factant en emporte LE VERNT Voilà maintenant qu'un monsieur impulsif tire un coup de fusil sur un paisible automobiliste en train de réparer son moteur. Et cela, sous le prétexte que, dans la nuit à la lumière des phares, il l'a pris pour un Martien ! Mauvaise plaisanterie, mon- sieur le tireur, très mauvaise plaisanterie contre laquelle il importe de s'élever avec jermetė. C'est un fait que beaucoup de gens voient des Martiens, mais c'est un fait non moins général et non moins prouvé que, selon tous les témoignages, les Martiens se conduisent avec une parfaite correction, voire même avec une cordialité marquée. Ce ne sont que poignées de main, accolades et signes d'amitié. L'instituteur d'Uleron qui a rencontre deux Martiennes rapporte qu'elles étaient fort élégamment habillées d'un petit tailleur de voyage, guétrées et gantécs. Avec une exquise bonne grâce, elles écrivi- rent une pensée (illisible) et une signature (non moins illisible) sur l'album de l'instituteur, puis le quittèrent dans les meilleurs termes. Et un agité s'amuserait à tirer des coups de fusil sur des - visiteurs si aimables et si paisibles! Nous avons, monsieur le fusilleur, assez d'histoires sur les bras, sans nous en faire de nouvelles avec les Martiens. Le gou- vernement, qui a du dynamisme, devrait faire distribuer d'urgence à l'usage des personnes nerveuses un guide succinct concer- nant la façon de se conduire à l'égard des visiteurs arrivés en soucoupes. Pas d'affolement, pas de geste précipité, de la cour- toisie, du sourire, et, à l'occasion, un jus de fruit chez le barman du coin. Pas d'alcool qui monte à la tête. Pas de curiosité intem- pestive non plus. Un petit cadeau à la Martienne, à la rigueur, une babiole, un mouchoir, une écharpe... Mais, après avoir demandé, d'un sourire, le consentement du mari. Voilà, me semble-t-il, des principes simples et sans danger. Ils ont du moins l'avantage de ne pas exposer les automobilistes en panne à être canardés par un terrien en prole à une crise de chauvinisme planétaire.