PERONNE
Seuls, les services côtiers de Calais
auraient repéré le sphérique
de Paulette WEBER
Paulette Weber. la charmante aéronaute parisienne, effectuait
dimanche après-midi sa 235 ascension en sphérique. Elle tentalt, à
l'occasion de sa seconde visite en notre ville pour la journée de clôture
de la Foire de Saint-Michel, de conquérir le titre envié de record-
woman- détenu par la Soviétique Alia Rondratléva avec quelque
chose comme 22 h. 40, Paulette Weber avait échoué l'année précé-.
dente par suite des conditions atmosphériques nettement plus défavo-
rables que celles enregistrées au cours de ce dernier dimanche.
Des milliers de regards sont braqués sur le sphérique où, dans la
macelle, l'aéronaute s'applique à déployer un immense drapeau tricolore.
KAR
. Vent Nord-Ouest -vitesse qui ne totalise pas moins de 52
35 à 40 kms heure avait succes- années de pratique et plus de 200
tivement indiqué la météo des ascensions, laissait transpercer une
aérodromes d'Orly et de Lesquin, blen légitime angoisse.
quelques instants avant l'envol.
Après avoir fait le point exact, A.
Suire, le dévoué manager de
l'aéronaute:
Le lest emporté par Paulette
Weber, devait lui permettre de
passer assez facilement outre-Man-
che si sa réserve demeurait suf-
fisante au-dessus de la cote. Mais
vollà, la météo avait également an-
noncé des courants avez violents
sur la mer qui auraient pu rejeter
l'aéronaute vers l'intérieur. Alors,
à défaut de la Grande-Bretagne,
Paulette Weber pouvait ausel bien
se trouver au-dessus de la Belgi-
que, voire de la Hollande.
<Elle avait tellement envie
d'atterrir en Angleterre », nous di-
sait encore M. Suire.
Ce désir, nous avions pu le me-
surer alors qu'avec le Dr Boinel
conseiller générai, maire, nous le
vions notre verre à sa réussite.
Direction Calais Dunkerque ».
Et à l'adresse de son élève : Si
tu passes Calais, alors tout va
bien, tu atterris en Angleterre,
mals si tu survoles Dunkerque, pas
d'hésitation tu te poses».
L'absence de nouvelles dans la
soirée de dimanche laissait suppo-
ser que Paulette Weber poursuivait
son voyage. Hier matin, toutefois,
en même temps que l'espérance,
naissait un autre sentiment chez
les familiers de la femme aéro-
naute: l'inquiétude. Un coup de
téléphone de notre bureau au com-
mandan: du port de Calais ne par-
venait pas à rassurer M. Suire. Les
feux de position d'un sphérique
avaient été aperçus par les services
côtiers, au-dessus du port. vers
20 h., 20 h. 30,
Paulette Weber qui volalt à ce
moment à assez haute altitude, se
dirigeait par dessus le Chanel vers
l'Angleterre.
A 21 h. et pour parer à toute
éventualité, un canot de sauveta-
ge avait été mis à la mer. Après
3 h. 1/2 de patrouille la vedette
rapide était de retour au port sans
avoir pu retrouver dans le ciel, la
trace du sphérique.
Un peu partout, et notamment
au domicile de Paulette Weber,
les coups de téléphone se multi-
plèrent Mais sans résultat On
demeurait sans nouvelles.
Un peu avant de rejoindre Paris
dans l'après-midi, M. Suire, te
maillé par une incerutuda pesante
nous avouait :
Vous pouvez écrire que s'il
arrive quoi que ce soit de scheux
Amon Ave, ma carrière s'arré.
Cette affirmation d'un aéronaute
Paulette WEBER
n'a jamais croisé
de soucoupes volantes
Recordwoman nationale de du-
rée, depuis le 9 mai 1953, avec un
vol de 21 h. 15', Paulette Weber to-
tallse aussi le plus grand nombre
d'ascensions en sphérique.
Avec près de 1.000 heures de vol,
de jour comme de nuit, nous avions
pensé (à tort) qu'elle pourrait don-
ner d'utiles indications sur un su-
jet d'actualité qui passionne une
partie de l'opinlon. Nous n'y avons
pas été par quatre chemins.
Combien Rvez-vous dėja
croisé de soucoupes volantes ?
Moi? mais je n'en ai jamais
vu, nous répondit-elle.
- Dommage. Mais si vous en
voyiez une, que feriez-vous ?
-Je ne pense jamais pouvoir en
rencontrer car je ne crois pas à
ces choses-là.
- Méfiez-vous quand même pen-
dant votre voyage aérien, avons-
nous conclu, car en ce moment.
on en rencontre à chaque coin de
nuage.
Il est vral que vêtue de son pan-
falon bleu sur lequel tombe une
veste d'aéronaute qui lui sled très
bien, Paulette Weber s'apparente
un peu aux Martiennes... mais seu-
lement par sa petite taille.
Car des étres de ce monde. Mme
Weber qui a fêté ses 54 ans, le 16
mars dernier, possède naturelle-
ment le charme et la gentillesse
de l'élément féminin mals en-
core un courage qui n'appartient
pas qu'aux hommes.
Toujours sans nouvelles
Après avoir valnement attendu
en notre ville que son élève mani-
feste sa présence en un lieu quel-
conque M. Sulre est repart! pour
Paris, hier après-midi.
Au début de la solrée nous avons
pu entrer en communication télé-
phonique avec lui et il nous a
confirmé et ses angoisses et celles
de M. Weber devant ce silence de-
venu anormal depuis de longues
heures. Un peu plus tard le secréė-
taire du club du ministère de l'In-
térieur a été alerté par M. Suire.
afin de faire fonctionner le dispo-
sitif de recherches normalement
prévu dans le cas qui concerne
Paulette Weber.
Avec tous ceux qui la virent
partir confiante dans la difficile et
périlleuses tentative qu'elle entre-
prenait dimanche après-midi. for-
mulons ici le souhalt que seules
circonstances
des
imprévisibles
l'aient empèchée de faire connaitre
son lieu d'atterrissage