200 CHASSEURS D'IMAGES AMÉRICAINS GUETTENT LES "SOUCOUPES VOLANTES" UNE ETUDE DE MAURICE BARBOTIN L E comportement des soucoupes est marqué du sceau de la plus haute fantaisie; et par- mi les centaines, les milliers même, d'ob- servations qui ont été retenues comme inex- plicables par des phénomènes naturels, on est embarrasse pour choisir les plus bizarres. Pour- tant, il en est une qui ne ressemble pas tout à fait aux autres : c'est le cas Mantell, qui se ca- ractérise par sa durée, vingt-cinq minutes. - et par son épilogue exceptionnellement dramati- que. Le 7 janvier 1948, vers 15 h., les autorités de la base aérienne de Godman, pres de Fort Knox (Kentucky), étaient en etat d'alerte: la police militaire leur avait signaie qu'un engin insolue et monumental survolait la region. Bon nombre des officiers de la base se trouvaient rassembles autour de leur chef, le colonel Hix. Soudain, cre- vant les nuages, surgit un énorme aisque, renfié en son centre; trois chasseurs Mustang », di- rigés précisément par le capitaine Thomas Man- teil, decollèrent aussitôt pour y aller voir de plus près. En liaison avec la tour de controle, le chef de patrouille communiquait ses impressions ; se- lon ses propres termes, le visiteur inconnu avait une taille effrayante. En grimpant i annonça qu'il monterait jusqu'à 7.000 metres et que, s'il ne le rattrapait pas, il abandonnerait la pour- suite. Ce fut son dernier message. Dans la soi- rée, on trouva, éparpillés sur plusieurs kilomè- tres, les débris du F-51 de Mantell. Outre les nombreux témoins du drame, qui dura 5 minutes, une foule de personnes virent a soucoupe géante dont le diamètre fut estimé entre cent et cent- cinquante mètres. La disparition de Mantell sema la frayeur on attribua cette mort à l'engin in- connu qu'il avait pris en chasse. C'était plus qu'il n'en fallait pour mettre à l'épreuve la perspica- cité des enquêteurs. Ils peinèrent deux années durant pour finir par publier un rapport où ils émettaient l'hypothèse que Mantell avait dû périr asphixié par manque d'oxygène. Et en fait, que cette supposition soit juste, ou que le pilote ait surestimé la résistante de son Mustang » dans une manoeuvre un peu trop hardie, nous inclinons à croire que l'accident n'est pas le fait, directe- ment, de la soucoupe, car les pilotes de ces bo- lides interplanétaires n'ont jamais manifesté d'in- tentions agressives. Mentionnons un autre cas dont on ne peut sus- pecter la véracité. D'immenses disques furent ob- servés à l'œil nu et suivis au théodolite au mois d'avril 1949 à la base secrète des White Sands. D'un diamètre estimé à une quarantaine de mè- tres, ils accompagnèrent dans sa course une fusée de type V-2 en expérimentation, en tournant au- tour d'elle, puis disparurent à une vitesse de l'ordre de 28.000 km/h. selon les ingénieurs et techniciens qui procédaient aux essais. On a es- sayé de donner comme explication à ce phéno- mène une illusion optique provoquée par la maté- rialisation des ondes de choc; cette explication est plausible mais dans le cas présent, selon les témoins, elle ne cadre en aucune façon avec les faits. Un autre, parmi les centaines de disques re- connus comme des clients sérieux par l'A.T.I.C., qui a fait beaucoup parler de lui dans les milieux officiels, c'est l'engin qui participa à sa façon, le 20 septembre 1952, aux grandes ma- noeuvres de l'0.T.A.N. appelées « Opé- ration Grande Vergue », en Mer du Nord. Ce disque argenté survola la flotte alliée, et fut même photographié en couleurs on n'a du reste plus jamais revu ni entendu parler de ces photos et malgré le nombre impor- fant des témoins, c'est à peine si l'on parla de l'incident. Pourtant, cette soucoupe, car c'était probablement la même, accompagna un Gloster Me- teor qui participait aux opérations. jusqu'en Angleterre. Après s'être ba- lancé puis arrêté quelques instants pendant que le « Meteor» se posait, il disparut avec une accélération fou- droyante. Plusieurs explications ti- rées par les cheveux, il faut bien le dire furent proposées, mais ont été rejetées par l'Air Ministry qui n'a ja- mais, depuis lors, nié la réalité des faits. C'est du reste à partir de cet incident que les Soucoupes Volantes ont été prises très au sérieux dans les milieux officiels d'Outre-Manche. Des photographies ont été prises plusieurs fois de soucoupes volantes : les services américains garderaient se- crets, paraît-il, des documents d'un intérêt tout particulier, notamment une bande d'une bonne dizaine de mètres tournée, dans l'Utah, par un sous-officier de la marine. Depuis près d'un an, l'U.S. Air Force a fait fabriquer des caméras spéciales prenant simultanément une photo ordi- naire et une image spectrographique de la sou- coupe observée. Deux cents opérateurs sélection- nés ont été répartis sur tout le territoire des Etats- Unis et 75 autres envoyés en divers points du monde. On ignore si ces chasseurs d'images ont déjà pris des documents intéressants. DES CARACTERISTIQUES COMMUNES Des séries d'observations enregistrées, on peut faire ressortir un certain nombre de caracterisu- ques communes aux soucoupes volantes. Leur ap- parence immaterielle frappe d'abord leur légèreté apparente, leur aisance a circuler dans l'atmosphè- re (ceci pose, on le sait, a nos constructeurs cer- tains problèmes ardus dès que leurs appareils at- teignent simplement la vitesse du son), leur si- tence, aussi bien en ce qui concerne leur mo- teur que les ondes de choc et les fameux « bang » soniques que l'on devrait entendre, dans certaines conditions favorables, lorsqu'elles accélèrent et passent par la vitesse de Mach-'. Leur maniabilité est également invraisemblable: elles évoluent dans tous les sens, et passent souvent par saccades en quelques secondes ou fractions de secondes de i immobilité ou d'une vitesse lente aux grandes allures, réalisent des changements de direction a angle droit, des ressources ahurissantes, des chan- deites vertigineuses. Leur vitesse va de zero au- delà de 30.000 km/h. On pourrait se demander comment on a pu cal- culer ces vitesses: si leur valeur ne peut être que très approximativement estimée à l'oeil nu, il est possible par contre de l'apprécier au radar avec une précision d'autant plus satisfaisante qu'elle est basée sur plusieurs observations simultanées. Un corps se déplaçant dans le ciel laisse en effet sur l'écran fluorescent bleu-vert de cet appareil une image brun-pourpre lorsque le faisceau d'on- des émis par l'antenne tournante le rencontre : cette impression » subsiste plusieurs secondes, dès lors plusieurs points de la trajectoire restent inscrits simultanément, comme en pointillé, et la distance séparant ces points permet d'évaluer la vitesse de l'objet repéré. L'altitude des soucoupes, variable, a été aussi relevée avec précision, tant au radar qu'à vue d'oeil, par comparaison avec l'alti- tude connue des nuages, ou les dimensions d'objets voisins. Un fait aussi communément remarqué le chan- gement de coloration des soucoupes suivant leur vitesse ou plus exactement la puissance mise en jeu par le moteur; leur lumière irréelle prenant plus d'éclat surtout à l'instant où elles accélèrent. Cette lueur nimbe les globes et les disques, mais se situe à l'arrière des cigares, à la manière d'une queue de comète. La lumière émise par les sou- coupes présente dans la plupart des cas un carac- tère pulsatoire. Assez souvent, d'autre part, on a observé des jets d'étincelles précédant d'une frac- tion de seconde le démarrage des engins. Enfin, dernier caractère propre aux soucoupes: leurs qualités mécaniques absolument idéales. Ja- mais encore on n'a enregistré, oficiellement, un accident survenu à une soucoupe: jamais le moin- BESCH NS-97 FOTITIL dre bout de tôle ou écrou qui se soit détaché ! Quelques observateurs ont rapporté avoir vu des disques ou des cigares stationnant sur le sol ou très près de lui: on a cependant rarement re- levé une trace quelconque, sauf à Quarouble, en ce qui concerne notre région. On a toujours été frappé du silence accompagant leurs évolutions ; tout au plus quelques témoins parlent-ils d'un lé- ger sifflement, d'un chuintement. LES REACTIONS DE DIVERS PAYS DEVANT LE PROBLEME DES SOUCOUPES VOLANTES L'attitude des pays du monde devant le problème posé par les soucoupes est differente. De Russie, peu d'informations les autorités soviétiques ne semblent guère attacher foi à l'existence des sou- coupes. En revanche, on a fait courir le bruit que les Soviets étaient les auteurs de ces appareils d'avant-garde. Rien n'autorise à le croire, au con- traire en U.R.S.S., on continue de construire des avions de plus en plus lourds, et l'on arrive avec peine à franchir le mur du son, tout comme en Amérique. Et quel que soit le nombre de savants et de spécialistes allemands dont les Soviets ont pu s'assurer les services, ils ne peuvent et le pu- rent encore moins en 1947, par exemple, avoir réalisé l'avance technique requise pour construire des soucoupes volantes, avance correspondant à un saut de plusieurs dizaines d'années dans le fu- tur. Au reste, la science et les techniques ne font pas de bonds aussi gigantesques. En Angleterre, nous l'avons dit, on admet offi- ciellement l'existence des soucoupes volantes, et des organismes ont été constitués dans le but de résoudre cette énigme. En France, par contre, le scepticisme règne a ce sujet rien n'a été tenté officiellement pour tirer la question au clair. Cer- tes, un ou deux groupements prives se sont bien formés pour pallier cette carence, mais leurs moyens d'investigation restreints n'ont pas permis à leurs travaux, semble-t-il, d'apporter quelque lumière nouvelle. Les Etats-Unis furent les premiers à s'atteler sérieusement au problème. Dès la fin de décembre 1947, James Forrestal ordonnait la création de la commission Project Blue Book» elle resta en fonction pendant deux ans, mais ne fit apparem- ment pas avancer la solution. Un nouvel organisme lui succéda, travaillant sous l'égide de l'Air Tech- nical Intelligence Center, et doté de moyens puis- sants. Il examine chaque année de 2 à 3.000 rap- ports d'observations au cours d'enquêtes scrupu- ieuses environ deux tiers des cas trouvent une explication naturelle, mais le tiers restant demeure inexplicable: si l'on ne prend pas le parti de les nier d'emblée, force est d'attribuer à ces phéno- mènes une origine extra-terrestre. L'un des direc- teurs de la nouvelle commission américaine, au travail depuis décembre 1949, l'illustre astronome Clyde Tombaugh, fut témoin lui-même, nous l'a- vons déjà dit, de l'apparition d'un cigare volant. L'A.T.I.C. ne publie plus qu'une partie des rap- ports les autres, gardés secrets, nous appren- draient probablement beaucoup sur ce sujet bru- lant. Toutefois il ne nie pas l'existence des soucou- pes volantes et accepte même l'hypothèse d'une origine extra-planétaire. Voici d'ailleurs un extrait d'une interview du général Samford publié par * See > : Ce modèle réduit de ce qu'on imagine être une soucoupe volante, a été conçu par un jeune étudiant de Northup Aeronautical Institute, à Inglewood (U.S.A.) Propulsé (en imagination) par huit turbo-réacteurs, il a été commandé par un Museum. La réalisation d'un tel engin est possible, disent des experts américains. «Rien ne prouve que des êtres ve- nant d'une autre planète aient rendu visite à la Terre. Cependant, l'Air For- ce estime que nier l'éventualité d'une telle possibilité serait déraisonnable. Les faibles données que nous possé- dons sur la structure de l'univers et les manifestations de l'énergie cosmi- que ne nous autorisent pas à nier que des êtres doués d'intelligence puissent exister autre part que sur Terre. De plus l'Air Force ne nie pas que de tels êtres originaires d'une autre planète puissent sinon atterrir sur notre glo- be, du moins naviguer dans notre at- mosphère. Toutefois l'Air Force sou- ligne un point rien ne prouve que cette éventualité soit devenue une réa- lité >>. On ne saurait user davantage de diplomatie pour préparer progressive- ment l'opinion publique à apprendre le secret des soucoupes volantes. Pour suivre : TENTATIVES D'EXPLICATIONS (Voir le N° 30 de Semaine du Nord). 9