un intercepteur volant à plus de guerre dans les recherches aéronautiques, fut pour les Alliés, un adversaire redoutable. Et c'est une faute de frappe d'une dactylo qui lui a permis de choisir pour nouvelle patrie la France à laquelle il a prouvé depuis de nombreuses années qu'il ne s'agissait pas d'un opportunisme de commande. still En juin 1945, dans l'Allemagne envahie et vaincue, les services secrets des puissances occupantes avaient déclenché la grande battue aux savants. Zborowski figurait parmi les vedettes. Spécialiste des fusées dans la grande firme B.M.W., il avait été mobilisé à Peenemünde, où l'élite des techniciens allemands mettait au point les fameuses armes secrè- tes parmi lesquelles seuls les V1 et les V2 eurent le temps d'être mis au point. Il échoua dans un camp américain de prisonniers. Mais le hasard fit que sa fiche signalétique trans- mise aux alliés mentionna non pas « Prisonniers U.S. >, mais « Prisonniers S.U.» (Sovietic Union). Les Occidentaux renoncèrent à sa recherche. Et c'est seulement en avril 1948 que des représentants du ministère de l'Air français vinrent lui offrir de tra- vailler en France. Il conclut simplement : « Je suis Autrichien. Ma famille vient des montagnes de Styrie. Ma ville natale, Vienne, était coupée en quatre morceaux. Un ingénieur n'aurait pas d'ici longtemps les possibilités chez nous d'un travail de pionnier... J'acceptai l'offre. Tout de suite, un Français, M. Krebs, me fit confiance; puis la firme nationalisée S.N.E.C.M.A., sur l'initiative de son directeur M. Desbruère, mit à ma disposition ses énormes moyens. Ainsi, votre pays s'est montré si accueillant que j'ai demandé ma natu- ralisation, et que je suis heureux aujourd'hui de lui offrir les fruits de mes recherches. > Tout cela est dit lentement, d'une voix grave, dans un français très pur. Un voile d'émotion est passé sur son maigre visage énergique, éclairé par des yeux bleus cerclés d'une monture d'or. On ne nous fera pas entrer dans le bureau d'études où l'on fignole tous ces détails techniques qui font d'une théorie une réalisation. Réserve bien com- préhensible. Mais, plus tard, dans son bureau, lors- que M. de Zborowski nous exposera le principe du cigare volant, il aura ce mot : « Je vous confie cette épure. Vous pourrez l'étu- dier à loisir. Mais elle est hautement secrète et je vous demande la promesse de ne pas la communi- organes de l'engin secret TURBORÉACTEUR STATORÉACTEUR JET DE GAZ BRULANTS DU TURBO-RÉACTEUR (ici, le statoréacteur n'est pas en action) de 2.300 km à l'heure RBELLU Un bombardier stratosphérique ennemi est signalé. Le Coléoptère fonce à la verticale. En 120 secondes il est à 20.000 metres. Il lance alors un engin telé- guidé qui frappe inexorablement l'agresseur. Mission accomplie, il se posera. Le tout a duré 15 minutes. 9