureux sur cette sacrée planète ! AVANT CE FAMEUX MATIN DE JUILLET 1965 Maurice Masse n'avait jamais entendu parler d'OVNI (Objet volant non identifié) d'OVI (Objet volant inconnu) ni de MOC (Mystérieux objet céleste), et je ne suis pas sûre que depuis il fasse les différences. Les histoires de soucoupes volantes, il en riait comme tout le monde, jus- qu'au jour où... Aujourd'hui cet homme a 60 ans, il n'aime guère parler encore de « l'affaire ». On lui en a trop fait, trop dit ! On l'a examiné, psychanalysé, on a étudié jusqu'à la moindre fibre des vêtements qu'il portait le jour de la « rencontre >>. On l'a accusé de toutes les folies, de tous les mensonges ! On l'a calomnié, bafoué, ridiculisé ! C'est parfois l'in- croyable qu'il faut croire », mais lui, on ne l'a pas cru! Son histire, exploitée par des amateurs de sensationnel, a été « arrangée », « déformée »...Et moi, devant cet homme ter- riblement sympathique, et terriblement méfiant, j'ai posé encore une fois ces questions si peu originales Q: les extra-terrestres, ils sont comment ? R: Comme vous et moi, mais beaucoup plus petits. Q: Quel est leur langage? Samedi 8 janvier 1982. R: La transmission de pensée. Q: Vous n'avez pas eu peur ? R: Ma foi, j'ai chassé le sanglier pendat 37 ans, j'ai fait R: Pendant 6 mois, ren du tout, et puis j'y ai mis du blé. il pousse bien. Tout d'un coup il s'anime: « Vous savez, ils ne sont pas méchants, dites-le bien, ça ! » et encore « Dans la nuit, on ne peut pas distinguer la forme de leursengins, ca fait plein de lumières de couleurs différentes, c'est magnifique ! ». Tiens Maurice Masse, n'avait-il pas vu « l'engin à terre, et en plein jour ?» La vérité, c'est que la rencontre du 1er juillet n'a sûrement pas été la seule. Mais M. Masse, n'a plus aucune envie de convaincre le monde. L'a-t-il même jamais eue, cette envie là ? «J'ai raconté ce que j'avais vu, c'est tout. Que l'on m'ait cru ou pas, ça m'est bien égal >>. A LA GENDARMERIE de Valensole, on est très vague: «Il y a sûrement eu quelque chose ! Sur 5 mètres de diamètre et un mètre de profondeur, tout était brûlé, même les cailloux n'étaient plus que cendres... ». Le dos- sier ? « Tus les dix ans on brûle les dossiers, ça ferait trop de paperasses ! ». Etonnant que l'on ait détruit celui qui a fait couler tant d'encre vraiment très étonnant ! Ils auraient dû le garder, à Valensole, ce dossier, ne serait-ce que pour satisfaire à la curiosité des gens, parce-que des gens, il en vient toujours et de très loin, « une dizaine de savants par an>...« A l'époque de l'affaire, le gouvernement avait envoyé des experts »... Quant aux curieux qui arrivent sur le plateau de Valensole, pour voir passer les soucoupes volantes, ils ne sont pas très bien appréciés, au pays. « Tous les gens d'ici, ont vu des soucoupes, mais ils se taisent ».. m'a dit quelqu'un. Un philisophe chinois affirmait : « Les choses que les hommes savent, ne sauraient en aucune façon être com- parées, numériquement parlant, à celles qu'ils ignorent >> Qui mais voilà, l'homme est un orgueilleux qui refuse les «inconnues », et c'est sûrement dommage parfois ! Dites, entre nous, il ne vous est jamais venu comme une envie d'ailleurs? De très loin ? D'un autre monde ? Bien sûr, on a le paradis, mais l'obligation d'être mort pour y entrer (et encore, sous réserve), ça coupe l'enthousiasme. Reste les planètes. Si l'on en croit certains astronomes- astrophysiciens anglais et américains, on aurait le choix... DES MILLIARDS DE SOLEILS, qu'ils disent, ces savants-là ! La plupart entourés de planètes dont une grande partie seraient biologiquement fécondes et ferti- les ! Et celà fait des millions de chances pour que certaines soient habitées par des êtres plus intelligents que nous. puisqu'ils ont trouvé le moyen de venir sur la notre. (On se demande bien pourquoi ?). -«Alors. M. Masse, vous n'avez pas eu envie de partie avec eux ? » Il sourit. M. Masse, et il fait non de la tête. C'est un ter- rien plein d'obligations. Il est marié, il a des enfants, il a la télévision. Et puis, personne, pas même sa femme, n'aurait voulu croire à ce voyage. Il est donc resté à Valensole, et dans son champ, sac- cagé un matin de juillet d'il y a presque 17 ans, parfois il doit rêver... UN JOUR OU L'AUTRE QUELQU'UN VIENDRA vers lui, en écrasant sous ses pas les beaux épis de blé, et lui dira en lui tendant la main : « Nous sommes ceux qui furent faits avec de la poussière de l'espace, partageant la vie du Tout infini, vivant dans le monde comme les enfants des hommes, semblables aux enfants des hommes, et cependant différents» (I). Et Maurice Masse, le brave, l'honnête enfant de Valen- sole, devenu aussi célèbre, et bien malgré lui, que l'amiral de Villeneuve, priera sans doute Saint Mayeul pour résister à la furieuse envie de suivre cet ami venu d'ailleurs... Voyons, il ne le pourra pas, il ne le pourra jamais, il est marné Maurice Masse, il a des enfants Maurice Masse, et il a la télévision... (1) Thoth - Hermès. Tables d'Emeraude Christiane MARECHAL