Mystère Que cherchez-vous done dans ces autres mondes, sinon de la terre encore, des richesses ter. restres pour contenter vos ambi- tions exaspérées, et en quoi cela peut-il modifier votre destin ou résoudre son mystère, de trouver de l'or dans la Lune ou du pé- trole dans Mars ?.. - Vous êtes un déprimant réactionnaire. Vous allez à l'en- contre de la montée humaine l Non pas, mais je crois qu'il n'y a pas d'authentique montée humaine quand l'homme jette la boussole, perd les péda les, se gonfle d'orgueil insensé, oublie sa taille et sa condition, renie les trésors de son expé rience, rejette la Révélation et tourne le dos à son véritable des- tin. Je crois que la conquête ma- térielle du ciel dont nous som mes en train de rêver n'est qu'un dérisoire substitut de la vraie conquête du Ciel à quoi Dieu, par son Verbe rédempteur, nous convie. Je crois que les « voya- ges interplanétaires veulent nous donner le change sur le seul Voyage céleste qui nous importe. Je crois que l'immen- sité matérielle dont nous prenons le vertige n'est qu'un misérable succédané du divin Infini. Si tout cela n'était pas, si tout était dans l'ordre, pourquoi l'ivresse conquérante que nous affichons se mêlerait-elle de tant de terreurs étranges, pourquoi trouverait-on partout des alarmants ? Parce que l'hom- signes me passe sa vraie mesure, et que s'enfonçant dans la démesure d'une sorte de gigantisme matériel, il voit, il sent son es- prit s'égarer. encore Non, la Terre n'est pas si sûre, si constante que nous le croyons, et non pas seulement parce qu'elle tremble. Nous le verrions bien, si nous y réfléchis- sions tant soit peu. La science nous dit qu'il n'y a pas plus del 8000 ans que les glaciers qui re- couvraient l'Europe l'ont quit- tée pour nous permettre de poser les premiers fondements de la civilisation. Quant au passé de la planète, la science jongle avec les centaines de mil- lions d'années. L'histoire hu- maine n'est encore qu'un éclair dans la suite hallucinante des millénaires, et rien ne la garantit à coup sûr contre de nouveaux bouleversements. Constatons donc qu'à notre époque même la Terre est en plein travail, qu'elle se modifie profondément et sur un rythme relativement rapide. Il n'y a. certes, mulle raison de tirer de là des conclusions catastrophi- ques: il y a déjà bien auez de catastrophards dans le mon de d'aujourd'hui pour que nous ne songions pas à les multiplier. Mais la leçon que nous pouvons tirer à bon droit, pour l'ensemble de notre espèce, c'est une leçon de juste humilité. La Terre, nous ne la tenons que de Dieu qui l'a créée et qui la maintient, qui ne nous pro- met nulle part de nouveaux mondes conquérir, pas plus qu'll ne nous assure de la péren- nité de notre hef dans son état actuel. Nous n'avons pas à jouer les nouveaux Prométhée. Nou avons à rendre grâces à Dieu de ses dons, non pas en conqué- rants orgueilleux, mais en usa gers remplis de gratitude I R. L. b.