LE MILLION DE "RADAR" Dans un salon du restaurant Drouant, place Gaillon, à côté de Georges Pagnoud (extrême gauche), représentant « Radar », le jury du Million. De g. à dr. : le général L.-M. Chassin, M. Ananoff et M. Natkin. LE JURY N'EST TOUJOURS PAS CONVAINCU REJETÉS SANS APPEL ALÈS C'est le de photo C'est très douteux. où l'on essaie de nous faire prendre un grossier truquage pour une soucoupe. Pour- tant, le ton de bonne foi de M. René Roche est indé- niable, Membre du jury au concours Lépine, il a le goût inné des inventions. Il date celle-ci du lundi de Pâ- ques 1952, aux premières lueurs de l'aube printanière. MARSEILLE Trop éclairé. déjà éliminé lors d'un précédent M. Ates, architecte, envoi, ne se tient pas pour battu. Il appartient à la catégorie de ceux qui ne peuvent accepter qu'on mette en doute leur sincérité. Pourtant, l'excessive clarté qui baigne son document interdit de le prendre au sérieux. Il évoque irrésistiblement une maquette. -RADAR 14 NOVEMBRE 1954. ADAR » a réuni son jury autour d'une ta- «Rble du restaurant Drouant, dans le salon même où les académiciens Goncourt dé- cernent leur prix. M. Chéreau, retenu à l'étran- ger, s'était fait excuser. Le général Chassin, M. Natkin et M. Ananoff se sont livrés à un examen approfondi non seulement des photos envoyées par les concurrents, mais encore des lettres dont ils les accompagnent. Ce sont, en effet, des docu- ments dont la psychologie mérite qu'on la regar- de de très près. A l'amour de la légitime vérité, au goût de la science, à l'appât du gain s'ajoutent des sentiments plus complexes. Le plus curieux est, sans doute, le besoin de se mystifier soi-même avant de mystifier les autres. Le moins inattendu HAUTES-PYRÉNÉES Ça mérite un examen. Le document fourni est si petit, qu'il en parait sincère. Il l'exami- ner de très près. Son auteur, M. Sto, qui habite St-Erne, dans l'Aisne, l'aurait obtenu dans les Hautes-Pyrénées. Mais il ne nomme pas la charmante bourgade que l'on voit SEDAN c'est la réaction de mauvaise humeur à laquelle n'échappe aucun des concurrents éliminés. Elle est aussi fatale que la pesanteur. Cependant, une fois retranché de la masse des envois tout ce qui est techniquement indéfendable, il est intéressant de se pencher sur la technique des habiles. En effet, quatre hypothèses et quatre seulement peuvent être envisagées: 1. La soucoupe est vraie et la photo aussi. 2. Photo vraie, mais soucoupe faus- se : il ne s'agit pas d'un truquage photographique, mais d'un truquage des faits. 3. La photographie est bien truquée, c'est-à-dire qu'on a procédé, par surimpression de deux images du même néga- tif, directement à la prise de vue. 4. La photo est mal truquée (photo-montage, surimpression, etc.). Un amateur averti. film Perutj ». C'est donc amateur et peut-être même un technicien très averti. Plusieurs hypothèses possibles. En voici quelques-unes, non 29 M. Max Duchein le limitatives simples points lumineux, halo et, fort vrai- semblablement, ce qui ne serait pas sans humour, une coupe de champagne en train de mousser abondamment. Mais il faut reconnaitre que ça vous a un « air astronautique ». Par bonheur, toutes ces formes de mensonge sont aisément décelables pour tous les yeux avertis. La naïveté des truqueurs dépasse l'imagination. Oui, ce sont vraiment eux qui s'illusionnent et non pas leurs juges. Qu'ils en soient bien convaincus avant d'engager leurs frais de falsification. Car il ne faut pas oublier que le but de cette compétition, c'est d'aider la science à percer un indéniable mystère. Par conséquent, à égalité d'honnêteté, c'est, on le comprend aisément, le document le plus net qui prévaudra. La prudence est donc la règle d'or in- tellectuelle de nos jurés. Ils sont trop avertis de toutes les données du problème pour ne pas se réserver la faculté de poser des questions aux can- didats dont les envois seront dignes d'examen. sur son cliché. Après l'avoir longtemps seruté, nos jurés ont fini par se demander s'il ne s'agirait pas tout bonnement d'une vulgaire goutte d'hyposulfite. Mais, bien. entendu, ils sont unanimement disposés à étudier un tirage sur un plus grand format. Seul un tel document permettra d'accepter ou de rejeter avec certitude cette soucoupe. DEUX CANDIDATS PLUS SÉRIEUX Sans rallier pleinement les mem- bres de notre jury, deux envois ont cependant retenu son atten- tion. Ce sont les documents adressés par M. Grin-Grin, à Lu- cerne (Suisse), et M. Aleko Li- lius, à Tanger (Maroc). Il appar- tient néanmoins à ces deux candi- dats, conformément au règlement de « Radar »>, de nous faire parve- nir la pellicule de leur cliché.