SOUCOUPES gard indiscret. Qu'auriez-vous fait aux lieu et pince de Mme Henne- belle ? Sans doute comme elle elle pensa tout de suite qu'il s'agis salt d'une soucoupe... On en parle tant ces Jours-ci i . Inquiéte, la ménagére appein son mart, André, et sa fille, Chislaine. Puis, on alla chercher l'oncle, qui habite à deux portes, M. Olivier Dubois. Il vint avec sa fille. Cinq paires d'yeux se braquèrent alors vers le ciel obscur que le curiou apparell troualt d'une lumière solite. La soucoupe puisqu'll fallait blen l'appeler par son nom avait la forme d'un long cigare volant verticalement. Il lançait des rellets rouges et, comme par transparence à l'intérieur, on pouvalt voir le des sin mouvant de trois ombres bl. Harres. Mme Hennebelle et sa famille pensaient vraisemblablement n'être. que les témoins passagers d'un phé- nomène inconnu, Pas de douto en effet, l'engin allait poursuivre sa route vers la direction de son choix. Et allez donc en savoir plus sur un objet ausal mystérieux qui évolue librement à 300 mètres de haut 7 Mais 0 stupéfaction - en- sin lumineux perdit tout à coup de la hauteur et vint coucenient s'affaler all ol, quelques mètres du quintette qui l'observalt. De l'autre côte de la route natk nale qui longe la maison des Hen- nebelle, se trouve un pré apparte- nant à M. Monvoisin, cultivateur : c'est l'herbe tendre de ce clos que l'appareil avait choisi pour son at terrissage. MM. Hennebelle et Dubols traver- sèrent en courant la chaussée et a'approchérent de la soucoupe. Las 1 Le tout n'était qu'un engl de papier- un vulgaire papier d'emballage qui semblait s'être dégonflé comme une baudrucne. Trols tiges soutenaient sa carcasse. Un cercle de fer ménagealt un orl- fice à une extrémité et, à l'inte- rieur, achevalt une étoupe brúler. de «J'en ai fait partir des milliers ! » Pas d'erreur cependant, ce mo- deste objet de un mètre de naut, large de 30 centimètres, avait bien, dans le ciel, une inystérieuse allure 1 Le soir, cu buvant le café, en en parla longuement. Quelques jours plus tard, M. Hennenele, inquieto quand même par cette histoire. alla prévenir M. Raoul Fougnics, le garde de la commune. Ce.ul-cl conta l'affaire au commissariat de Beuvry. Un gardien de la paix fut détaché pour ramener au poste in dépouille burlesque d'une soucoupe ratée. Son atterrissage eut pu être dan- gereux: l'étoupe, nous l'avons dit, achevalt de se consumer et l'engin était tombé à trois mètres d'une meule de paille. On se demande quel sort eut connu cette meule al l'étoupe lui avait réserve aes der- niéres étincelles ? De rapides déductions et des observations faites par des hab:- tants de Beuvry ne permirent au cun doute: l'auteur de cette farce troublante n'était autre qu'un Beu. vrygeols, M. Victor D'Oliveira, sujet portugals, retraité de la centrale electrique, demeurant chez sa ille, épicière, route nationale, a Beuvry, homme ne se cachait d'ailleurs pas pour organiser ses ascensions. Il nous accueilli hier avec bonne humeur pour nous expliquer tecnnique, Lul, 'ance des montgol- fieres dans l'air comme d'autres élèvent des pigeons ou des abeilles I Et i dit en souriant : J'en al deja fait partir des mil- llers I a Arsenal de la montgolfière La bouilque tenue par la fille due fabricant rat a deux pas du calvaire. Un petit Jardin lui auc cede, ferma lui-même par un KA rage. C'est dans ce garage et dans la mansarde qui le surplombe que M. D'Oliveira opère. Il nous y A conduit, regrettant fort que la plule tenace l'empêche de no livrer devant nous à une expérience dans les meilleures conditions, M. D'oll- veira a la mante de la montgolfiere. Cela date de longtemps, Adolescent. 11 Atalt, au Portuzal, le voisin d'un artificier. C'est in qu'il apprit à confectionner res engins. Depuis, il en a fait de toutes les tailles, de 1 m. 20 à 5 mètres de haut. Le grenier de son garage en recèle toujours the provision ml- nutieusement préparée, M. D'Oll velta en a déple un enorme e vant nous, vous pouvez eraire qu'en imagine aisément l'impres alon revée au passant que vou evoluer dans le ciel une plece d cette talle, Julsant de tous feux. ciel Fatre une telle montgolfière est un jeu de patience pour M. D'Olt- Teira Il découpe ses bandes de pa. pier, les ajuste minutieusement, les colle, ferne ensuite son appareil au- tour d'une fréle carcasse de fer et menage, grâce à un cercie, un ori fice à une extrémité. Il passe de longues heures à cette besogne délicate et, en passionne de ce genre original de sport, ad- mite ses réalisations avec la satis- faction d'un travail bien falt. L'engin confectionné, il reste à le ronder et à le livrer au secret du Pour ses ascensions, M. D'Oliveira choisit les soirs où le vent est calme, sans tourbillon. Alors, are: l'aide de sa femme, il suspend un des engins tout prêts- un jour un petit, un jour un gros à une poutre de son garage. Amis lecteurs, vous pourrez aise- ment en faire autant, la technique opératoire est élémentaire. La montgolfière suspendue M D'Oliveira, fort sérieusement, piace sous elle, juste en face de l'orifice un bien démocratique pot à fleurs. y entasse du papier (du papier Journal, s'il vous plait !) et y met le feu en toute quiétude. Vous l'avez deviné : le papier s'enflamme et dégage une fumée qui, dans l'étroit garage, vous pique les yeux désagréablement. Cette fumée monte, bien sur, s'engouffre dans la baudruche de papier qui, à une vitesse extraordi- naire, ac gonfie tel un ballon co- Ces gestes, M. D'Oliveira les a s souvent répétés qu'll met quelques secondes pour les accomplir. Sa montgolfière gonflée, accroche Ax tires intérieures une étoupe d'amiante plus ou moins grosse. 11 l'imbibe de pétrole et y met le feu. Cette combustion lente entretient l'air d'un ballon d'une température qui rend ce gaz plus léger que l'air. C'est strictement la principe de la montgolfière. Un tel engin, muni d'étoupes assez conséquentes, peut, par vent favorable, voler très longtemps, tres loin et très haut. 51 Mme Hennebelle et ses parenta ont vu des ombres sur la fauss soucoupe et ont pu penser qu'i s'agissait détres humains, c'est qu'il y avait vraiment des ombres: celles des tiges de la carcasse, projetées par l'étoupe enflammée sur le pu pler. M. D'Oliveira apporte un soin particuller à la confection de ses appareils. Parfois même, il accro- che au cercle d'ouverture des me ches soutenant des chandelles I On devine l'inquiétant reslet d'une telle batterie lumineuse t promenant la nuit dans le clei. Pas mal de gens ont pu croire au par Bage de soucoupes », d'autant plus que ces temps-cl le retraite portugals en a lancé quelques-unes. Uno volsino lui avait même dit, étant au courant de cette manie aérienne : « On va prendre yOU trucs pour des soucoupes ! », co qui l'avait fait bien rire. Fausse alerte en 1939! Le problème des soucoupes n'est peut-être pas pour autant résolu, car les engins de M. D'Oliveira n'ont certainement jamais pu ga gner la Suède ou l'Espagne. Mais les pratiques de M. D'Oliveira ex pliquent sans doute bon nombre d'apparitions diverses dans la ré glon cu Nord. Nous l'avons dit: 1inventeur du système est généreux. Ces dernières années, 11 a semé dans les cieux heuvrygeols des milliers de mont- Rolfières. On a dů en retrouver pas mal dans les champs des alentou que les circonstances atmospheri- ques changeantes avalent stoppé dans leur facétieuse entreprise. Mais beaucoup ont dù intriguer les terriens, par contre, au fil de leurs ballades curieuses. M. D'Oliveira a commencé es travaux vollà de nombreuses an nées, sous le soleil du Portugal, Sa passion d'artificler pittoresque l'avalt suivi en France. Et, en 1939. elle a failli lui coûte: la pire des mésarentures. En août 1939, Il se trouvait en vacances à Calais. Certain noir, avalt lâché au ven: un de ses phénomères ». L'apparell, Julsant de tous ses feux, suivit la côte d' la Mer du Nord, prenant la direc Von d'une illemsane en ébullition, quelques jours avant la guerre. Aux sémaphores, on vi: le curieux « cl Rare volant. On ne parlait pas à l'époque des modernes soucoupes. L'amblance était à l'esplonnage el aux secrets de guerre. On supposa que la montgolfière de papier peu vait contenir des messages impor tants et M. D'Oliveira fut un ins tant inquiéta car, à Calais, on avalt pu établir qu'il était à l'origine de cette suspecte ascension. Il parvint rapidement à se Justi- fler. Mais la mésaventure ne l'avalt pas refroldi et il reprit de plus belle ses expériences. C'est son passe-temps. Il n'est n musicien, ni joueur, il est sou coupiriste. Un genre comme un autre. Il couve ses engins avec amour après les avoir construita dans la fièvre. Il en a des rouges des bleus, des jaunes, des crèmes et des blancs, en papier d'embal lage ou de sole. Ce sort presque ses enfants. Il serait bien pelné qu'on lui in- terdise parellle fantaisie, C'est pour fant ce qui va lui arriver. Pour le moins, la police locale le gratifiera- elle d'une contravention. Mais M. D'Oliveira re demande où est le délit et quel il est. On a bien le droit, dit-il, de faire voler son dragon, Afdme all a la forme d'une montgolfière tirée A des milliers d'exemplaires. > Et al on la prend pour une sou- coupe 7...