Qui n'a pas vu sa soucoupe volante? Septembre, c'est le mois où les feuilles, tombant des arbres, vo- lent au gré du vent, où les hiron- delles, avant de quitter nos ré- glons, volent sans se lasser au ras des toits. En septembre, il vole aussi des feuilles d'impôts et, de- puis que l'hystérie guerrière a rendu fous, après Forrestal, grand nombre de politiciens américains, de mystérieux engina en forme de soucoupe ou de cigare, que les Journalistes en mal de copie, ont baptisé soucoupes volantes». On en parlait déjà beaucoup de ces boules de feu qui filaient dans le ciel, Mals, cette fols, l'affaire devient sérieuse. De tels engins se sont posés. On a même vu leurs occu- pants, Ce fut le cas il y a quelques jours. à Quarouble, et Nord- Eclair, aussi rapide que le veut son titre, s'est empressé de délé- guer là-bas un envoyé, tout ce qu'il y a de spécial, qui jure ses grands dieux, comme les fins Il- miers de la police du coln, que la déclaration de M. Dewilde est tout ce qu'il y a de vraisemblable. Bien sûr, il falsalt nuit noire. M. Dewilde n'a vu qu'une masse sombre... Mals enfin, c'est si al- léchant de faire du roman et de détourner l'attention des lecteurs du réarmement allemand. Pour atteindre ce but, on ac- cuellle allègrement toutes les vi- slons de soucoupes, sans s'éton- ner que les mystérieux engins > se posent de préférence dans des endroits déserts, toujours en plei- ne nuit, devant un seul témoin... Comme par hasard, les pilotes des soucoupes sont de petits hom- mes à grosse tête, étrangement semblables aux Martiens, tels que les imaginent les auteurs de ro- mans d'anticipation, Que ces boules de feu solent tout simplement les produits de la foudre, des ballons météorolo- giques, voilà qui serait bien en- nuyeux pour les pisse-cople, avi- des de nouvelles à sensation. Pour ma part, en attendant qu'une soucoupe volante vien- ne se poser en plein midi, sur la Grand-Place de Lille, j'ai trouvé un fameux alibi pour les soirs où Je rentreral très tard à la maison. A ma femme qui me demande. furibonde, à l'occasion: Où es- tu encore allé ? », je ne répondral plus: J'ai rencontré Jules que je n'avais pas vu depuis 10 ans ». Je lui dirai tout simplement: Je traversals un champ lors- qu'une soucoupe volante vint se poser près de mol. Un gnome, dont l'ail unique brillait comme phare en descendit, m'embrassa, et poussa l'amabilité jusqu'à m'of- frir l'apéritif dans son engin, avant que ce dernier, dans un lé- ger bruissement, ne s'envolât à la verticale... >