Figaro 29 février 1979 "LE FIGARO" 1979 Bientôt une campagne d'information fie sur les O.V.N.I.29 fev. P. Dépassionner le problème des O.V.N.I. pour pouvoir l'étudier d'un cell purement scientifique, tel est l'objectif du Groupe d'étude des phénomènes aérospatiaux non Identifiés (C.E.P.A.N.) comme nous l'a annoncé Alain Esterle, son nouveau directeur. peuvent être élucidés avec certi- tude mais que leurs caractéristi- ques permettent d'assimiler à un phénomène bien connu. Ceux-ci sont éliminés avec la sanction « il y a de fortes chances qu'il s'agisse d'un ballon, d'un avion, d'une météorite, etc. ». Créé en 1967 au sein du Cen- tre national d'études spatiales, ce groupe unique au monde par son caractère officiel et public - a jusqu'à présent réfléchi aux moyens à élaborer pour aborder le mieux possible son travail. Au- jourd'hui, il entame une nouvelle phase de sa mission. Celle-ci dé- butera avant le printemps par une campagne d'information qui sur- prendra beaucoup d'entre nous : * N'ayez plus honte de voir un O.V.N.I., mais notez froidement et scrupuleusement vos observa- tions, c'est la seule chance d'es- pérer trouver un jour une réponse à ce problème », expliquera en substance celle-ci. Depuis le 1er mai 1977, le G.E.P.A.N. a déjà traité 600 dos- siers concernant les O.V.N.I. De cette vaste étude « Il ressort que pour environ 20 % des rapports, les descriptions faites par des té moins dignes de foi restent sans explication », affirme M. Esterle. Pour en arriver à cette conclusion, le G.E.P.A.N. a procédé comme suit composé de physiciens, de mathématiciens, d'informaticiens et de biologistes, il s'est divisé en sept groupes chargés d'intervenir suivant la nature du témoignage, signalé par la gendarmerie. Parmi ceux-ci figure notam- ment un groupe d'intervention ra- pide (pour les témoignages parti- culièrement importants) auquel s'ajoute le groupe de prélèvement de traces et le groupe du « Sim O.V.N.I. » qui à l'aide d'un appa- reil optique va sur le terrain aider les témoins à définir les caracté- ristiques et la trajectoire exacte de ce qu'ils ont vu, un groupe d'ex- pertise et un groupe d'analyses statistiques, qui travaillent à partir d'un fichier national placé sur or- dinateur. Pour parvenir à rejeter 80 % des témoignages, le G.E.P.A.N. a établi quatre classifications des dossiers ceux du type A = re- présentant les phénomènes par- faitement identifiés. Pour ceux-ci le G.E.P.A.N. explique que les mé prises les plus fréquentes ont elles aussi, pu être classées : on y trouve le Soleil, la Lune et les mé- téorites pour les objets astronomi- ques, les nuages aux formes bi- zarres, et le brouillard, sur le plan météorologique, les satellites arti- ficiels, les ballons et les hélicoptè- res pour engins volants, et enfin, pour les véhicules terrestres, les voitures ainsi que, surtout, les engins agricoles qui, la nuit par temps de brouillard, engendrent avec leurs phares des phénomè- nes lumineux apparemment très étranges. La classe B ensuite, comporte les phénomènes qui ne a La classe C » concerne les phénomènes qui ne peuvent être identifiés, mais dont l'exploitation ultérieure ne peut être envisagée en raison de l'imprécision des té- moignages. Et enfin, la classe D repré- sente ces 20 % de témoignages qui restent en même temps dignes de foi et inexpliqués. C'est là que réside le véritable travail à longue échéance du G.E.P.A.N. Car il ne faut pas conclure de ces enquêtes que les O.V.N.I. existent: « A ce stade des recherches, il est tout à fait prématuré d'avan- cer la moindre hypothèse », es- time M. Esterle en expliquant que ce qui existe ce sont les témoi- gnages. Mais il reste maintenant à essayer de savoir s'ils concernent quelque chose de physique ou de psychologique. De sorte que, quelle que soit la réponse, on ne peut espérer l'obtenir rapidement. Regrouper tous les témoignages Il semble bien, en effet, qu'il faille plusieurs années d'analyses, de réflexions et de travail sur ordi- nateurs pour arriver à une conclu- sion qui ne sera peut-être, in- siste M. Esterle, qu'une absence de conclusion ». En attendant, le but du G.E.P.A.N. est maintenant de disposer de tous les témoigna- ges existants. C'est pour cela que, acceptant le risque d'être sub- mergé, il a décidé de rendre* pu- blic son numéro de téléphone (1) et de lancer avant le printemps une campagne de sensibilisation expliquant la conduite à tenir en cas d'observation d'O.V.N.I. : d'abord il faut essayer d'attirer l'attention d'autres témoins, noter soigneusement et avec le plus grand calme - un maximum de renseignements (heure, condition météo, position du phénomène, présence d'odeur, de bruit, cou- leur et dimensions, etc.) puis pré- venir dès que possible les gendar- mes. Partout en France, il faut le souligner, ceux-ci reçoivent les té- moignages sans réticence, même en pleine nuit. C'est finalement l'aspect le plus important de tout cela : on ne risque plus désormais d'être pris pour un farfelu parce qu'on a vu un O.V.N.I. Avec le G.E.P.A.N., les recherches scientifiques apportent pour la première fois officielle- ment ce qui manquait le plus à l'énigme posée par les avions : l'absence de climat passionnel, en même temps qu'une méthode ra- tionnelle d'investigation. Jean-Paul Croizé. (1) Tel. (16) 61-53.11.12. poste 4509 frépondeur automatique).