France-Soir 08 novembre 1970 LE DOSSIER DES EXTRA-TERRESTRES (Suite de la page 11.) Est-ce à dire que les voyages interstellaires sont à jamais in- terdits aux hommes ? Est-ce à dire, en conséquence, qu'aucune autre civilisation n'est venue ou ne viendra nous rendre visite ? Nous savons déjà, sans les avoir observés, qu'il peut exister dans l'univers des systèmes qui sont des réservoirs d'énergie à côté desquels les étoiles ordinaires font pâle figure. Si deux corps célestes passent à proximité l'un de l'autre, l'un peut emprunter de l'énergie à l'autre et, par exemple, s'en trouver accéléré sur sa nouvelle trajectoire. C'est en utilisant ce principe que les Américains comptent faire effectuer à leurs sondes le « grand tour » qui comprend les planètes Jupiter, Saturne, Uranus et Neptune. Ce parcours par « ricochets > ne demanderait que sept ans et demi environ... Cependant les planètes géan- tes elles-mêmes sont beaucoup trop légères pour que le gain de vitesse ainsi réalisé soit consi- dérable. Mais il est probable que d'autres systèmes sont plus favo- risés que le nôtre. Au lieu d'une unique, c'est un couple de deux étoiles très rapprochées qui peut constituer le centre d'un système planétaire. Un litre d'étoiles Or il existe des étoiles dites celle « dégénérées » parce qu'elles se sont effondrées sur elles-mêmes et dont la masse, égale du Soleil, peut être condensée dans un astre de quelques kilo- mètres seulement de diamètre. On les appelle des « étoiles à neutrons ». Un litre de leur ma- tière pèse autant que nos pétro- liers géants ! C'est dire que le champ de gravitation dans leur voisinage est extraordinairement élevé. Eh bien, si deux étoiles jumelles sont des « étoiles à neu- trons », il existe autour d'elles des trajectoires sur lesquelles un corps est brutalement accéléré jusqu'à des vitesses très voisines de celle de la lumière. Frank Dyson a imaginé la fa- çon dont les habitants d'un tel système pourraient en tirer pro- fit. Ils y puiseraient d'abord une énergie gigantesque, mais sur- tout ils s'en serviraient comme d'un moteur naturel pour pro- pulser leurs astronefs. Les pas- sagers de ces engins attein- draient une vitesse très voisine de celle de la lumière, mais on démontre qu'ils ne subiraient qu'une accélération très suppor- table. En effet, leur corps serait accéléré par l'étoile en même temps et au même titre que le vaisseau qui les abrite. prolongée par la reproduction cours de route. De telles migrations mettral notre civilisation à l'abri de taines causes d'extinction te que l'accident nucléaire ou destruction cosmique. 1970 by François BIRA et Jean-Claude RIBES. Editi Fayard. PROCHAIN U ARTICLE L'ESPERANTO COSMIQUE F Civilisations Voisines Il existe aussi des régions de notre Galaxie où le nombre des étoiles est beaucoup plus élevé que dans le système solaire, Les zones les plus denses ont reçu le nom d'Amas dont on distin- gue deux catégories: les Amas globulaires et les Amas ouverts. Les premiers sont d'énormes agglomérations stellaires, dont la forme est à peu près sphéri- que et qui comprennent des centaines de milliers, voire des millions d'étoiles. Les Amas ou- verts n'en contiennent que quel- ques centaines ou quelques mil- liers tout au plus. On estime que notre Galaxie comprend une centaine d'Amas globulaires et qu'il est possible d'en distinguer trois à l'oeil nu: les Amas du Centaure, 47 Tou- can et M 13 d'Hercule. Certains d'entr eux ont été reconnus par Herschel à la fin du dix- huitième siècle. Alors que les distances qui séparent les étoiles les unes des autres, autour du Soleil, sont de plusieurs années-lumière, elles sont de l'ordre de quel- ques semaines ou même quel- ques jours-lumière dans les Amas globulaires. Une civilisation née dans ces parages privilégiés a donc des facilités incomparables pour essaimer sur d'autres systèmes planétaires ou pour entrer en contact avec d'autres civilisa- tions. Si, comme on a de bonnes raisons de le penser, toutes les étoiles d'un Amas globulaire ont sensiblement le même âge, la probabilité pour que des civi- lisations voisines soient contem- poraines augmente: et, par conséquent, celle du contact entre deux humanités qui se fertiliseraient l'une l'autre. Départs sans retour Les Amas globulaires semblent particulièrement favorables à la naissance de supercivilisations et il paraît souhaitable de les sélec- tionner en priorité pour une re- cherche d'éventuels signaux extra-terrestres. Quant au rythme de vie, fata- lement adapté aux conditions particulières de chaque planète, rien ne nous autorise à le croire toujours semblable au nôtre. Il peut être beaucoup plus lent ou même être comparable à celui que nous avons, mais durer plus longtemps Comment ces phéno- mènes nous qui avons déjà su doubler notre moyenne de vie ? Tout se passerait alors comme si la vitesse des engins spatiaux était plus élevée ou les distances à parcourir moins grandes. nous surprendraient-ils, Et puis, il est enfin d'autres possibilités dont nous n'avons pas encore parlé, ce sont celles de voyages sans retour. L'his- toire de l'humanité est pleine de ces migrations définitives qui correspondent à des poussées ou à des attirances. Pourquoi l'hom- me limiterait-il soudain son ambi- tion à explorer l'espace ? Le jour viendra peut-être où notre civilisation aura l'envie ou le be soin de le coloniser de proche en proche. Des vaisseaux empor. teront alors des familles entières qui auront le choix entre l'hiber nation ou l'existence naturelle,