LES PORTUGAIS SONT TOUS GAIS (ET GAIS (ET PARFOIS FARCEURS) M. D'OLIVEIRA (DE BEUVRY) LANÇAIT DES "SOUCOUPES Le garde-champêtre de Beuvry: « l'engin, au dire des témoins dont j'ai recueilli les déclarations, se dirigeait à faible allure, dans la direction du Sud-Ouest ». BE Tandis que M. D'Oliveira active le feu de papier-journal, sous la montgolfière. sa femme et sa belle-sceur déplient les flans du sphérique qui prendra son envol. BUATAC VANDPURULE VOLANTES" F AUT-IL espérer que la marotte de M. Victor D'Oliveira, retraité, demeu- rant au Calvaire de Beuvry-lez-Béthune, contribuera à éclaircir le pro- blème de l'origine et de l'identification des « soucoupes volantes ?. On peut le supposer, encore que la multiplication de ces apparitions, en différents points de la région du Nord et dans toute la France laisserait supposer, dans cette hypothèse, que les farceurs sont encore nombreux... Victor D'Oliveira qui est d'origine portugaise a conservé de son enfance un goût prononcé pour la confection et le lancement des montgolfières. Cet innocent « dada» qui s'apparente un peu à la passion d'un personnage de Dickens pour les cerf-volants est bien connu de la population de Beuvry le 14 juillet, on a eu maintes fois recours au talent ingénieux de M. D'Oliveira pour, rehausser d'un degré la fête communale par le lancement d'un aérostat. Personne n'y a jamais vu de mal... Depuis qu'il est revenu à Béthune, après la guerre, en 1922, notre astronaute-amateur déclare avoir lancé deux ou trois. miliers de ballons de taille et de forme diverses. Certains, qu'il découpait dans de vieux papiers d'emballage, atteignaient, déployés, une hauteur de sept à dix mètres. Il les gonflait à l'air chaud, par un feu de feuilles de journaux et il accrochait à l'intérieur un « foyer> constitué par des morceaux d'amiante imbibés de pétrole qui, n'étant pas incandescents, limitaient le risque d'incen- die. Il lui arriva même d'accrocher au sphérique une couronne de « bougies >> et une réserve de pétards d'artifice qui éclataient et s'illuminaient au cours de l'ascension. - C'est réellement féerique comme spectacle, la nuit, quand le temps est beau, raconte-t-il lui-même, les yeux brillants de plaisir. Il arriva que, l'autre soir, une des montgolfières embrasées de M. D'Oliveira atterrit dans un pré devant quelques habitants de Sailly. Après quelques ins- tants d'étonnement et de réflexion... prudente, quand on se fut assuré qu'aucun gnome débarqué de Mars ou de Vénus ne prenait, possession du terrain après l'avoir balayé d'un rayon pétrifiant, on s'en fut ramasser soigneusement l'en- gin dont le garde-champêtre prit possession très réglementairement. Et la « soucoupe volante» atterrit administrativement dans les bureaux du Commissariat de police de Béthune où son «inventeur» est bien connu. Fallait-il dresser procès-verbal ? On fouilla les règlements et les codes. Que retenir contre M. D'Oliveira? Menée visant à troubler l'ordre public ? Jets. d'engins dangereux susceptibles de blesser un tiers ? Et pourquoi pas «en- trave à la circulation aérienne ? ». Le tout pouvant se solder par une amende de 900 francs, on a décidé de passer outre et M. D'Oliveira a été renvoyé à ses jeux innocents. Une source de chaleur permet au ballon de s'élever. Un foyer, placé à l'intérieur, entretient le courant d'air chaud et illumine le sphérique.