Parisien Libéré 14 février 1979 MEDECINE Un généticien, le Pr. de Grouchy face aux théories de l'évolution Existe-t-il dans l'univers des civilisa- tions comparables à la nôtre ? Descen- dons-nous du singe comme l'affirmait Darwin? LA VIE PEUT EXISTER AILLEURS QUE SUR LA TERRE La vie extraterrestre et les recherches sur l'évolution des espèces reviennent aujourd'hui au premier plan de l'actua- lité ? A ces questions, un généticien fran- çais, le Pr de Grouchy, un anthropolo- gue, Richard Leakey, directeur du musée national du Kenya et deux de ses collègues américains: Don Johanson de Cleveland et Tim White de Berkeley tentent aujourd'hui d'apporter une ré- ponse. Pour ces deux derniers, un homme- singe de l'Afar dont les restes fossilisés ont été étudiés par eux circulait déjà dans les savanes africaines voilà 3 mil- lions d'années. A leur avis, c'est notre. plus lointain ancêtre. Richard Leakey conteste cette théorie. L'Afar ne serait, à son avis, qu'un proche parent de la li- Le secret dans «L'Hippocamelephantocamelos, né des amours de l'hippocampe de l'élé- phant et du chameau serait condamné à mort, pratiquement dans l'oeuf »>., dit- il. La barrière des espèces se double ainsi de la barrière de l'interfécondité. Le patrimoine héréditaire de l'homme : ce sont 46 chromosomes contre 48 pour les grands primates. En poussant plus loin les investigations, il est incontesta- ble, affirme le Pr de Grouchy, que « l'homme ne descend pas du chim- panzé mais l'un et l'autre descendent d'un ancêtre commun et possèdent en commun les mêmes chromosomes, ré- serve faite pour les remaniements qui les ont séparés au cours de l'évolution. C'est donc ailleurs qu'il faut chercher les raisons qui font qu'un homme est quand même différent d'un chimpanzé. Ce sont probablement l'organisation in- terne des chromosomes, les gènes de ré- gulation, les gènes responsables de l'em- 21 D'autres vies Dernier problème évoqué par le Pr de Grouchy à l'Institut: sommes-nous seuls dans l'infini où des soleils nais- sent, ou d'autres meurent entre des «< trous noirs >> ? Voici son opinion : «La question s'est très vite posée de sa- voir si cet univers abrite des formes de vie autres que celle que nous connais- sons. On peut tenter de répondre à cette question p le calcul, en multipliant les probabilités qu'il existe d'autres systè- mes planétaires, que ceux-ci sont sus- ceptibles d'héberger la vie, que la vie naisse. Le résultat final est une probabi- lité, loin d'être nulle, que nous ne sommes pas isolés dans l'univers. Même, il n'est pas exclu que les espaces 14102149 L.L. gnée humaine et la découverte de nou- veaux vestiges de l'australopithèque ro- buste, plus ancien que l'homme-singe, prouvent que celui-ci fut son aîné. Il est donc le vrai père de l'humanité. GRE L'histoire d'Adam ne serait donc pas un mythe et les grands singes seraient seulement les produits d'une mutation génétique qui a fait d'eux des sous- hommes. Or, c'est précisément la théorie qu'a avancée voilà quelques heures à l'Aca- démie des sciences morales de l'Institut le Pr Jean de Grouchy dans une étude sur l'évolution des êtres organisés et la naissance des espèces. Il s'est en effet penché sur notre bagage héréditaire et sur celui des animaux les plus proches de nous: gorilles, chimpanzés, orang- outang. Or, entre eux et nous, comme entre eux et les félidés ou les oiseaux, il existe la barrière infranchissable des es- pèces. les chromosomes bryogénèse, toutes choses que nous connaissons mal, voire pas du tout chez les organismes évolués... »>. Les thèses de Darwin se trovent ainsi contestées. Mais le Pr de Grouchy ap- porte un autre argument. Et cet argu- ment, le voici : « L'exemple des goe- lands vivant autour du Pôle Nord est très significatif à cet égard. Ces oiseaux sont séparés en groupes distincts qui s'ignorent sexuellement et qui diffèrent par la couleur de l'iris et de la paupière qui entoure l'œil; or, un chercheur, J.G. Smith, s'étant intéressé à cette sé- grégation, a imaginé de peindre les yeux d'un goeland appartenant à une variété, de la couleur des yeux d'une autre va- riété. Immédiatement, les goelands se sont accouplés et on a vu tomber une barrière reproductive qui ne reposait que sur la coquetterie d'un regard ! Un coup de pinceau bien dur à la vérité pour le darwinisme. dans l'univers interstellaires contiennent des molécules biologiques primitives, véritables se- mences de vie, susceptibles de féconder les planètes. La vie serait alors une pro- priété intrinsèque de l'univers. »> Parmi les milliards de planètes qui composent l'univers, il en existe certai- nement qui possèdent un climat, une at- mosphère permettant le développement de cette vie primitive. Comment ces particules de base ont- elles pu évoluer ? Quels êtres ont-ils pu en être issus. Autant de questions qu'il faut maintenant sérieusement se poser. Et ce n'est plus de la science-fiction... Ch. DAUZATS