Figaro 27 décembre 1980 Le Figaro. 24 et 28/12/80 NE11.235. "LE FIGARO" 1980 Satellite ou météorite dans le ciel de France Le ballet de l'ovni Du Bassin aquitain au Calvados en passant par le Limou- sin, le Poitou et les pays de Loire, des milliers de personnes ont observé, jeudi soir, dans le ciel un étrange ballet lumineux. Mais, pour les spécialistes, cet ovni du jour de Noël étail en fait soit un satellite se désintégrant soit une simple météorite comme il en pleut régulièrement à raison de dix tonnes par an. tes qui, chaque année, bom- bardent notre planète depuis la nuit des temps sous forme de pierres de toutes tailles. Certal nes se présentent comme de véritables rochers et toutes en- trent dans notre ciel, non pas à environ huit kilomètres-se- conde comme les épaves de satellites mais à des vitesses qui peuvent dépasser trante ou même cinquante kilomètres-se- conde. Si les plus gros de ces projectiles devaient, par mal- heur, atteindre de plein fouet une zone habités ils cause- raient évidemment une vérita ble catastrophe Force est de constater que cela, depuis des millénaires, ne s'est jamais produit. Tous les témoignages de DOUX qui, jeudi après 22 heures, ont suivi le phéno- mène, et se sont empressés de le signaler dans les rédactions ou dans les brigades de gen darmerie, sont identiques * Les points lumineux et soin tillants ressemblaient à des fusées de feu d'artifice. Ils se déplaçaient en formation dans le sens sud-nord, laissant der- rière eux une trainée lumi- neuse orange qui virait ensuite au vert = A tous ces témoignages il faut ajouter ceux des équipa- ges de deux avions de ligne d'Air France. Le premier qui se trouvait entre Agen et Limoges et volait à 35.000 pieds d'alti- tude, a très nettement vu un groupe d'objets lumineux se déplaçant à grande vitesse dans l'axe Bordeaux-Tours. La pilote du second appareil qui se trouvait au sud de La Chá- tre (indre) a précisé qu'il avait cru voir des chasseurs à réaction ayant leur phare d'at- terrissage allumé mais... se dé- plaçant en marche arrière ». Les deux pilotes ont d'ailleurs alerté le centre de contrôle aé- rien de Bordeaux-Mérignac Pour Albert Ducrocq ce phénomène n'a rien d'étrange. Il y a 90 % de chance pour qu'il s'agisse de la chute d'une météorite et 10 % pour que ce soit un satellite tombé de l'es- pace et qui s'est désintégré au-dessus de la France. Des statistiques très rassurantes Depuis 1955 on a propulsa près de cinq mille engins spa- ciaux Moins de mille sont en- core en orbite. Cela signifie que les quatre mille autres sont revenus sans jamais d'ail- leurs causer le moindre dom- mage. La plupart de taille mo- deste se sont consumés en pénétrant dans les couches denses de l'atmosphère. Les autres se sont, à ce contact, éparpillés en morceaux. D'ail- leurs, un organisme américain, le Goddard Space Center, dépendant de la N.AS.A., a ré- pertorié tous les engins expé- diés vers les étoiles et réuni pour chacun d'eux les infor- mations sur la date, l'heure, le lieu et les circonstances de leur retour au sol. Une comp- tabilité d'una grande utilité que la France ne tient pas encore. Il est vrai qu'il y a moins d'une chance sur cinq cent mille pour qu'un objet tombé du ciel touche un être humain. * En fait, dit Albert Du- crocq, les morceaux d'engins spatiaux qui reviennent au sol ne sont à peu près rien au mi- lieu des dix tonnes de météon- Effectivement les statish- ques sont très rassurantes mais n'y a rien de miracu- leux : 70 % de la surface du globe sont recouverts par les océans, ce qui explique déjà que le plus grand nombre de météorites (comme la majorité des satellites) retombent an mer. Par ailleurs, pour ce qui concerne les chutes sur la terre, il ne faut pas oublier qu'avec une population mon diale de quatre milliards d'indi- vidus les continents ne sont guère peuples en moyenne que de onze habitants au kilo- metre-carré. Dans ces condi- tions il n'y a pas une chance sur cinq cent mille pour qu'une de ces onze cibles mi- nuscules sait atteinte. Pas la peine de se mettre à l'abri lors- qu'il pleut des météorites. J. P.