"POUR" ET "CONTRE" HAUSSENT LE TON JEAN ROSTAND: Rien ne permet d'affirmer que la vie existe sur d'autres planètes LIEUTENANT PLANTIER: Les soucoupes volantes sont pilotées par des êtres d'un autre monde NGINS silencieux, les soucoupes volantes E font de plus en plus parler. Chaque en Allemagne, en Egypte, au Cameroun, au Liban. Des témoins reconnus sains d'esprit, en nombre de plus en plus important, affir- ment avoir vu les occupants de ces engins. jour, nos contemporains s'abordent avec la question du demi-siècle aux lèvres : « En as-tu vu? ». Après avoir d'abord évolué dans les cieux d'Amérique et de France, les mystérieux appareils étendent leur champ d'investigation. On en signale maintenant « Radar » l'a déjà dit le monde se par- tage en soucoupistes » et « antisoucou- pistes ». Dans les deux camps on cherche des appuis et des arguments chez les spécia- listes du ciel et chez les savants. Mais ces derniers sont eux-mêmes divisés en trois groupes. Il y a ceux qui croient ; ceux qui doutent; ceux qui nient. D'où viennent-ils? Explorateurs ? Tou- ristes interplanétaires en congé payé ? Es- pions précédant les guerriers prêts à envahir la Terre ? CEUX QUI CROIENT P ARLONS d'abord d'un lieutenant. de l'Armée de l'Air sur qui l'ac- tualité braque son projecteur. Le lieutenant Plantier, 30 ans, qui après avoir combattu en Indochine est au- jourd'hui pilote à Villacoublay. On doit à ce jeune technicien, qui en riant. s'appelle « physicien détective », la théorie la plus révolutionnaire conçue jusqu'à présent pour justifier l'exis- tence des soucoupes. Le lieutenant Plantier débute par cet aveu: - Partisan convaincu de l'existence des soucoupes, à bord de mon avion je ne cesse pas de scruter l'espace. Jus- qu'à ce jour, je n'ai pas aperçu un seul engin. Mais je ne désespère pas. J'ai recueilli trop de témoignages de gens à la tête bien faite et bien pleine pour douter. Comme l'astronome Leverrier qui. au siècle dernier, découvrit Neptune par le calcul. c'est aussi en partant d'une hypothèse s'appuyant sur un cal- cul que le lieutenant Plantier a péné- tré dans le monde des soucoupes. En 1952, déjà, alors qu'aucun dessin d'an- ticipation n'avait paru sur l'engin, il en précisait le premier la conformation. Une étude sur l'évolution des techniques humaines m'avait à l'épo- que amené à imaginer « l'engin su- personique et interstellaire idéal ». Depuis 1952, avec l'étonnement qu'on devine, j'ai assisté à l'évolution du problème des soucoupes, évolution confirmant mon hypothèse initiale. Selon le lieutenant Plantier, nous sommes en droit d'imaginer l'existence d'une énergie cosmique d'une puissan- ce illimitée. circulant à travers l'espa- ce. Cette énergie créerait un champ de force dont l'utilisation marquerait le terme du « perfectionnement dans la technique des déplacements à très grande vitesse ». Si un engin possède à bord un ou plusieurs capteurs de cette énergie, ses possibilités d'évolu- tion deviennent fantastiques. La vi- tesse atteinte tendrait vers celle de la lumière, soit 300.000 km. à la seconde. La distance Vénus-Terre serait ainsi franchie en moins d'une heure. Ces capteurs joueraient le rôle des moteurs de nos autos, celui aussi des tourni- quets photométriques qui mettent en mouvement les escaliers mécaniques du métro. Un des premiers effets de cette théo- rie est de détruire les solides objec- tions que les sceptiques émettent con- tre les soucoupes. En effet, ils posent quatre questions: 1 Pourquoi les sou- coupes n'émettent-elles aucun bruit ? 2° Pourquoi résistent-elles à l'échauffe- ment dù aux grandes vitesses? 3 Pourquoi les passagers évitent-ils l'écrasement contre les parois ? 4 Pourquoi ces engins changent-ils d'as- pect subitement et émettent-ils des flammes ? Le lieutenant Plantier répond 1 L'engin est silencieux parce qu'au mi- lieu du champ de force, il entraine dans sa course une épaisse couche d'atmosphère ; 2° Pas d'échauffement, puisque cette couche protège contre le choc du mur du son; 3° Pas d'écra- sement des passagers parce que l'éner- ,gie cosmique a tire» au même mo- ment. à la même vitesse sur toute la soucoupe, y compris les corps des oc- cupants. Ces derniers ne peuvent pas plus souffrir de la vitesse que les hom- mes ne souffrent du mouvement de rotation et de translation de la Terre : 4 Changernents d'aspect et flammes sont explicables par l'action de l'éner- -Je ne crois pas à ces sornettes. Mais pour plus amples renseignements, adressez-vous done à mon jeune con- frère de l'Observatoire de Meudon, M. Audouin Dolfuss, grand spécialiste des planètes. - M. Audouin Dolfuss, fils du célèbre aéronaute Charles Dolfuss, s'est déjà signalé à l'attention publique en mon- tant, le 30 mai dernier, avec son père. à bord d'un ballon libre qui s'éleva à 7 km, de hauteur. A cette distance de la Terre, le jeune astronome a lon- guement examiné Mars. Il nous dit : - L'année dernière, me trouvant en ballon au-dessus de la Bretagne, j'eus une des plus fortes émotions de ma vie. J'aperçus enfin une soucoupe. Hé- las! vérification faite, j'avais été vic- time, comme tant d'autres, d'une illu- sion d'optique. Ce précédent me rend tout à fait prudent. Mais je ne rejette aucune hypothèse. Sachez pourtant que pour nous autres, astronomes. le pro- blème des soucoupes est le dernier au- quel nous donnons notre attention. Nous sommes trop habitués à observer dans le ciel des phénomènes étranges : ils sont quotidiens. 4 gie cosmique sur chaque atome de l'engin. action modifiant brutalement la composition électrique de l'atome.. Cette théorie explique aussi pour- quoi on n'a jamais trouvé jusqu'à ce jour d'engins accidentés ou en panne. Une panne par manque de carburant est impossible puisque l'énergie ato- mique est inépuisable. D'autre part, au cas d'immobilisation pour une cau- se quelconque, l'engin se volatiliserait dès son contact avec l'air immobile. Pour l'audacieux technicien, il est hors de doute que a les soucoupes. viennent d'un autre monde et que leurs passagers sont des êtres en avan- ce sur nous de quelques lustres ou même quelques siècles ». Ils connais- sent et utilisent depuis longtemps cet- te énergie cosmique que nos physi- ciens classiques nient. encore parce qu'elle a réussi « le tour de force. d'échapper à leurs recherches ». Sur cette conception, ceuvre d'un of- ficier de l'Air, les milieux militaires refusent de se prononcer. Mais l'au- teur a eu tout loisir de l'exposer dans la revue officieuse du Ministère « For- ces aériennes françaises ». De plus, un autre spécialiste, le capitaine Clé- rouin, n'hésite pas à déclarer : L'hypothèse des soucoupes ne re- pose sur aucun fait précis. Aussi ne doit-elle être accueillie qu'avec les plus grandes réserves. Il faut cepen- dant s'élever contre la position facile de ceux qui considèrent l'hypothèse extra-planétaire comme « ridicule par- ce qu'impossible ». M. Ananoff, connu par ses travaux sur les fusées et la hardiesse de ses vues, prend, lui; position en ces ter- mes: - Je crois aux soucoupes, mais elles sont d'origine terrestre. Trop de témoi- gnages établissent leur existence. On n'a plus le droit d'en douter. Cette opinion corrobore celle des techniciens affirmant qu'Américains et Russes se livrent à une guerre elan- destine de recherches. les soucoupes aperçues étant des prototypes évolu- ant expérimentalement à haute alti- tude. CEUX QUI DOUTENT Aces croyants s'opposent d'abord La vie est-elle possible sur les pla- les fureteurs permanents du ciel, nètes qui évoluent dans l'immensité du nous voulons dire les astronomes. ciel? M. Audouin Dolfuss répond C'est un fait à retenir : pas un seul observatoire n'a été à même d'enre- gistrer l'apparition d'une soucoupe vo- lante. Les astronomes sont alors com- me saint Thomas avant de croire ils veulent toucher». Voilà sans dou- te pourquoi M. Danjon, directeur de l'Observatoire de Paris, pousse un vé- ritable rugissement quand, au télépho- ne, on lui demande son opinion sur la chose ». Après avoir rugi, ce sa- vant, qui est la courtoisie même, ajou- te aimablement : Le grand constructeur, un des pion- niers de l'aviation, Gabriel Voisin, en dépit de ses 75 ans, se lance avec une fougue juvénile dans la discus- sion : - N'en doutons plus, d'ici une di- zaine d'années les hommes auront construit l'appareil leur permettant d'atteindre la Lune. Ce que nous, hom- mes, allons faire, pourquoi des êtres d'une autre planète ne l'auraient-ils pas déjà fait? Moi aussi je crois que les soucoupes volantes viennent d'un autre monde, car nos techniques ac- tuelles ne permettent à aucun pays la construction d'engins accomplissant les performances stupéfiantes observées par des témoins dignes de foi. Je me méfie des savants qui nient. Au temps de Christophe Colomb, qui aurait cru que quelques siècles plus tard, les hommes évolueraient dans l'espace ? Autre partisan enthousiaste de la réalité des soucoupes, le fameux pro- fesseur Oberth à qui l'Allemagne dut la mise au point des premiers V 2. Vivant aujourd'hui dans la misère à Nuremberg, il ne manque aucune oc casion de déclarer - Les Uraniens. j'appelle ainsi tous les êtres vivants sur des planètes con- nues ou inconnues, ont assurément des connaissances qui leur permettent de triompher des lois de la pesanteur. Posons plutôt cette question: des êtres identiques à l'homme peuvent-ils exister à travers l'espace ? Certes, un amibe qui représente la vie au premier stade peut s'adapter à différents mi- lieux. car plus un organisme vivant est simple, plus il s'adapte facilement. Un mammifère terrestre ne dispose pas d'une telle puissance d'adaptation. Une modification infime dans ses con- ditions de vie suffit à provoquer sa disparition. Aucune planète ne présen- tant les conditions de vie physico-chi- mique de la Terre, aucun être vivant ressemblant à un homme ne peut exis- ter en dehors de la Terre. Si la vie existe ailleurs, elle se manifeste sous d'autres formes. Mais dans quelles pla- nètes? Ecartons tout de suite Mercure et aussi Jupiter, Saturne, Uranus. Mercure n'a pour ainsi dire pas d'at- mosphère. Les autres ont au contraire une atmosphère trop épaisse. Excès d'hydrogène, de méthane, d'ammonia- que. De plus température excessive- ment basse. Aucune vie possible non plus dans la Lune calcinée. Restent en compétition Vénus et Mars. Vénus cause beaucoup de soucis aux astrono- mes. Planète mystérieuse, son atmos- phère chargée de nuages rend diffi- cile l'observation du sol. Que se pas- se-t-il sous ces nuages ? On ne sait. Mars est plus accessible à nos regards. Les observations que j'ai recueillies le 30 mai vont être communiquées à l'A- cadémie des Sciences. J'ai pu détermi- ner la pression atmosphérique de cette planète. Au sol, la pression est le 10 de celle de la Terre, elle égale à peu près la pression dans la stratosphère. à 15 km. de hauteur. Vous savez que Mars est caractérisé par l'évolution saisonnière des taches dont la couleur va du brun au clair. Peut-on en dé- duire que, doté d'une abondante végé- tation, Mars est habité ? Moi, je ne le peux pas. Pius affirmatif, un astronome améri- cain. Lowell, décrit Mars comme un paradis. Une agréable absence d'in- tempéries distinguerait cette planète de la nôtre. Les indigènes y jouiraient non seulement d'un éternel beau CEUX A RRIVONS-EN aux négateurs irré- ductibles pour donner la vedette au célèbre biologiste Jean Rostand qui. du fond de sa retraite-laboratoire de Ville-d'Avray, ne cesse de protester contre ce qu'il appelle la plus grande fumisterie du siècle. Pour Jean Ros- tand, il n'y a pas de soucoupes volan- tes mais il y a beaucoup d'illuminés et de charlatans. temps, mais aussi d'une âme douce, éprise de justice et de bonté. Etres suprêmement intelligents, ils auraient déjà résolu le problème du bonheur. Voilà une description rassurante qui nous éloigne de celle faite par les Terriens prétendant avoir aperçu quel- ques Martiens personnages petits, velus, extravagants dans leur compor- tement et souvent d'un aspect terri- fiant ». QUI NIENT -Luttons avec toutes nos forces contre cette ridicule psychose collecti- ve qui, des couches populaires, gagne maintenant certains milieux scientifi- ques. Oui, reste toujours à traiter le pro plus sérieux la répartition de la vie dans d'autres mondes de cet univers monstrueux qui nous entoure. Si l'on tient à faire du roman, l'hypo- thèse la moins déroutante pour l'es- prit est qu'il peut exister des êtres vi- vants dans quelques-unes des millions de planètes qui gravitent dans le ciel. Ces êtres peuvent être totalement dif- férents de l'homme, leur corps n'ayant peut-être pas comme le nôtre la base chimique du carbone. Personnellement, moi biologiste, je me refuse à trancher. 1° Nous ne savons pas comment s'est formée la vie ; 2° Nous ne savons pas comment s'est formé l'homme. L'hom- me est-il le dernier produit d'une évo- lution géophysique fatale? L'homme. est-il un accident dans la nature ? En toute conscience, nous ne le savons pas. Alors, comment conclure? En tout cas. ayant lu tout ce qui s'écrit sur la question, je n'ai rien retenu de convaincant. On dit que la vie existe sur Mars, doté d'une végétation. Alors, qu'on nous donne la preuve par l'ana- lyse spectrale révélant l'existence de la chlorophylle sur cette planète. En vé- rité, on est incapable d'estimer quel est le degré de probabilité » pour qu'apparaisse le phénomène vital. Soyons sérieux : on ne sait rien. Pour terminer, et pour être complet, signalons l'émotion soulevée dans les milieux catholiques par la remise en question du vieux problème de la « pluralité des mondes ». Cette plura- rité, un vral chrétien peut-il l'admet- tre? Saint Jean n'a-t-il pas dit : « Il y a plusieurs demeures dans la mai- son de mon Père ». Cela signifie que Dieu est assez puissant pour créer à sa guise autant de mondes qu'il lui plaira. Des exégètes ont trouvé dans le livre du prophète juif Ezéchiel cette extraordinaire prédiction « Je vis done, et voilà: un tourbillon devenait de l'aquilon, une grosse nuée et un feu qui l'environn.ait. et une splen- deur tout autour, au milieu de laquelle on voyait comme un métal qui sort du feu. Et au milieu de ce feu on voyait une ressemblance de quatre animaux : et telle était leur forme: ils avaient la ressemblance d'un homme », Ezéchiel a-t-il prévu les soucoupes volantes et sa prédiction constitue-t- elle un encouragement à croire à leur existence? Un père jésuite, grand maitre en théologie, nous a répondu : L'Eglise n'a pas d'opinion sur ce qui est hypothétique. L'Eglise ne bâtit que sur le réel.