28 SOUCOUPES (suite) que l'engin, qui se déplaçait dans le sens de la marche de la Terre et n'émettait aucune lueur, pou- vait être un satellite artificiel. Encouragés par ces diverses observations, Bac- Icard et ses amis décidèrent de forcer le hasard en multipliant les observations systématiques du ciel. Vendredi, 24 septembre, Jacques Baccard était posté sur le balcon de sa villa sur la route d'Eybens dans la banlieue de Grenoble, qu'il a transformé en un véritable petit observatoire. Installé entre les planches de mesure et les deux lunettes de fort calibre qui servent aux travaux du groupe, il avait gardé à portée de sa main l'appareil photographique qui l'accompagne en permanence. Assoupie par les dernières chaleurs de la belle saison, la ville qui s'étendait aux pieds de l'observateur en était à l'heure du digestif lorsque la « chose» se produi- sit, ce qui explique le petit nombre de ses témoins. «Il était exactement 13 h. 10, raconte Jacques Baccard, quand mes regards furent attirés par une silhouette qui venait d'apparaître dans la trouée que la vallée de l'Isère creuse à la sortie de Gre- noble, entre le massif du Vercors et celui de la Chartreuse. Tout d'abord, je pris la chose pour un avion. Ce passage est en effet celui qu'utilisent les appareils venant du Nord pour aborder le terrain de Grenoble. > Quinze secondes s'étaient à peine écoulées que déjà l'engin arrivait aux abords de Grenoble. Intri- gué par cette vitesse fantastique, tout comme par le fait que ce déplacement n'était accompagné d'au- cun bruit de moteur, je braquai la plus petite de mes lunettes d'observation. En même temps, l'engin qui se trouvait alors au-dessus de la ville marquait une brusque accélération, suivie d'un fort déga- gement lumineux semblable à la lumière d'un arc électrique. En outre, il laissait derrière lui une traînée gris clair, plus sombre dans sa partie axiale, et légèrement lumineuse sur les bords. > Ayant appelé ma mère et ma femme auprès de moi, je tins pendant une dizaine de secondes l'appareil dans le champ de ma lunette (dont le grossissement est de vingt). Sa forme, qui m'appa- raissait en perspective comme celle d'un fuseau - ou d'un cigare était en réalité celle d'un disque devenant légèrement ovoïde vers l'arrière et comportant en son centre une sorte de carlingue sphérique dont les deux hémisphères se trouvaient également réparties de part et d'autre du plan du disque. Autour de celui-ci, un halo lumineux de forte intensité qui en rendait imprécis les contours. Le corps de l'engin était d'un gris métallique très sombre. "Je photographie l'engin " > Voyant que la « soucoupe », qui survolait main- tenant Grenoble, amorçait un virage en direction de la Chartreuse, j'abandonnai alors mon observation et saisis mon appareil photo pour prendre ce cli- ché, qui a été réalisé au cinq centième de seconde. Quelques instants plus tard, l'engin s'élevait à la verticale, dans une accélération véritablement fou- droyante. Il mit environ six à sept secondes pour disparaître à notre vue. D'après mes calculs, le dia- mètre de l'engin était d'environ 80 mètres, sa dis- tance par rapport à moi de 2 kms, son altitude de 1.000 à 1.200 mètres... > Jacques Baccard est formel: il ne pouvait s'agir ni d'un ballon sonde, ni d'un vol d'oiseau, ni d'un phénomène atmosphérique connu. Que penser d'un tel témoignage ? Parmi tous les récits que la presse publie quotidiennement, il semble être de ceux qui présentent une apparence de sérieux et de bonne foi. En fait, la plupart des dépositions les plus intéressantes ne voient pas le jour; elles sont envoyées à des organismes scienti- fiques ou à des journaux comme le nôtre par des correspondants qui demandent la discrétion par crainte du ridicule. Voilà longtemps que les milieux scientifiques ont Quatre secrets fini par s'émouvoir. Nombre de personnalités émi- nentes se refusent systématiquement à prendre ces récits ou ces documents au sérieux. D'autres pro- posent des explications naturelles » qui - il faut le dire et nous aurons peut-être l'occasion de les résumer sont d'une faiblesse extrême. D'autres enfin admettent qu'un doute subsiste. Nous pouvons révéler que la Météorologie natio- nale, voilà deux ans déjà, a signalé dans un rapport au ministère de l'Air que les phénomènes de cette nature observés par ses techniciens ne relevaient pas de sa compétence mais peut-être de celle des aviateurs. Révélons aussi qu'il existe désormais à ce ministère un service d'enquête sur les « sou- coupes (qui ne dispose pas encore, comme aux Etats-Unis, de 64 bases spéciales habitées par des savants richement équipés en matériel d'étude. Tout ceci, bien sûr, ne prouve en rien que les phénomènes observés soient dus à des appareils, habités ou non, humains ou interplanétaires. Mais STOP!! Esprit clair, le lieutenant Plantier a résumé pour vous en deux croquis un point capital de son hypothèse : 1° Ima- ginez, dit-il, une foule qui se rue vers une attraction; de solides gendarmes stoppent les premiers : les suivants viennent s'écraser contre eux. Ainsi le pilote d'un avion classique serait écrasé dans son appareil par un freinage brutal ou une ac élération foudroyante. 2° Voyez par contre un régiment qui obéit à l'ordre de Halte! ou En avant! chacun de ses éléments change en même temps d'allure sans qu'il y ait un télescopage... Peut-être les atomes d'une soucoupe et de passagers font-ils ainsi... sans se mêler de trancher cette question, un Fran- çais propose une théorie qui prouverait du moins que la Soucoupe est un engin < possible ». Alors qu'on avait présenté jusqu'ici l'idée d'en- gins doués des caractéristiques soucoupe > comme scientifiquement inexplicable - pire: comme scien- tifiquement impossible un officier de l'armée de l'Air a bâti une théorie révolutionnaire. C'est la très sérieuse Revue des forces aériennes qui a publié la première une étude du lieutenant Plan- tier; fondée sur une hypothèse (non vérifiée mais non absurde), elle donne une explication particu- lièrement brillante des prodigieux engins à l'exis- tence desquels croit désormais une partie des humains. Il consent pour la première fois à la résumer ici à l'intention du public. L'article du lieutenant Plantier Je n'ai jamais personnellement observé de « sou- coupes ». J'ignore dans quelle mesure il est permis de croire à leur existence. Mais si l'on en croit les témoignages souvent dignes de considération qui les concernent, ces apparitions semblent présenter de façon constante des caractéristiques qui cons- tituent un quadruple mystère: SILENCE. ACCÉLÉRA- TIONS FOUDROYANTES. RÉSISTANCE A L'ÉCHAUFFE- MENT. LUMINOSITÉ CHANGEANTE. D'abord, tout engin filant dans les airs à grande vitesse subit d'importants frottements qui produi- sent du bruit et de la chaleur. Aux vitesses fantas- font la tiques que l'on prête aux S. V., le bruit devrait être assourdissant et la chaleur capable de volatiliser l'engin. Et puis les accélérations décrites sont si brutales que tout pilote possédant une structure analogue à celle des animaux terrestres supérieurs serait écrasé contre une des parois par la force d'inertie. différen Enfin, aucun appareil humain connu ne change d'aspect en vol, alors que les S.V. semblent avoir cette étrange faculté de prendre des formes diver- ses: cigares, disques, boules de feu... Comment tenter d'expliquer ces mystères ? J'ai formulé une hypothèse qui les ramène à l'échelle humaine d'une façon simple et rigoureuse, sans pour cela faire appel à des forces mystérieuses ou de caractère surnaturel. Toutefois, MON HYPO- THESE NE PROUVE PAS QUE LES SOUCOUPES EXISTENT. MAIS JINSISTE LA-DESSUS ELLE LES EXPLIQUE. Mouvement molécule par molécule Cette pure hypothèse consiste à supposer que des techniciens ont trouvé le moyen d'appliquer à tous les atomes d'un engin (y compris ses occupants) et de l'air environnant une force orientable. Cette force permet à l'engin d'agir sur l'air qui l'environne; elle lui évite de venir buter contre lui comme dans les phénomènes résumés par l'expres- sion mur du son ». Ainsi, pas d'échauffement anormal, pas de bruit, l'air étant lui-même mis en mouvement de proche en proche. Pas d'écrasement des passagers dans les accélérations, les ralentissements brutaux ni les changements de cap, puisque toutes leurs molécules sont solidaires de ce mouvement. D'autre part, il n'y a pas d'inertie qui vienne entraver les varia- tions d'allure. La luminosité s'explique par une extension du même raisonnement parti de mon hypothèse. Tâchons de résumer ceci simplement: l'atome, on le sait, se compose d'un noyau entouré d'électrons, qui constituent en quelque sorte ses défenses. Si l'on essaie d'atteindre le noyau pour lui imposer d'une façon ou d'une autre la force dont je suppose l'existence, les électrons vont s'agiter comme un essaim de guêpes devant son nid en péril. Or, l'élec- tron est un peu comme l'homme : quand il s'agite, il transpire; mais ses gouttes de sueur sont des grains de lumière. Il est done normal que les ato- mes de l'engin et de l'air qui l'entoure exhalent une lumière, lors de l'agression que le flux de force leur fait subir. D'où cet aspect de boule de feu que constituerait l'air entourant la soucoupe. Luminosité qui n'est en rien gênante pour ceux qui se trouveraient au centre de cette boule de feu : le ver luisant n'est-il pas tout simplement un électron qui marche ? Au sein de ce globe, un engin en forme de disque apparaitra, selon l'angle de vue, comme une lentille ou comme un cigare. Notons-le, sans entrer ici dans des explications qui seraient ennuyeuses : le calcul théorique montre que la meilleure forme pour un engin se déplaçant ainsi au sein d'un champ de forces est précisément la forme d'une lentille. On m'a demandé si la force dont je suppose l'existence est cette énergie cosmique que les savants étudient depuis un petit nombre d'années. Je pense en effet que c'est là l'hypothèse complé- mentaire qui achèverait ma théorie. On sait que les rayons cosmiques (que l'on constate sans les expliquer), recèlent une accumulation d'énergie supérieure à tout ce que nous connaissons. Dans un livre qui va sortir prochainement, j'expose mes idées d'une façon qui doit, je l'espère, être attrayante pour les non-spécialistes tout en donnant tous éclaircissements aux scientifiques. Mais, si agréable que soit mon hypothèse puis- qu'elle éclaircit tout le mystère, il reste aux cher- cheurs à vérifier si elle est la vérité. Et ça, c'est un autre mystérieux problème...