France-Soir 29 janvier 1978 MURMURES ET CHUCHOTEMENTS... F.S. A BAUR VE ·25/30 janvier 1328. Les OVNI sont trop nombreux pour être LORS que les pou- voirs publics ont chargé une com- mission de scien- A tifiques d'étudier très sérieusement la ques- tion, alors que les témoi- gnages ne cessent de se multiplier, Michel Monne- rie s'apprête à publier un livre qui démystifie tous les phénomènes regroupés sous la rubrique Objets volants non identifiés >. # L'auteur de « Et si les OVNI n'existaient pas ? - a lu dix mille rapports. Il a rencontré des centaines de témoins. Il a fait partie d'un groupe de recherches qui examinait les dossiers sortant de l'ordinaire avec un a priori assez favo- rable aux extra-terrestres. A ce titre il a longuement France-Soir 23 février 1978 "FRANCE-SOIR" 1978 Monique PANTEL Q UAND Steven Spiel- berg lui demanda de jouer le savant français des Ren- contres du troi- sième type>, (qui sort ven- dredi), François Truffaut commença par demander : « Pourquoi moi? Bien sûr, j'ai joué dans mes films : « La nuit américaine» et « L'en- fant sauvage ». Mais je ne peux jouer que mon propre personnage. Je ne pourrais jamais être votre savant. »> Sans qu'il y ait de faux délibérés, il n'y a pas un seul document authenti- que ! Tous les documents que j'ai examinés représen- taient soit la Lune, soit des phares d'automobile, soit des satellites artificiels, soit des avions, soit des défor- mations de sources lumi- neuses. Quant aux témoi- gnages, évalués aujour- d'hui à près de cent mille, ils ne s'accordent jamais ! Chaque observation fait état d'un type d'engin et d'un comportement diffé- Avec la collaboration de Paul WERMUS Après la technique Du haut de ses 29 ans, Spielberg sut si bien lui prou- ver le contraire que, pendant vingt semaines, Truffaut se retrouva au fond de l'Ala- bama, sous le vaste hangar d'aviation où l'on tournait les scènes les plus importantes. honnêtes analysé tous les documents photographiques fournis par les témoins privilégiés. Aujourd'hui il fait connai- tre sa conclusion : « Il faisait une chaleur Insupportable. Par moments, Il voit les extra-terrestres Truffaut: dans « Rencontres du 3⁰ type » F.S. «Un des plus gros succès de l'histoire du cinéma >> rents. Or il ne peut y avoir civilisations extra-terrestres en train de s'intéresser à nous ! mille 2 cent J'en avais assez de passer mon temps à attendre. Dans une superproduction comme celle de Spielberg, les acteurs passent après la technique. C'est quelquefois frustrant. » Un petit sourire Il a un petit sourire, plein du charme discret des ac- teurs modestes. Je devenais jaloux des hélicoptères qui passaient derrière moi quand je jouais. Je me disais : « Je suis aussi intéressant qu'un hélicoptère pourtant! >> 23/02/77- Mais Truffaut ne protesta jamais. Il avait dans la tête un modèle : Jeanne Moreau. . De tous les acteurs et ac- trices que je connais, elle est la plus solidaire du metteur en scène. Elle ne pose jamais de questions, donnant tou- jours la priorité au film. » En foi de quoi Michel Monnerie affirme que l'ufo- logie est une superstition, que les OVNI qui consti- tuent un mythe né de l'in- conscient collectif et de ce qu'il nomme le romantis- me martien ne sont plus du ressort que de la socio- psychologie. Deuxième grande décep- tion spatiale en moins d'une décennie: nous sa- vions qu'il n'y avait rien sur la Lune; nous n'igno- rons plus maintenant qu'il n'y a pas davantage au- delà. Ainsi, Truffaut n'embêta jamais Spielberg. D'ailleurs, le mignon Steven dit aujour- d'hui Truffaut était l'ac- C'est réjouissant de ne pas être dupe mais c'est un peu triste d'être seul... teur le plus professionnel de toute l'équipe. Il n'avait qu'une préoccupation : être discret. » ( on En vérité, Truffaut avait une autre préoccupation : oc- cuper le temps passé à atten- dre entre les prises de vues : On me maquillait, m'habillait et j'attendais quel- quefois une journée entière. J'en ai profité pour écrire le scénario de K La chambre verte», mon film qui sortira début avril. >> Enfants déguisés Quand il ne jouait pas, quand il ne tapait pas sur sa machine à écrire, Truffaut s'extasiait. Il y avait des choses extrêmement belles. Par exemple, les 60 petits en- fants déguisés en extra-terres- tres étaient féeriques. Ils avaient des masques de plas- tique, d'immenses faux yeux et des collants. » Personne ne les reconnais- sait entre eux. Pourtant, de temps en temps, entre ces êtres venus d'ailleurs, éclatait une bagarre enragée. C'est dommage qu'on ne les aît pas filmés dans ces circonstances. La Columbia qui nous finan- çait trouvait que le tournage était trop long. 110 millions > Le film qui coûtait d'abord 55 millions a fini par coûter le double. Mais depuis seule- ment 12 semaines qu'il est sor- ti aux Etats-Unis. «Rencontres du troisième type a déjà sauvé la Columbia de la fail- lite. C'est un des plus gros suc- cès de l'Histoire du cinéma.. Gentiment, Truffaut ne se sent pas responsable de ce succès. « La vedette du film, ce n'est pas moi, mais Richard Dreyfuss et les extra-terres- tres. Mais c'est vrai qu'on m'écrit beaucoup des Etats- Unis depuis trois mois. »