Hérisson du 27 décembre 1979 au 02 janvier 1980 (part 04) Suite de la page 7 «ILS »> ARRIVENT! >> chemin conduisant au som- met de la falaise. Elle sauta. Ou, plus exac- tement, elle continua de marcher droit devant elle, en apercevant le vide sous ses pieds. Comment le sait-on ? Bien sûr, il n'y avait pas de témoin. C'est Anita elle-même qui a donné tous les détails, après être tombée sur les rochers. C'est absolument impossi- ble. De toute évidence, quel- que chose a ralenti sa chute, puisqu'elle s'en est tirée avec deux jambes fracturées, un poignet foulé et onze côtes défoncées. Mais quoi? Et de quelle manière? Dans un tout autre do- maine, pour quelle raison un feu de forêt, attisé par un vent violent, ferait-il soudaine- ment, sans raison apparente, demi-tour? C'est pourtant ce qui est arrivé près de la petite ville de Tomasket, dans l'Etat de Washington, aux U.S.A. Le feu de forêt était d'une violence telle que les pom- piers avaient renoncé à le circonscrire. Lorsqu'ils s'aperçurent que tout ce qui le séparait du village était un simple verger, ils donnèrent l'ordre d'évacuation. Un « civil »>, M. Carr, ce- pendant, était resté dans la zone menacée, car il désirait s'assurer que tous les clients de son camping, érigé en le hérisson 12 bordure du village, étaient bien en sûreté. F FLAMMES DOMINÉES RANK Carr, cinquante- cinq ans, se préparait à rejoindre les pompiers. Il jeta un dernier coup d'oeil vers le brasier. Il se frotta les yeux. Le vent était toujours aussi violent et n'avait pas changé de direction, mais les flam- mes faisaient littéralement demi-tour! Lorsqu'elles at- teignirent les zones déjà cal- cinées, elles s'éteignirent, bien sûr, d'elles-mêmes. Ainsi, ILS» font peut-être peur aux animaux, mais, contrairement à ce que pré- tendent beaucoup d'ouvra- ges de science-fiction, «ILS » ne se comportent pas en ennemis des hommes. Et ILS» peuvent, occa- sionnellement, se livrer à certaines facéties. Roy Fulton, poseur de car- pettes, conduisait sa « Mini >>> sur une route déserte, à peine embuée par l'éternel brouil- lard britannique, non loin du village de Stambridge, dans le Bedfordshire. gesticulait. C'était un jeune homme souriant qui, lorsque la « Mini» stoppa, pointa un index vers la ville de Dunsta- ble, dont on voyait les lu- mières au loin. Le stoppeur ne prononça pas une parole, et Fulton pensa qu'il était muet. Bien sûr, montez! invi- ta-t-il. Le jeune homme s'installa à côté de Fulton, qui dé- D'une part, Roy Fulton, vingt-six ans, qui habite Norfolk Road à Dunstable, n'était absolument pas ivre. Il venait de disputer un match de fléchettes dans une ville voisine et n'avait bu qu'un demi. D'ailleurs, lorsqu'il ra- conta son histoire, dans un bar de Dunstable, où il ne prit qu'un seul whisky, pour se remettre, tous les témoins - interrogés plus tard par la police confirmèrent qu'il aurait pu subir un alcootest sans la moindre difficulté. Autre détail, encore plus important. La «< Mini », après avoir embarqué le « stop- peur» s'était engagée sur une route vierge de tout brouillard et Fulton avait aussitôt appuyé sur l'accé- lérateur, frisant constam- ment le cent à l'heure. SUR- TOUT, IL N'AVAIT JAMAIS RALENTI, NI NE S'ÉTAIT AR- RÊTÉ, NE FÛT-CE QUE PENDANT UNE FRACTION DE SECONDE. Précisons, accessoire- DU 27 DÉC. 79 AU 2 JANV. 80 ment, que Roy Fulton, après L'AUTO-STOPPEUR OUDAINEMENT, M. Fulton aperçut, dans le pinceau de ses phares, une silhouette qui SM marra. Ici, nous devons préciser deux points capitaux. la halte au bar se rendit au poste de police de Dunstable pour y signaler son cas. L'inspecteur Rowland, qui était de service cette nuit-là, a précisé par la suite : - Lorsqu'il est entré dans le poste de police, M. Fulton se trouvait encore sous l'in- fluence d'un choc. Mais il était parfaitement sobre. Il nous arrive d'entendre d'étranges histoires, mais jamais auparavant nous n'en avions enregistré une sem- blable. Après avoir parcouru une demi-douzaine de kilomètres sans quitter la route des yeux, Fulton, fâcheusement impressionné par le fait que son passager ne prononçait pas un mot, choisit de briser la glace. Il prit un paquet de cigarettes dans la poche gauche de son veston et le tendit, le regard toujours fixé sur la route. -Vous en voulez une? demanda-t-il ? Pas de réponse. Fulton jeta un coup d'œil sur la gauche (les voitures anglaises ont le volant à droite) et la Mini» fit une embardée. Il évita de justesse l'accident et, le coeur battant à tout rompre, dut se résigner à s'arrêter quelques instants. Il alluma une cigarette d'une main tremblante, en s'effor- çant de se convaincre qu'il ne rêvait pas. IL ÉTAIT SEUL, DANS LA « MINI »... Jacques Lohr