L'AFFAIRE DES SOUCOUPES, EN PICARDIE Les deux maçons ont refait le chemin qu'ils parcoururent à travers champs. A droite, ils indiquent à notre envoyé spécial la direction prise par l'engin. deux héros du jour étaient reçus par l'état-major de la gendarmerie picarde. Ils rentrèrent chez eux à la tombée de la nuit. Ils venaient de subir chacun, séparément, près de trois heures d'interrogatoire. -De quoi vous dégoûter à jamais des soucoupes volantes, nous lancent-ils du haut de l'échafaudage où nous les avons surpris le surlendemain à Bouzin- court. Et qui est-ce qui nous dédommagera des heures de travail perdues ? ». Ils en perdront sans doute bien d'autres si, comme on le dit, ils doivent être entendus par les spécialistes qui se penchent depuis quelques années sur le mystère des soucoupes. De leur côté, les gendarmes ont pu établir que les récits des deux hommes concordaient parfaitement, jusque dans les moindres détails. Ils ont appris, par leurs collègues d'Acheux, que Renard et Gilleboz étaient bien considérés, sobres et travailleurs. Ils sont allés, avec eux, sur les lieux de l'apparition, mais aucune trace n'a pu encore être relevée. Ils sont allés, aussi, à Estrée-Deniécourt, près de Péronne, où des habitants préten- daient avoir aperçu un engin, mercredi soir. Mais leur arrivée a paralysé les langues, et il est probable qu'il s'agissait de fumistes inspirés par l'affaire d'Acheux. «Cette chose n'était pas posée sur le sol» Emile Renard et Yves de Gillaboz nous ont accompagnés, jusque sur le champ d'où se serait envolé le mystérieux engin. - En me rapprochant, je ne le quittais pas des yeux, nous dit Emile Renard. On aurait dit une meule qui n'était pas terminée. Ça avait une dizaine de mètres de diamètre, sur trois mètres environ de hauteur... L'engin tournait-il sur lui-même, comme un disque ? -Non, il oscillait sur sa base, mais il ne tournait pas, puisque j'ai nette- ment aperçu, sur la gauche de la paroi qui nous faisait face, une sorte de porte plus large que haute. Mais elle était fermée. - Tout de même, cela semble incroyable que l'engin n'ait laissé aucune trace, et n'ait fait aucun bruit en s'enfuyant ? L'artisan maçon crispe ses lèvres volontaires et s'écrie : -Que voulez-vous ? Je ne peux pas vous dire ce que je n'ai pas vu ou entendu! Moi je pense que cette chose n'était pas posée sur le sol. Je vous signale aussi que j'ai remarqué qu'une légère fumée s'échappait par une sorte de tuyau placé dans sa partie basse. - Moi aussi, je l'ai vu, confirme Yves de Gilleboz qui poursuit, inquiet: Hallucination collective ? Les deux hommes n'ont pas du tout le genre visionnaire. Ils ne connaissent rien de la littérature fantastique, et le film « La Guerre des Mondes » n'est pas encore distribué dans cette région. Sou- coupe volante ou engin secret d'une nation inconnue ? Le mystère est sans doute loin d'être élucidé. - Tout ça, c'est trop compliqué pour moi ! nous a dit Emile Renard. Je ne suis pas un savant. -Moi, en tous cas, ça ne me dit rien de bon, conclut Yves de Gillaboz. Cette sacrée soucoupe me fait perdre mon temps. Et mon sommeil: je ne sais plus dormir le soir... Mais le jour même où les habitants d'Origny-en-Tiérache venaient décrire à la gendarmerie un engin lumineux qu'ils avaient vu passer, le 7 septembre - description qui confirme la déposition des deux maçons l'actualité rebon- dissait dans la salle de commissariat d'un village du Valenciennois où, en pleine nuit, un homme terrifié, vint raconter une nouvelle et non moins extraordinaire aventure... L'ouvrier maçon Yves de Gillabroz: Moi, tout ça, ça m'empêche de dormir ». VOIR PAGES SUIVANTES