Le Meilleur 19 janvier 1974 (part 01) UNE ENQUETE DE 400 MICHEL BRUNET Les bobards 30 octobre 1938. Il était sept heures et quart du soir. Un brouillard tenace enve- loppait New York depuis le début de l'après-midi et donnait un aspect noc- turne à ce coin paisible du « Bronx » où les Smith avaient leur appartement. Jeremy et Ethel Smith, petits bourgeois américains tirés à des millions d'exem- plaires, menaient une vie réglée. Pour eux, c'était l'heure du « dry » en atten- dant de passer à table. Autre rite, on tournait le bouton de la radio. L'émission avait com- mencé, comme à l'ordi- naire par les nouvelles du jour que les Smith écoutaient avec la quoti- dienne in différence quand, brusquement, le speaker s'interrompit. Sa voix s'altéra, s'essoufla sembla-t-il : - Mes chers auditeurs, excusez-mol. Il vient de m'arriver une nouvelle sl extraordinaire, si effrayante, si dramatique que je ne puis vous la communiquer avant d'avoir une confirmation formelle. Déjà nos repor- ters sont sur place. Dans quelques minutes, of chaque minute compte sl c'est vrai, nous serons en mesure de vous don- ner plus amples informa- tions. Surtout, ne quittez pas l'écoute, Il y va peut- être de votre vie. Que dis-je ? de votre vie... de celle de l'Amérique, du genre humain tout entier.. Cette fois, l'attention des Smith est captée. Mieux que cela, Jérémy a légèrement påll. Que peut-il se passer de si grave, de si menaçant, dans cette Amérique prospère et puissante où chaque citoyen a son destin tracé et sa promo- tion garantie. CE QUE JE VOIS EST EFFRAYANT... 11 y eut quelques minutes de suspense, puis la voix speaker retentit, altérée par l'an- goisse : « Mes chers audi- teurs, notre reporter qui s'est rendu sur les lieux, vous parle en direct. Préparez- vous à une révéla- tion stupéfiante. >> "LE MEILLEUR" 1974 Le correspondant pre- nait aussitôt le relais. « Je suis depuis quel- ques minutes quelque part dans New-Jersey. Ce que je vois, j'ose à peine le décrire. Bien que je sois dissimulé, il l'ignorat ut mon cou- temps je pourrais conti- nuer ce reportage: Des êtres étranges, mons- trueux, n'ayant rien de commun avec aucune créature terrestre et équi- pés de machines Incon- nues, ont envahi avec une rapidité vertigineuse ce quartier que VOUS connaissez tous.. Mme et M. Smith se regardèrent. Le - dry. ne passait plus. Jérémy..., gémit Ethel, est-ce possible.... Le poste enchainait: ...Si je devais compa- rer les envahisseurs à un animal connu, je choisi- rais l'ours seulement à cause de sa stature mas- sive et de sa façon un peu lourde, mais sûre de se déplacer, Comparaison relative, d'ailleurs. Ceux que j'ai pu voir, sans qu'h eureusement, ils m'aperçoivent, montraient sur un corps, dont la peau semblait faite d'une sorte de tissu métallique, une tête triangulaire dont la face s'ornait de deux 134 énormes lentilles circulai- antes qui « Dans la maison d'où nous a téléphoné l'informa- teur, je n'ai trouvé qu'un cadavre brûlé. Il tenait encore l'ap- pareil à la main. Mais, maintenant, les lignes téléphoni- ques sont coupées partout. Les poteaux brisés jonchent le sol au milieu d'un fatras d'arbres et de maisons abattus par des engins d'une force invincible. La raffinerie de Newark a été incendiée et c'est à la lueur des flammes que je peux voir le specta- cle le plus terrifiant qu'aucun homme n'ait jamais contemplé... LES MARTIENS DÉ- BARQUENT... ORSON WELLES DEVIENT CÉLÈ- BRE EN SEMANT LA PANIQUE A NEW YORK étaient des yeux. Pas de nez: des trous au-dessus de ce qu'on n'ose nom- mer une bouche: un ori- fice aux lèvres énormes, bavantes, en forme d'ac- cent circonflexe, donnant à cette trogne un aspect Infernal.... Selon toute vralsem- blance, nos terribles visi- teurs sont des martiens. A l'époque où nous som- mes, la planète Mars, la seule que l'on présumait la plus susceptible d'être habitée, n'est qu'à 36 mil- llons de kilomètres de DES MARTIENS... notre terre. Or, depuls quelques jours, les ob- jets brillants que l'on avait pris pour des mé- téorites, étaient apparus dans la lunette des astro- nomes de plusieurs ob- servatoires allemands et américains. C'étalent en réalité, ces fantastiques véhicules interplane- taires dont la masse sombre se détache sur le paysage de désolation que j'ai sous les yeux. Figurez-vous des cylin- dres de la dimension d'une tour, dont le som- met est un dôme scintil- lant au-dessus duquel des sortes d'antennes vibrent sans arrêt, produl- sant des étincelles fulgu- rantes. Les parois de ces dômes s'ouvrent pour laisser passer leurs occu- pants ou leurs machines dont je ne saurais définir quelle énergie formidable. les fait mouvoir. L'une d'elles, haute de plusieurs mètres, vient de passer devant mol. Elle se dépla- 2000P 17 ce par saccades, non sur des roues, mais sur des sortes de pieds colos- saux. Ils le font avec une rigueur et une précision Inexorable et rien ne peut entraver leur marche. Les plus gros arbres sont bri- sés comme des épis de blé. Les maisons pulvéri- sées. Les obstacles fran- chis sans effort apparent. Derrière, comme à la MILI HO-1 La police militaire avait dû intervenir pour endiguer la panique AR suite de chars d'assaut, durera. Je resteral tant les martiens parachèvent l'oeuvre de destruction. Une Intelligence démo- niaque préside à cette Invasion, car il est certain qu'en très peu de temps, les humains qui auralent été susceptibles de don- ner l'alerte ont été exter- minés. Je suis la seule vie humaine dans ce secteur. Je ne sais combien cela que je pourral, espérant que mon appel a déjà été entendu des autorités. Mais, que pourra-t-on faire contre de tels enne- mis, de tels engine, une telle volonté ?...- Les Smith n'avaient pas attendu la fin de cette eal- Ha sissante tirade, n'avaient pas máma etá