France-Soir 16 décembre 1976 Quatre mystérieux engins dans le ciel de Haute-Provence Comment faire croire que vous B avez vu un OVNI... E mercredi 9 décem- L bre, à 23 heures, dans la montagne de Haute-Provence, entre le village de Meyron- nes et le col de Larche, trois hommes, les sergents-chefs Gabarit et Charrin, du 11° Bataillon de Chasseurs- Alpins, et le douanier Philli- bert, sont occupés à l'entrai- nement de chiens d'avalan- che. Le ciel est nuageux, mais éclairé par la lune. Soudain, ils volent surgir, venant du sud-est, une masse sombre, de forme, légèrement ovale, qui leur paraît se dépla- cer beaucoup plus bas que le plafond de nuages, situé aux environs de 2.000 m. L'objet traverse le ciel en quelques secondes et disparait tandis que les chiens se mettent à hurler à la mort. Dès le lendemain matin, les trois hommes rapportent à leurs chefs leur fugitive vi- sion et ils décident de remon- ter au col de Larche le soir même, à tout hasard. Le lendemain matin, 10 dé- cembre, ils font la déclaration suivante au capitaine Mont- fort, commandant la compa- gnie de gendarmerie de Bar- celonnette Les conditions météo étaient à peu près les mêmes que la nuit précédente. Pros- que au même endroit, alors que nous nous dirigions vers le sommet du col, nous avons vu apparaître quatre engins identiques à celul de la vell- le, suivant à peu près la mê- me trajectoire, à peu près à la même altitude. Nous avons immédiatement stoppé, coupé notre moteur, éteint nos pha- res et nous sommes descendus sur la route. - Les quatre engins avan- çaient dans un silence im- pressionnant, sans le moindre éclairage, sur une trajectoire rectiligne et dans un aligne- ment parfait. Nous avons pu suivre leur vol pendant une dizaine de secondes. Ils sont passés à environ deux kilomé- tres de nous à peine et, de nouveau, nos chiens ont hur- lé à la mort au moment de leur passage. Nous-mêmes, nous avons éprouvé une peur assez vive.. Les trois témoins sont for- mels: selon eux, il est impos- sible qu'il puisse s'agir d'avions ou d'hélicoptères en raison du silence total dans lequel évoluaient les masses sombres observées. Un rapport à l'armée de l'air 1 Y a-t-il, quelque part en France, un organisme of- ficiellement chargé du dossier des OVNI? d'OVNI sont plus rares), la gendarmerie nationale est of- ficiellement chargée, depuis 1974, de faire un rapport sur toute apparition de ce genre qui lui est signalée. Les docu- ments sont centralisés à l'état-major de la gendarme- rie, à Paris, qui en transmet copie au Centre national d'études spatiales (CNES) à Toulouse. L'armée de l'air, depuis 1954, est officiellement chargée de suivre la question dans son propre domaine. Chaque rap- port sur une apparition d'OVNI est d'abord examiné à l'état-major de l'air sous l'angle de la défense nationa- le, puis, s'il ne comporte rien qui soit susceptible d'y por- ter atteinte, est retransmis au C.N.E.S. Sur tout le territoire fran- çais, à l'exception des agglo- mérations de plus de 10.000 habitants (où les apparitions Une activité bénévole Le C.N.E.S. reçoit aussi des déclarations de pilotes civils, de la météorologie nationale et de divers organismes, offi- ciels ou non, notamment d'as- sociations de mordus des soucoupes volantes .. L'ensemble de ces rensei- gnements débouche sur le bu- reau d'un seul homme, Clau- de Poher, à la fois ingénieur et docteur ès sciences, chef de la division • Missions scientifiques spatiales, qui s'efforce de les utiliser au mieux. Mais il n'a ni crédits, Les Français qui voient des OVNI Techniciens Ouvriers Agriculteurs Militaires Ingénieurs Pilotes civils Astronomes et assi- milés Chercheurs Bergers Pilotes militaires 20% 15 % 15% 13 % 12% .9% 5% 5% 5% 1% ni personnel et son activité concernant le mystère des OVNI est purement bénévole. Il s'y consacre cependant avec passion et affirme avoir trou- vé, entre les multiples cas qu'il a étudiés, des cohéren- cos», c'est-à-dire, en langage profane, des ressemblances, des points communs qui, so- lon lui, « n'ont pas une chan- ce sur un milliard d'être dus à des coincidences ». Il est naturellement exclu de prendre ici parti dans cet- te querelle toujours renais- sante: apparition moin d'une d'OVNI? Pour ou contre les 2 Que faire si l'on est té- OVNI (objets volants non identifiés) ou, comme on les appelait naguère, les sou- coupes volantes De même, on ne saurait porter le moin- dre jugement sur la valeur des trois témoignages. Mais, à Barcelonnette comme ailleurs, deux questions se posent comme après chaque nouvel- le apparition d'OVNI : La gendarmerie nationale recommande de prendre note avec précision du lieu de l'observation, si possible de faire des croquis, et d'aller au plus tôt déposer à la gen- darmerie la plus proche. Plus le témoignage recueilli est frais, moins le souvenir ris- que d'être déformé. La Cependant, dans les milieux officiels, on reste de plus en plus sceptique sur l'existence des OVNI, et de moins en moins disposé à accorder des crédits pour les étudier, d'au- tant que des enquêtes analo- gues aux Etats-Unis ont abou- ti à des impasses. gendarmerie garantit aux témoins, en tout état de cause, un accueil qui ne com- portera pas trace d'ironie. Mais si vous êtes l'objet des plaisanteries de vos proches, la gendarmerie n'y pourra rien...