7 SEPTEMBRE: UN NOUVEAU CHAPITRE DE A gauche, le paysage qui fut le théâtre de l'apparition, entre Harponville et Contay. La croix indique l'endroit approximatif d'où se serait envolé l'engin inconnu. E N quatre jours, du 7 au 11 septembre, deux maçons picards et un ouvrier métallurgiste de Quarouble ont ajouté deux nouveaux chapitres à la fabuleuse histoire des soucoupes volantes. Les similitudes que présen- tent leurs déclarations, à quelques jours d'intervalle, sont particulière- ment troublantes. Des témoignages dignes de foi, recueillis depuis, sont venus confirmer les dépositions. A Quarouble, pour la première fois, des traces sus- pectes ont été relevées. Les services officiels prennent l'affaire au sérieux : trois inspecteurs de la Police de l'Air ont enquêté pendant 48 heures dans le Valenciennois, et la gendarmerie d'Amiens possède désormais un dossier soucoupes» où figurent les rapports de ses enquêteurs et les dépositions signées d'Emile Renard, 28 ans, artisan-maçon, rue de Louvancourt à Acheux- en-Amiénois, et de son ouvrier, Yves de Gillaboz, 23 ans, rue de Bertrancourt. L'aventure que racontent les deux Picards se déroule le 7 septembre à 7 h. 15. Le ciel gris et brouillasseux donne à la campagne une couleur de roman d'anticipation. Sur la route, entre Harponville et Contay, deux hommes péda- lent en silence, leur sac d'outils sur le dos. Ils peinent dans la côte, en maudis- sant la panne qui les prive depuis la veille de leur solide B-12. Au sommet du raidillon, Emile Renard cesse brusquement de pédaler. Son doigt désigne, au-delà des meules, à 1.500 mètres, un bosquet: -Drôle de meule ! Tu la vois ? Son camarade hausse les épaules. Il s'intéresse beaucoup plus à l'inquiétante agonie de son pneu arrière. Effectivement, un kilomètre plus loin, la chambre à air rend le dernier soupir. Les deux maçons mettent pied à terre. Yves de Gillaboz répare en maugréant. Son patron attend, les mains sur les hanches. Soudain, en tendant à son ouvrier la pompe de sa bicyclette, Emile Renard éprouve à nouveau un curieux sentiment de malaise. Ses yeux fixent la meule aux formes étranges repérée du haut de la côte. Elle n'a pas la couleur mor- dorée que les paysans connaissent bien. Elle est grise, d'un gris mat et sale. Et elle bouge... Elle oscille sur sa base. 12- -Comme une assiette retournée jetée négligemment sur une table, dira plus tard Yves de Gillaboz. Le premier moment de stupéfaction passé, Emile Renard n'hésite pas une seconde: «Bon sang, c'est pas une meule, ça ! Je vais y voir ». L'ouvrier, lui, n'est pas rassuré. Impressionné par les légendes qui courent sur les mystérieux engins stellaires, il tente de retenir son patron. Mais Emile Renard est déjà loin. Il avance vers l'étrange objet, à grandes enjambées dans le champ de blé fraichement moissonné. Yves de Gillaboz s'enhardit, et s'élance à son tour. Emile Renard n'est plus qu'à 150 mètres de l'appareil. -«Il se balançait toujours, sans bruit, à environ 50 centimètres du sol >. Soudain, alors que le patron maçon s'engage dans le champ de betteraves qui le sépare encore de son but, l'incroyable se produit. La chose» s'élève rapidement à la verticale, pendant une quinzaine de mètres. Elle ralentit, puis file vers le nord-ouest, vers Toutancourt, après avoir survolé le bosquet tout proche. Elle disparaît dans le brouillard. Sur la lisière du champ de betteraves, Emile Renard, bouleversé, s'est immobilisé. Incapable de prononcer une seule parole, il sort de sa torpeur sur une bourrade de son ouvrier qui l'a rejoint, tremblant de peur. Lentement, les deux hommes, toujours silencieux, regagnent la route. Trois heures d'interrogatoire Telle est l'extraordinaire aventure qu'affirment avoir vécue Emile Renard et Yves de Gillaboz. Ce n'est pas une histoire qu'ils racontent, devant un litron de rouge, pour épater leurs amis. Dès le mardi midi, ils sont allés, de leur plein gré, exposer les faits aux gendarmes de Corbie. -On aurait mieux fait de rien dire! soupire cependant Yves de Gillaboz. En effet, les gendarmes, fonctionnaires consciencieux, n'ont pas souri. Ils ont téléphoné au commandant départemental, à Amiens. Une heure plus tard, les M. Emile Renard, artisan maçon, a aperçu le premier l'engin à 7 h. 15 du matin. DE NOS ENVOYES SPECIAUX : ROBERT LEFEBVRE ET YVES CONTI