1 Les soucoupes volantes dédaignent notre ciel Samedi soir, un gamin effaré me hélait au passage Monsieur, il y a une soucoupe volante, rue de l'Arquebuse ». J'avoue que je suis réfractaire à cette psychose qui, après avoir éclos aux Etats-Unis, atteint main- tenant notre vieux continent et fait découvrir, à plusieurs de nos semblables, dans le ciel picard même, des engins fabuleux, ca- pables de rendre jaloux nor cher- cheurs préoccupés d'astronautique certes éminents - et dont les anticipations ne manquent pas déjà d'extravagance. — Mais j'ai voulu voir, de mes yeux voir. J'ai découvert une splendide lune rouge, vaguement intimidante qui roulait sur les confins terrestres et qu'une nébu- losité marqualt d'un grand accent algu tout noir. Alors, j'ai sillonné la ville et ses alentours. La sucrerie d'Eppe- ville dessinait, dans la nuit, des centaines, peut-être des milliers de rectangles lumineux. Un feu d'her- bes sèches, du côté de Sébastopol, dandinait ses flammettes mou- rantes et Culvres et Alliages », derrière son enceinte sévère, pa- raissait d'un calme étrange. Il n'y avait donc de soucoupes que dans mon buffet de cuisine et ceux de mes concitoyens. ct Même longuel panne qul la malencontreuse d'électricité plongea subitement dans les té- nèbres la rue du Général-Foy et une partie de l'avenue de Noyon, ne fut pas due à la présence face- tieuse d'un Martien au faciès velu sur le transformateur du vieux château-fort.