24/30 Aout 1995 La LE FILM COMPLET VSD 939 DE "L'EXTRATERRESTRE DE ROSWELL" SORT EN VIDEO nouvelle folie des ovnis EJER VSD939 24/30 Aart 1995 La LE FILM COMPLET DE "L'EXTRATERRESTRE DE ROSWELL" SORT EN VIDEO nouvelle folie des ovnis A LA UNE Document exceptionnel ou manipulation? Notre reporter est allé à Sheffield, en Angleterre, visionner le film complet "L'Extraterrestre sur de Roswell " en avant- première de sa sortie, ce jeudi en cassette (chez TF1-Vidéo). Un ensemble de témoignages et d'images dont certaines (ci-contre) n'avaient jamais été diffusées. A Sheffield, scientifiques, ufologues, sceptiques à tout crin et fanatiques de tout poil se sont affrontés et ont refait le monde des extraterrestres. Mais on est loin de pouvoir conclure sur des phénomènes qui restent troublants. D'autant qu'aux Etats-Unis un universitaire jusqu'ici bien tranquille, le Dr John E. Mack, enflamme la polémique avec un livre, "Dossier extraterrestres " (à paraître le 29 août aux Presses de la Cité), sur les déclarations de personnes qui disent avoir été enlevées par des êtres venus d'ailleurs. Enfin, un astrophysicien, Hubert Reeves, nous livre sereinement son avis sur la probabilité de l'existence d'autres créatures vivantes dans l'univers. Par Philippe Romon et Bertil Scali. PHOTO: EXTRAIT L'EXTRATERRESTRE DE ROSWELL /TF1 VIDEO ALA UNE Document exceptionnel ou manipulation? Notre reporter est allé à Sheffield, en Angleterre, visionner le film complet "L'Extraterrestre sur de Roswell" en avant- première de sa sortie, ce jeudi en cassette (chez TF1-Vidéo). Un ensemble de témoignages et d'images dont certaines (ci-contre) n'avaient jamais été diffusées. A Sheffield, scientifiques, ufologues, sceptiques à tout crin et fanatiques de tout poil se sont affrontés et ont refait le monde des extraterrestres. Mais on est loin de pouvoir conclure sur des phénomènes qui restent troublants. D'autant qu'aux Etats-Unis un universitaire jusqu'ici bien tranquille, le Dr John E. Mack, enflamme la polémique avec un livre, "Dossier extraterrestres " (à paraître le 29 août aux Presses de la Cité), sur les déclarations de personnes qui disent avoir été enlevées par des êtres venus d'ailleurs. Enfin, un astrophysicien, Hubert Reeves, nous livre sereinement son avis sur la probabilité de l'existence d'autres créatures vivantes dans l'univers. Par Philippe Romon et Bertil Scali. PHOTO EXTRAIT L'EXTRATERRESTRE DE ROSWELL TF1 VIDEO LES SIX DOIGTS DE L'ENIGME Un autre document inédit de "L'Extraterrestre de Roswell": pendant l'autopsie, le chirurgien soulève la main de la créature, une main pourvue de six doigts. Il est vrai que le bandage ne permet pas une vision complète. Le nombre total de phalanges, la paume et le poignet LES SIX DOIGTS DE L'ENIGME Un autre document inédit de "L'Extraterrestre de Roswell": pendant l'autopsie, le chirurgien soulève la main de la créature, une main pourvue de six doigts. Il est vrai que le bandage ne permet pas une vision complète. Le nombre total de phalanges, la paume et le poignet 1 PRIS AU RADAR F16 L'objet lumineux qui s'est << promené >> en Belgique, au-dessus du Brabant, dans la nuit du 30 mars 1990, demeure un mystère. Dans ce cas aussi, il existe un film, celui du pilote d'un F16 en reconnaissance. On avait alors avancé l'hypothèse de la présence d'un avion furtif F 117 américain. Hypothèse abandonnée depuis. 10 AIR ISOK 256-27 06 0396 10 AIR 06 256 27 0317 10 AIR 10 256.28 10 AIR 05 90K 256-28 0158 10 AIR es 256 28 M DANGER ZONE Cette base aérienne du Nevada est soupçonnée d'être le site d'expériences ultrasecrètes de l'armée, notamment en matière d'objets volants. Les ufologues planquent tout autour avec des appareils photo. Cette image circule actuellement sur le réseau Internet qui, de plus en plus, devient le forum des ufologues du monde entier. Large sign where Groom Lake Rd. crumes into the Restricted Area. Groom Lake is 10ml (-16km) past this point. Photo taken on 3/2033 MACHEN ROMING AND FUNNERY RANGE RESTRICTED AREA- NO TRESPASSING BEYOND THIS WARNING POINT PHOTOGRAPHY 15 PROHIBITED PHOTOS: EXTRAIT L'EXTRATERRESTRE DE ROSWELL /TF1 VIDEO C. FRANÇOIS D. R. PRIS AU RADAR F16 « L'objet lumineux qui s'est << promené >> en Belgique, au-dessus du Brabant, dans la nuit du 30 mars 1990, demeure un mystère. Dans ce cas aussi, il existe un film, celui du pilote d'un F16 en reconnaissance. On avait alors avancé l'hypothèse de la présence d'un avion furtif F 117 américain. Hypothèse abandonnée depuis. 10 AIR 256-27 0396 2 10 AIR 06 256 0317 10 AIR 10 256-23 1 10 AIR 05 256-28 0152 MI 10 AIR 256-28 33815 DANGER ZONE Cette base aérienne du Nevada est soupçonnée d'être le site d'expériences ultrasecrètes de l'armée, notamment en matière d'objets volants. Les ufologues planquent tout autour avec des appareils photo. Cette image circule actuellement sur le réseau Internet qui, de plus en plus, devient le forum des ufologues du monde entier. Large Lake dhe Bed Auto RESTRICTED AREA NO TRESPASSING BEYOND THIS POINT PHOTOGRAPH PRONBITES PHOTOS EXTRAIT L'EXTRATERRESTRE DE ROSWELL IFI VIDEO C. FRANÇOIS D. R. PHOTOS: CNES/SEPRA D.R. H Faux. Cet ovni, photographié en 1967 en Argentine, était en fait une maquette de soucoupe volante suspendue à un fil de pêche. Non élucidé. Le cliché de cet astronef ressemblant à une boule de feu est consulté chaque jour sur Internet par les plus grands ufologues. Non élucidé. Cette photo, prise dans les années vingt au-dessus d'un aérodrome en Alaska, nourrit la polémique sur Internet. Non élucidé. De nombreux témoignages affirment que les ovnis ont la forme de longs cigares, tel celui-ci photographié en Argentine. Faux. Ce cliché de Vénus, pris avec un téléobjectif de 800 mm de focale, a longtemps été présenté comme étant une soucoupe volante. VRAI OU FAUX ? DANS CERTAINS CAS, LE CENTRE NATIONAL D'ETUDES SPATIALES A PROUVE QUE FAIRE CROIRE AUX OVNIS ETAIT UN JEU D'ENFANTS Faux. Ce vaisseau spatial est en réalité un simple mirage observé le 5 mai 1979, sur le plateau de Castille en Espagne. Faux. Des milliers de gens ont cru voir une manifestation extraterrestre ; c'était un halo atmosphérique autour d'un avion. PHOTOS CNES SLPHA DR HI Faux. Cet ovni, photographié en 1967 en Argentine, était en fait une maquette de soucoupe volante suspendue à un fil de pêche. Non élucidé. Le cliché de cet astronef ressemblant à une boule de feu est consulté chaque jour sur Internet par les plus grands ufologues. Non élucidé. Cette photo, prise dans les années vingt au-dessus d'un aérodrome en Alaska, nourrit la polémique sur Internet. Non élucidé. De nombreux témoignages affirment que les ovnis ont la forme de longs cigares, tel celui-ci photographié en Argentine. Faux. Ce cliché de Vénus, pris avec un téléobjectif de 800 mm de focale, a longtemps été présenté comme étant une soucoupe volante. VRAI OU FAUX ? DANS CERTAINS CAS, LE CENTRE NATIONAL D'ETUDES SPATIALES A PROUVE QUE FAIRE CROIRE AUX OVNIS ETAIT UN JEU D'ENFANTS Faux. Ce vaisseau spatial est en réalité un simple mirage observé le 5 mai 1979, sur le plateau de Castille en Espagne. Faux. Des milliers de gens ont cru voir une manifestation extraterrestre ; c'était un halo atmosphérique autour d'un avion. LA "FEMME DE ROSWELL" LE DERNIER MYSTERE ous avez déjà vu sa photo. Elle est, selon toute probabilité, de sexe féminin. De la taille d'un enfant, le ventre gonflé, comme si elle était enceinte, elle présente la particularité étrange de ne pas être pourvue de nombril, d'avoir une de ces grosses têtes généra- lement qualifiée d'hydrocéphale, de grands yeux noirs sans iris et en amande. A chaque main, six doigts. Pareil pour les pieds. En juin dernier, VSD et TF1 avaient présenté des photos extraites d'un film qui, selon ses promoteurs, pourrait être une autopsie d'extraterrestres réalisée par des chirur- giens de l'armée, de l'air américaine à la fin des années quarante. A Londres, Channel 4, qui dif- fusera ce film le 28 août prochain, avait organisé une projection privée réservée aux professionnels des médias et à quelques experts. Mais c'est ce week-end, à Sheffield, que le VIII Congrès de l'Association britannique d'ufo- logie, gratin mondial des informaticiens, physi- ciens, psychologues et chercheurs en paranormal, tous experts en ovnis, a présenté pour la premiè- re fois en public l'étonnant court métrage. S'il n'est pas une supercherie, ce document pourrait constituer un événement majeur dans l'histoire de notre humble planète. Dans une ambiance de kermesse - le congrès était sponsorisé par Columbia/Sony, qui en profi- tait pour promouvoir un CD de La Guerre des mondes -, mille cinq cents personnes, le double de l'an passé, avaient effectué le déplacement. Les organisateurs ont été contraints de refuser du monde, l'office de tourisme de Sheffield, ville industrielle au demeurant sans le moindre attrait, était débordé. Aux abords de l'amphithéâtre où allait être projeté le film, des billets s'échan- geaient au marché noir, et le service d'ordre ren- forcé assurait une fouille serrée. Pas à cause des risques d'attentat, mais en raison des enjeux com- merciaux extraordinaires dont le film fait l'objet. L'assistance était prévenue: au moindre appareil photo. à la moindre caméra vidéo, la projection serait interrompue. Dès les premières images le silence s'est impo- sé. Un silence... religieux. A l'écran, la créature glabre au ventre boursouflé est soudain apparue étrangement perdue, solitaire, terriblement humai- ne entre les mains des deux individus armés de sealpels et dissimulés dans des combinaisons inté- grales aux reflets métalliques, qui les faisaient res- sembler à des vulcanologues plutôt qu'à des chi- "L'EXTRA TERRESTRE" DE ROSWELL DOCUMENT INTEGRAL presents par Jacques Pradel Sammos-nous souts ? Apris ans de struce parent. Les experts FI Le film de l'autopsie d'une créature de sexe féminin, présenté le week-end dernier à Sheffield, relance le débat provoqué par la diffusion de quelques images en juin dernier sur TF1. Tandis que ce film sort en vidéocassette (TF1 vidéo) ce jeudi en France, les spécialistes réunis en Angleterre sont encore sous le choc. La date du film, 1947, a été authentifiée et le Dr Patrick Braun, chirurgien, affirme qu'en aucun cas, il ne peut s'agir d'un mannequin. Au-delà, le mystère demeure. rurgiens. C'était eux les monstres, pas la créature. Après avoir mis les doigts dans diverses plaies, les chirurgiens se sont attaqués au ventre. Déception pas de bébé E.T. à l'intérieur, juste une masse d'organes que la mauvaise qualité du film (image tremblée et floue, cadrage approxi- matif) ne permet pas de bien distinguer. Quand le chirurgien découpe, d'un geşte sûr, l'œil de la créature, certains spectateurs commencent à se 'sentir mal. Puis il trépane, et l'extraction de la masse gélatineuse qui tient lieu de cerveau n'arrange rien. Le film est impressionnant, même pour un sceptique. Quand les lumières se rallu- . ment, les spectateurs sont manifestement sonnés. Certains, ceux qui s'évanouissaient tout à l'heure, affichent une moue dubitative, comme pour se rassurer. Jean-Jacques Velasco, qui dirige à Toulouse le Service d'expertise des phénomènes de rentrées atmosphériques, activité qui fait de lui un «< sceptique professionnel », se gratte la barbe avec circonspection: « Troublant, dit-il. Si ce film est bidon, le trucage est sacrément bien fait. » Ray Santilli, le producteur du film, est monté sur le podium pour répondre à de pressantes ques- tions. En Angleterre, Santilli est connu des pro- fessionnels pour avoir mis sur le marché la vidéo des aventures de Tintin sur la Lune et des docu- mentaires musicaux. « Je ne me suis jamais inté- ressé aux ovnis, et je ne sais toujours pas si ça m'intéresse, dit-il avec flegme. Si je me suis embarqué dans toute cette affaire, c'est pour gagner de l'argent. Et je ne vois pas de honte à cela. » Santilli était aux Etats-Unis pour la pro- duction d'un documentaire sur Elvis Presley, lors- qu'il a rencontré un ancien cameraman de l'armée de l'air reconverti lui aussi dans le documentaire musical. << Ce type avait des kilomètres d'archi- ves, raconte Santilli. Et notamment ces pellicules qu'il affirmait avoir filmées après l'incident de Roswell, en 1947. Avant de m'engager, j'ai évi- demment fait vérifier le film par Kodak. Un de leurs spécialistes m'a confirmé qu'il s'agissait bien d'une pellicule de 1947. >> Convaincu, Santilli a racheté le film pour une somme confi- dentielle (estimée à 100 000 dollars par la presse britannique). Le cameraman, dont l'identité demeure également confidentielle, << avait besoin d'argent pour le mariage de sa petite-fille », selon Santilli. L'original du film est placé dans un coffre en Suisse. Une copie sera mise en vente par TF1- Vidéo à partir de ce jeudi 23 août. Aux Etats-Unis, elle fera, le 28 août, l'objet d'une émission spé- ciale sur la Fox, quatrième « network >> améri- cain. On attend 60 millions de téléspectateurs, autant que pour l'interview de Michael Jackson sur ABC, il y a deux mois. La Fox a, paraît-il, dépensé plusieurs millions de dollars pour faire authentifier le film, à la fois par des chimistes pour la pellicule, et par des médecins, pour l'autopsie. << C'est l'ovni pour lequel le plus d'argent aura été dépensé pour son identification, se flatte Santilli. Et les conclusions de la Fox, que ne peux pas encore dévoiler, me satisfont plei- nement. >> En France, les téléspectateurs ne verront le film que le 25 septembre, à 20 h 50. Jacques Pradel, dont on a pu apercevoir le visage parmi l'assis- tance de Sheffield, explique: « En juin, l'émission avait battu tous les records d'audience: 42 % de parts de marché, soit 6,5 millions de téléespecta- teurs alors que c'était le soir de la Fête de la musique, pas mal ! » En effet, et comme l'émis- sion ne reprend qu'à la rentrée, TF1 a préféré faire d'une pierre deux coups: la vidéo fin août, l'émis- sion fin septembre. Avec un plus : l'enquête menée par l'équipe de Pradel. « Sur le plateau. nous aurons divers spécialistes qui commenteront le film. »>> Ainsi, le Dr Patrick Braun, chirurgien, confirmera qu'il s'agit bien, à ses yeux, d'un corps physiologique et non d'un mannequin artificiel. Josiane Pujol, experte en odontologie légale (l'identification d'un corps à partir de sa denti- tion), spécialiste en reconnaissance cranio-facia- le, donnera son avis sur le front immense, et le tout petit nez de la créature. Des anthropologues, des représentants de divers cultes religieux débat- tront des conséquences métaphysiques de l'exis- tence d'extraterrestres. Pradel est allé jusque dans les moindres détails : « On nous a objecté que le téléphone aperçu dans le film présente des fils tor- sadés. J'ai vérifié avec la compagnie téléphonique américaine AT&T : ces téléphones figuraient à leur catalogue dès 1939. >> Tous ces détails sont cruciaux, puisque le film. s'il était authentique, relancerait la polémique autour de l'«< incident de Roswell », auquel PHOTO: TF1 VIDEO LA "FEMME DE ROSWELL", LE DERNIER MYSTERE V ous avez déjà vu sa photo. Elle est, selon toute probabilité, de sexe féminin. De la taille d'un enfant, le ventre gonflé, comme si elle était enceinte, elle présente la particularité étrange de ne pas être pourvue de nombril, d'avoir une de ces grosses têtes généra- lement qualifiée d'hydrocéphale, de grands yeux noirs sans iris et en amande. A chaque main, six doigts. Pareil pour les pieds. En juin dernier, VSD et TFI avaient présenté des photos extraites d'un film qui, selon ses promoteurs, pourrait être une autopsie d'extraterrestres réalisée par des chirur- giens de l'armée, de l'air américaine à la fin des années quarante. A Londres, Channel 4, qui dif- fusera ce film le 28 août prochain, avait organisé une projection privée réservée aux professionnels des médias et à quelques experts. Mais c'est ce week-end. à Sheffield, que le VIII Congrès de l'Association britannique d'ufo- logie, gratin mondial des informaticiens, physi- ciens, psychologues et chercheurs en paranormal, tous experts en ovnis, a présenté pour la premiè- re fois en public l'étonnant court métrage. S'il n'est pas une supercherie, ce document pourrait constituer un événement majeur dans l'histoire de notre humble planète. Dans une ambiance de kermesse - le congrès était sponsorisé par Columbia/Sony, qui en profi- tait pour promouvoir un CD de La Guerre des mondes -, mille cinq cents personnes, le double de l'an passé, avaient effectué le déplacement. Les organisateurs ont été contraints de refuser du monde. l'office de tourisme de Sheffield, ville industrielle au demeurant sans le moindre attrait. était débordé. Aux abords de l'amphithéâtre où allait être projeté le film, des billets s'échan- geaient au marché noir, et le service d'ordre ren- forcé assurait une fouille serrée. Pas à cause des risques d'attentat, mais en raison des enjeux com- merciaux extraordinaires dont le film fait l'objet. L'assistance était prévenue: au moindre appareil photo, à la moindre caméra vidéo, la projection serait interrompue. Dès les premières images le silence s'est impo- sé. Un silence... religieux. A l'écran, la créature glabre au ventre boursouflé est soudain apparue étrangement perdue, solitaire, terriblement humai- ne entre les mains des deux individus armés de scalpels et dissimulés dans des combinaisons inté- grales aux reflets métalliques, qui les faisaient res- sembler à des vulcanologues plutôt qu'à des chi- "L'EXTRA TERRESTRE" DE ROSWELL Le film de l'autopsie d'une créature de sexe féminin, présenté le week-end dernier à Sheffield, relance le débat provoqué par la diffusion de quelques images en juin dernier sur TF1. Tandis que ce film sort en vidéocassette (TF1 vidéo) ce jeudi en France, les spécialistes réunis en Angleterre sont encore sous le choc. La date du film, 1947, a été authentifiée et le Dr Patrick Braun, chirurgien, affirme qu'en aucun cas, il ne peut s'agir d'un mannequin. Au-delà, le mystère demeure. rurgiens. C'était eux les monstres, pas la créature. Après avoir mis les doigts dans diverses plaies, les chirurgiens se sont attaqués au ventre. Déception: pas de bébé E.T. à l'intérieur, juste une masse d'organes que la mauvaise qualité du film (image tremblée et floue, cadrage approxi- matif) ne permet pas de bien distinguer. Quand le chirurgien découpe, d'un geste sûr, l'œil de la créature, certains spectateurs commencent à se sentir mal. Puis il trépane, et l'extraction de la masse gélatineuse qui tient lieu de cerveau n'arrange rien. Le film est impressionnant, même pour un sceptique. Quand les lumières se rallu- ment, les spectateurs sont manifestement sonnés. Certains, ceux qui s'évanouissaient tout à l'heure. affichent une moue dubitative, comme pour se rassurer. Jean-Jacques Velasco, qui dirige à Toulouse le Service d'expertise des phénomènes de rentrées atmosphériques, activité qui fait de lui un « sceptique professionnel », se gratte la barbe avec circonspection: « Troublant, dit-il. Si ce film est bidon, le trucage est sacrément bien fait. » Ray Santilli, le producteur du film. est monté sur le podium pour répondre à de pressantes ques- tions. En Angleterre. Santilli est connu des pro- fessionnels pour avoir mis sur le marché la vidéo des aventures de Tintin sur la Lune et des docu- mentaires musicaux. « Je ne me suis jamais inté- ressé aux ovnis, et je ne sais toujours pas si ça m'intéresse, dit-il avec flegme. Si je me suis embarqué dans toute cette affaire, c'est pour gagner de l'argent. Et je ne vois pas de honte à cela. » Santilli était aux Etats-Unis pour la pro- duction d'un documentaire sur Elvis Presley, lors- qu'il a rencontré un ancien cameraman de l'armée de l'air reconverti lui aussi dans le documentaire musical. << Ce type avait des kilomètres d'archi- ves, raconte Santilli. Et notamment ces pellicules qu'il affirmait avoir filmées après l'incident de Roswell, en 1947. Avant de m'engager, j'ai évi- demment fait vérifier le film par Kodak. Un de leurs spécialistes m'a confirmé qu'il s'agissait bien d'une pellicule de 1947. » Convaincu, Santilli a racheté le film pour une somme confi- dentielle (estimée à 100 000 dollars par la presse britannique). Le cameraman, dont l'identité demeure également confidentielle. << avait besoin d'argent pour le mariage de sa petite-fille », selon Santilli. L'original du film est placé dans un coffre en Suisse. Une copie sera mise en vente par TFI- Vidéo à partir de ce jeudi 23 août. Aux Etats-Unis. elle fera, le 28 août, l'objet d'une émission spé- ciale sur la Fox, quatrième «< network » améri- cain. On attend 60 millions de téléspectateurs, autant que pour l'interview de Michael Jackson sur ABC, il y a deux mois. La Fox a. paraît-il. dépensé plusieurs millions de dollars pour faire authentifier le film. à la fois par des chimistes pour la pellicule, et par des médecins, pour l'autopsie. « C'est l'ovni pour lequel le plus d'argent aura été dépensé pour son identification. se flatte Santilli. Et les conclusions de la Fox, que je ne peux pas encore dévoiler, me satisfont plei- nement. >> En France, les téléspectateurs ne verront le film que le 25 septembre. à 20 h 50. Jacques Pradel. dont on a pu apercevoir le visage parmi l'assis- tance de Sheffield, explique: « En juin, l'émission avait battu tous les records d'audience : 42 % de parts de marché, soit 6.5 millions de téléespecta- teurs alors que c'était le soir de la Fête de la musique, pas mal ! » En effet, et comme l'émis- sion ne reprend qu'à la rentrée. TFI a préféré faire d'une pierre deux coups: la vidéo fin août, l'émis- sion fin septembre. Avec un plus : l'enquête menée par l'équipe de Pradel. « Sur le plateau. nous aurons divers spécialistes qui commenteront le film. » Ainsi, le Dr Patrick Braun, chirurgien. confirmera qu'il s'agit bien, à ses yeux, d'un corps physiologique et non d'un mannequin artificiel. Josiane Pujol, experte en odontologie légale (l'identification d'un corps à partir de sa denti- tion), spécialiste en reconnaissance cranio-facia- le, donnera son avis sur le front immense, et le tout petit nez de la créature. Des anthropologues. des représentants de divers cultes religieux débat- tront des conséquences métaphysiques de l'exis- tence d'extraterrestres. Pradel est allé jusque dans les moindres détails : « On nous a objecté que le téléphone aperçu dans le film présente des fils tor- sadés. J'ai vérifié avec la compagnie téléphonique américaine AT&T : ces téléphones figuraient à leur catalogue dès 1939. » Tous ces détails sont cruciaux, puisque le film. s'il était authentique, relancerait la polémique autour de l'« incident de Roswell ». auquel PHOTO: TF1 VIDEO l'autopsie se réfère. Depuis 1947. I'US Air Force a régulièrement démenti toutes les hypothèses extraterrestres, mais jamais de façon complète- ment satisfaisante. De « ballon-sonde météo ». l'objet qui, le 4 juillet 1947 à 23 h 30. s'est crashé dans le désert du Nouveau-Mexique par un soir d'orage, est devenu récemment un « ballon expé- rimental de haute altitude, conçu pour détecter les radiations nucléaires et contrôler les éventuelles expérimentations soviétiques ». Poussé par ses électeurs, un représentant républicain au Congrès. Steven Schiff, a exigé que soit menée une enquê << te officielle auprès de l'armée américaine. Le résultat de cette enquête est connu depuis le 28 juillet dernier l'objet aurait bien été un ballon expérimental. Mais la commission a également constaté qu'un nombre important de pages figu- rant dans le document de l'époque ont été détruites. Que contenaient ces pages? Mystère. Une seule certitude, il s'est bien passé « quelque chose », ce soir-là, à Roswell. Les premiers sur place, au matin du 5 juillet, sont une équipe d'archéologues. Au shérif, ils déclarent avoir vu un « avion plat, sans aile » et trois corps dans les décombres. Deux campeurs se trouvent également sur le site, et précisent que les corps faisaient << entre 1.mètre et 1,20 mètre de long ». Ils sont intrigués par les débris qu'ils ont pu ramasser. «< comme du papier alu, mais impossible à déchi- . La police militaire de la base aérienne, siège du 509° groupe de bombardement - auquel appar- tenaient les bombardiers d'Hiroshima et Nagasaki PHOTO: P. SERLING 1995 rer >>. les pressions arrive peu après. Responsable des relations publiques. le lieutenant Walter Haut minimise les nouvelles. Mais aujourd'hui Haut affirme avoir subi des pressions de la part de ses superieurs. Il ne fait toutefois plus partie de l'armée, mais diri- ge à Roswell le musée international des Ovnis. devenu la principale attraction de ce bled perdu dans le désert... D'autres témoignages se sont accumulés au fil du temps. Le shérif affirme lui aussi avoir subi des pressions pour se taire. Le croque-mort du cru raconte que les militaires lui avaient à l'époque commandé « trois cercueils de la taille d'un enfant ». Un pompier déclare avoir vu une créature << encore en vie », et deux autres mortes. toujours de cette taille. Une infirmière a confirmé que les petites créatures présentaient bien une anomalie aux mains et aux pieds, mais elle parle de quatre doigts au lieu de six. Enfin feu le major Jesse A. Marcel, officier de rensei- gnements, s'est longtemps cassé la tête sur d'obs- cures inscriptions, «< comme des hiéroglyphes ». figurant sur les débris. Après son décès, son fils a repris l'enquête en main et a largement contribué à maintenir l'incident de Roswell dans l'actualité. Le site du crash appartient à présent à Hub et Sheila Corn qui, pour 15 dollars. montrent aux touristes l'endroit exact où « les extraterrestres se sont écrasés ». Deux drapeaux à la bannière étoi- lée signalent ironiquement l'emplacement. L'affaire de Roswell ne serait-elle donc plus que cela, un vulgaire morceau de folklore américain ? Les occupants d'un vaisseau intergalactique y ont- ils réellement fait leur premier atterrissage forcé ? Il suffit de lever les yeux vers les étoiles, d'inter- roger le mystère d'une nuit d'été, pour savoir qu'aucune réponse officielle ne nous satisfera pro- bablement jamais entièrement. PHILIPPE ROMON ENLEVES PAR DI Depuis quinze ans, un professeur d'Harvard, le psychiatre John E. Mack, accumule les témoignages de ses compatriotes: six millions d'Américains affirment avoir été enlevés par des extraterrestres. Dans "Dossier extraterrestres - l'affaire des enlèvements" (*), le docteur Mack a recueilli près de cent témoignages sous hypnose et déclare : "Ce ne sont pas des contes fantasmagoriques mais de vrais récits". D octeur, j'ai eu des rapports avec une femelle extraterrestre. » Pendant des années, le Dr John Mack, psycha- nalyste et titulaire d'une chaire de psychiatrie à Harvard, n'a entendu que cela : des histoires de sexe. Des histoires qui, prises au pied de la lettre, étaient proprement extra- ordinaires : << Je me suis retrouvée dans ce vaisseau spatial. et brutalement l'extraterrestre m'a enfoncé sa sonde dans le vagin », dit une femme. « Dans l'anus, affirme un homme. Puis il m'a pré- levé du sperme. » Autant de récits angoissés où abon- dent copulations forcées, évocations d'inséminations artificielles ou, au contraire, de foetus confisqués aux femmes enceintes. Une nouvelle race, croisement entre d'involontaires cobayes humains et ces obsté- triciens de l'autre monde, serait en train d'être fabri- quée dans ces vaisseaux Peau tête mongoloïde, yeux globes pères généticiens de l'autre monde, à en croire les descriptions, ne sont pas des plus séduisants. Et pendant des années, le Dr John Mack a considéré ceux qui venaient le consul- ter comme des individus affectés d'un traumatisme d'origine incestueuse, refoulé, et pour qui l'évoca- tion de ces agresseurs extraterrestres était une maniè- re de mettre en paroles leur souffrance. Jusqu'au jour où le Dr Mack a franchi un pas qui le distingue de tous ses confrères. Renonçant à l'écoute psychanalytique, il a mis ses patients sous hypnose. Il a enregistré leurs récits. Et décidé qu'ils n'étaient pas fantasmatiques, mais vrais. << Ce que ces gens me racontaient ne venait pas de l'intérieur. ce n'étaient pas des rêves, mais bien des expériences vécues », affirme le psychiatre américain auteur. entre autres, de l'ouvrage universitaire Les Cauche- mars et le conflit humain. Il reçoit ses visiteurs et sés patients dans le minuscule bureau qu'il occupe dans l'immeuble en brique rouge du Cambridge Hospital. Massachusetts. Une chaise, un bureau avec son fax. un canapé et au mur un poème tibétain, seul orne- ment de la pièce. A l'intérieur de cette pièce, le Dr Mack agite ses mains avec la passion d'un metteur en scène qui s'efforcerait de vous faire vivre le drame. Il se veut convaincant. Il l'est. Un peu trop, même : et si, dans la grande mise en scène du discours extra- terrestre, c'était lui le maître des cérémonies ? L'unité de psychiatrie à laquelle il appartient, et où le Dr Mack s'est illustré depuis des années, est affiliée à la prestigieuse université Harvard et joux- te le non moins prestigieux Massachusetts Institute of Technology. En 1992, VSD avait assisté au MIT. en exclusivité et de façon confidentielle (la presse n'était pas la bienvenue), à la première conférence John E. Marck: «une nouvelle race mi-humaine mi-extraterrestre est en voie de conception >>. sur le phénomène des «< enlèvements par des extra- terrestres », ou « abduction » en anglais. A l'époque déjà, la conférence avait eu un certain retentisse- ment aux Etats-Unis. Les histoires d'« enlève- ments » ont été relayées par les médias, et un téléfilm sur la chaîne NBC a entre autres raconté, de façon romancée, les efforts d'un psychiatre pour com- prendre les victimes d'enlèvements. Quel rapport avec John Mack? De conférences pour initiés en films à grand spectacle. les Américains sont aujourd'hui deux, trois, voire cinq ou six millions à affirmer avoir été victimes d'enlèvements par des extraterrestres. A Los Angeles, un acteur de série B. << enlevé » dans les années soixante-dix, est l'attrac- tion des cocktails mondains. A Disneyworld, en Floride, le bâtiment Tomorrowland propose une << rencontre terrifiante avec un extraterrestre >>. Lors de l'inauguration au printemps dernier. Disney avait fait venir des << enlevés » pour assurer la promotion. Selon le Washington Post, la marque de céréales Kellogs aurait l'intention d'utiliser le phénomène dans une pub pour ses Rice. Krispies. Aux Etats- Unis. l'abduction est devenu un sport national. Et. pour beaucoup. l'explication aux maux qui affligent terriblement et banalement tous les humains, depuis toujours. Tout a commencé avec le personnage excentrique de Budd Hopkins. Mi-artiste conceptuel, mi-psy- chothérapeute à la petite semaine, ce New-Yorkais de 65 ans a publié il y une vingtaine d'années les premiers récits d'ufologie (étude des ovnis) incluant des enlèvements; des attouchements et des incuba- tions événements classés comme rencontres du quatrième type. Dans son appartement de l'autopsie se réfere. Depuis 1947, I'US Air Force a régulièrement démenti toutes les hypothèses extraterrestres, mais jamais de façon complète- ment satisfaisante. De « ballon-sonde météo ». l'objet qui, le 4 juillet 1947 à 23 h 30, s'est crashe dans le désert du Nouveau-Mexique par un soir d'orage, est devenu récemment un ballon expé- rimental de haute altitude, conçu pour détecter les radiations nucléaires et contrôler les éventuelles expérimentations soviétiques Poussé par ses électeurs, un représentant républicain au Congrès. Steven Schiff, a exigé que soit menée une enquê- te officielle auprès de l'armée américaine. Le résultat de cette enquête est connu depuis le 28 juillet dernier : l'objet aurait bien été un ballon expérimental. Mais la commission a également constaté qu'un nombre important de pages figu- rant dans le document de l'époque ont été détruites. Que contenaient ces pages? Mystère. Une seule certitude, il s'est bien passé « quelque chose », ce soir-là, à Roswell. Les premiers sur place, au matin du 5 juillet, sont une équipe d'archéologues. Au shérif, ils déclarent avoir vu un avion plat, sans aile» et trois corps dans les décombres. Deux campeurs se trouvent également sur le site, et précisent que les corps faisaient « entre 1 mètre et 1.20 mètre de long ». Ils sont intrigués par les débris qu'ils ont pu ramasser. « comme du papier alu, mais impossible à déchi- rer». La police militaire de la base aérienne, siège du 509 groupe de bombardement - auquel appar- tenaient les bombardiers d'Hiroshima et Nagasaki - arrive peu après. Responsable des relations publiques, le lieutenant Walter Haut minimise les nouvelles. Mais aujourd'hui, Haut affirme avoir subi des pressions de la part de ses superieurs. Il ne fait toutefois plus partie de l'armée, mais diri- ge à Roswell le musée international des Ovnis. devenu la principale attraction de ce bled perdu dans le désert... D'autres témoignages se sont accumulés au fil du temps. Le shérif affirme lui aussi avoir subi des pressions pour se taire. Le croque-mort du cru raconte que les militaires lui avaient à l'époque commandé « trois cercueils de la taille d'un enfant ». Un pompier déclare avoir vu une créature « encore en vie », et deux autres mortes, toujours de cette taille. Une infirmière a confirmé que les petites créatures présentaient bien une anomalie aux mains et aux pieds, mais elle parle de quatre doigts au lieu de six. Enfin feu le major Jesse A. Marcel, officier de rensei- gnements, s'est longtemps cassé la tête sur d'obs- cures inscriptions. « comme des hieroglyphes figurant sur les débris. Après son décès, son fils a repris l'enquête en main et a largement contribué à maintenir l'incident de Roswell dans l'actualité. PHOTO: P. SERLING 1995 Le site du crash appartient à présent à Hub et Sheila Corn qui, pour 15 dollars, montrent aux touristes l'endroit exact où les extraterrestres se sont écrasés». Deux drapeaux à la bannière étoi- lée signalent ironiquement l'emplacement. L'affaire de Roswell ne serait-elle donc plus que tela, un vulgaire morceau de folklore américain? Les occupants d'un vaisseau intergalactique y ont- ils réellement fait leur premier atterrissage forcé? Il suffit de lever les yeux vers les étoiles, d'inter- roger le mystère d'une nuit d'été, pour savoir qu'aucune réponse officielle ne nous satisfera pro- bablement jamais entièrement. PHILIPPE ROMON ENLEVES PAR DI Depuis quinze ans, un professeur d'Harvard, le psychiatre John E. Mack, accumule les témoignages de ses compatriotes : six millions d'Américains affirment avoir été enlevés par des extraterrestres. Dans "Dossier extraterrestres - l'affaire des enlèvements" (*), le docteur Mack a recueilli près de cent témoignages sous hypnose et déclare: "Ce ne sont pas des contes fantasmagoriques mais de vrais récits". D octeur, j'ai eu des rapports avec une femelle extraterrestre. » Pendant des années, le Dr John Mack, psycha- nalyste et titulaire d'une chaire de psychiatrie à Harvard, n'a entendu que cela: des histoires de sexe. Des histoires qui. prises au pied de la lettre, étaient proprement extra- ordinaires: « Je me suis retrouvée dans ce vaisseau spatial. et brutalement l'extraterrestre m'a enfoncé sa sonde dans le vagin », dit une femme. «Dans l'anus, affirme un homme. Puis il m'a pré- levé du sperme.» Autant de récits angoissés où abon- dent copulations forcées, évocations d'inséminations artificielles ou, au contraire, de foetus confisqués aux femmes enceintes. Une nouvelle race, croisement entre d'involontaires cobayes humains et ces obsté- triciens de l'autre monde, serait en train d'être fabri- quée dans ces vaisseaux spatiaux. Peau grise, téle mongoloide, yeux globuleux. les pères généticiens de l'autre monde, à en croire les descriptions, ne sont pas des plus séduisants. Et pendant des années, le Dr John Mack a considéré ceux qui venaient le consul- ter comme des individus affectés d'un traumatisme d'origine incestueuse, refoulé, et pour qui l'évoca- tion de ces agresseurs extraterrestres était une maniè- re de mettre en paroles leur souffrance. Jusqu'au jour où le Dr Mack a franchi un pas qui le distingue de tous ses confrères. Renonçant à l'écoute psychanalytique, il a mis ses patients sous hypnose. Il a enregistré leurs récits. Et décidé qu'ils n'étaient pas fantasmatiques, mais vrais. « Ce que ces gens me racontaient ne venait pas de l'intérieur. ce n'étaient pas des rêves, mais bien des expériences vécues », affirme le psychiatre américain auteur. entre autres, de l'ouvrage universitaire Les Cauche- mars et le conflit humain. Il reçoit ses visiteurs et ses patients dans le minuscule bureau qu'il occupe dans l'immeuble en brique rouge du Cambridge Hospital. Massachusetts. Une chaise, un bureau avec son fax. un canapé et au mur un poème tibétain, seul omne- ment de la pièce. A l'intérieur de cette pièce. le Dr Mack agite ses mains avec la passion d'un metteur en scène qui s'efforcerait de vous faire vivre le drame. Il se veut convaincant. Il l'est. Un peu trop, même : et si, dans la grande mise en scène du discours extra- terrestre, c'était lui le maître des cérémonies? L'unité de psychiatrie à laquelle il appartient, et où le Dr Mack s'est illustré depuis des années, est affiliée à la prestigieuse université Harvard et joux- te le non moins prestigieux Massachusetts Institute of Technology. En 1992. VSD avait assisté au MIT. en exclusivité et de façon confidentielle (la presse n'était pas la bienvenue), à la première conférence John E. Marck: «une nouvelle race mi-humaine mi-extraterrestre est en voie de conception ». sur le phénomène des « enlèvements par des extra- terrestres »>, ou abduction » en anglais. A l'époque déjà, la conférence avait eu un certain retentisse- ment aux Etats-Unis. Les histoires d'« enlève- ments » ont été relayées par les médias, et un téléfilm sur la chaîne NBC a entre autres raconté, de façon romancée, les efforts d'un psychiatre pour com- prendre les victimes d'enlèvements. Quel rapport avec John Mack? De conférences pour initiés en films à grand spectacle, les Américains sont aujourd'hui deux, trois, voire cinq ou six millions à affirmer avoir été victimes d'enlèvements par des extraterrestres. A Los Angeles, un acteur de série B. « enlevé » dans les années soixante-dix, est l'attrac- tion des cocktails mondains. A Disneyworld, en Floride, le bâtiment Tomorrowland propose une « rencontre terrifiante avec un extraterrestre ». Lors de l'inauguration au printemps demier. Disney avait fait venir des « enlevés » pour assurer la promotion. Selon le Washington Post. la marque de céréales Kellogs aurait l'intention d'utiliser le phénomène dans une pub pour ses Rice Krispies. Aux Etats- Unis, l'abduction est devenu un sport national. Et. pour beaucoup. l'explication aux maux qui affligent terriblement et banalement tous les humains, depuis toujours. Tout a commencé avec le personnage excentrique de Budd Hopkins. Mi-artiste conceptuel, mi-psy- chothérapeute à la petite semaine, ce New-Yorkais de 65 ans a publié il y une vingtaine d'années les premiers récits d'ufologie (étude des ovnis) incluant des enlèvements, des attouchements et des incuba- tions événements classés comme rencontres du quatrième type. Dans son appartement de SE.T.:LE DOSSIER MACK Manhattan, il organise autour d'une tasse de thé des séances de consolation » où chacun. un peu à la manière des Alcooliques anonymes, peut, sans crain: te du ridicule, partager ses derniers déboires extra- terrestres, et être consolé... = Quand, en 1990. Hopkins présente à John Mack ce qu'il tient pour des preuves - dessins réalisés par des victimes, photos de cicatrices. etc. -, il y a long- temps que le psychiatre a pris du champ par rapport au freudisme. En 1977. il publie une remarquable biographie de Lawrence d'Arabie qui lui vaudra le prix Pulitzer, et cette réflexion : « Ce qui m'a fasci- né, c'était comment Lawrence a tenté de transfor- mer le monde autour de lui, le monde existant, selon ses conflits et ses aspirations intérieures. >> Ajoutant : « Et je partage avec mon héros les mêmes incerti- tudes quant à mon identité. >> Au début des années quatre-vingt, John Mack s'intéresse encore aux conséquences psychologiques de la guerre froide. Puis, progressivement, il quitte Freud pour se diriger vers les philosophies orienta- listes et le chamanisme. A Essalen. le temple cali- fornien des thérapies extrasensorielles (EST), il suit des conférences sur le LSD et l'expansion de la conscience. Plongeant dans la littérature tibétaine. il en ressort avec une conviction : le monde tel que nous nous le représentons repose sur une concep- tion vieille de trois siècles, qui nous coupe de la spi- ritualité alors que nous faisons partie d'un grand tout. New age ? Certainement, mais John Mack ne s'en défend pas : « D'autres cultures ont accepté de partager notre univers avec des dieux et des entités variées. Alors pourquoi pas nous ? >> John Mack était donc mûr pour sa rencontre avec Budd Hopkins. A Harvard, il fonde un programme de recherche sur les expériences extraordinaires, que le corps professoral accepte avec méfiance. La confé- rence sur les enlèvements organisée au MIT n'est pas cautionnée par l'université, mais se contente d'utiliser ses murs, et sa réputation, pour donner de la crédibilité à l'événement. Puis John Mack publie, en 1994. son Dossier Extraterrestres - l'affaire des enlèvements (*). qui devient immédiatement un best-seller. republié en édition de poche. « « A chaque fois je sais quand les extraterrestres sont sur le point de venir me chercher, et c'est terri- fiant », affirme Jerry, une jeune femme de 32 ans. mariée. mère de trois enfants et «< victime de plu- sieurs dizaines d'enlèvements »>, un des cent cas exa- minés par le Dr Mack. << J'entends un bourdonne- ment dans les oreilles, et un craquement qui me dresse les cheveux sur la tête, comme de l'électrici- té statique. Je suis comme réveillée, tout en étant entièrement paralysée. Puis je me sens envahie. Ils me pénètrent. Ils se livrent à des expériences géné- tiques sur moi. »> Jerry prétend qu'à 27 ans, lors d'un de ces enlèvements, on lui a prélevé les ovaires pour les remplacer par des embryons. « Quelque temps plus tard, j'ai été à nouveau placée dans un vaisseau spatial. Il y avait deux petites filles, avec une peau très pâle, un visage angélique, d'immenses yeux. >> HUBERT REEVES, ASTROPHYSICIEN, DIRECTEUR DE RECHERCHE AU CNRS E st-il raisonnable d'envisager l'existence d'une vie intelligente ailleurs que sur la Terre ? Hubert Reeves. Il est effectivement plausible qu'il y ait dans l'univers d'autres biosphères habitées. Et peut-être même y en a-t-il beaucoup. Pourquoi ? Parce que notre univers est homogè- ne. Les mêmes lois de la physique s'appliquent partout. Dans le moindre recoin de l'univers, nous trouvons les mêmes atomes, les mêmes par- ticules, les mêmes éléments fondamentaux. S'il y a de la vie sur d'autres biosphères, il est logique d'envisager d'y trouver des êtres vivants. Ils ne nous ressemblent peut-être pas comme des frères, mais la différence peut ne pas être fonda- mentale. La vie a des contraintes: l'être doit s'alimenter en énergie, éliminer des déchets, se reproduire, etc. A titre de comparaison, je dirais que lorsque nous avons découvert l'Australie, nous avons également trouvé des espèces ani- males comme le kangourou qui n'existaient pas ailleurs, Mais, j'insiste, tout cela ne nous prouve pas pour autant que la vie existe ailleurs. Les témoignages concernant les ovnis ne constituent pas pour moi des preuves convaincantes. S'il y avait eu un véritable débarquement d'extrater- restres sur la Terre, cela se saurait. Et, person- nellement, je ne suis pas sûr de le souhaiter ! Pourquoi ? Selon toute probabilité, ces êtres appartien- draient à des civilisations plus avancées que la nôtre. Je ne sais pas si leur arrivée serait de notre intérêt regardez le destin des Indiens d'Amérique centrale après l'invasion des colons espagnols... Nous sera-t-il possible de vérifier l'existence d'une vie ailleurs, dans un autre système solaire, par exemple, en nous y rendant ? Théoriquement, c'est possible. Il faudrait pour cela pouvoir se déplacer à une vitesse proche de la lumière. Selon un phénomène, mis en évi- dence par Einstein et lié à la relativité, à cette vitesse le temps se contracte: à votre montre, il suffirait de vingt minutes, à une vitesse proche de la lumière, pour rejoindre une étoile distante de 1 million d'années-lumière. Et autant pour en revenir. Malheureusement, pendant ce temps, sur Terre, deux millions d'années se seront écoulés... Mais pourquoi pas ? Il y a un siècle, on se déplaçait à 50 km/h. Aujourd'hui, les fusées propulsent des satellites à 50 000 km/h. Alors, dans un ou deux siècles... Seulement, il nous faudra de sacrés explorateurs pour entre- prendre ce voyage RECUEILLI PAR PHILIPPE ROMON « Elles m'ont dit tu es notre mère. Je les ai embrassées. Et j'ai bien senti que j'avais un lien maternel avec elles. >> John Mack est bien convaincu qu'une << nouvel- le tribu d'êtres hybrides » est en train d'être conçue. Du moins, son livre l'affirme-t-il. Pourtant, dans son bureau désormais préservé de Cambridge, il s'interroge aussi : « Jerry, cliniquement, n'est pas folle. Elle a un travail, mène une vie normale. Mais le récit de mes patients est-il réel ? Je me le demande parfois. Et alors, je me demande aussi quelle part de mes propres souvenirs est réelle ? Et si je manipulais mes patients? Si je leur injectais ce que je crois être ma réalité ? >> Saine question, mais l'état hypnotique dans lequel plonge ses patients, et que dénonçait déjà Freud, ne leur fournira malheureusement guère l'occasion d'y répondre par eux-mêmes. Le doyen de l'école de médecine de Harvard n'a pas non plus apprécié que le Dr Mack n'ait pas fait de preuve plus de discrétion dans la promotion de son livre. Devant la levée de boucliers qu'a provoquée l'ouvrage dans les milieux universitaires et psy- chiatriques américains, la direction de Harvard a pendant un an soumis le psychiatre a un interroga- toiret serré. Cette mise à l'index ne pouvait qu'en faire un nouveau Copernic. John Mack dépensera 100 000 dollars en frais juridiques pour défendre << son droit à l'étude des cas d'insémination d'humains par des extraterrestres >> En juillet der- nier, le doyen Daniel Tosteson lui a finalement reconnu ce droit, en partie probablement pour éviter de donner définitivement un martyr à la cause ufo- logique, tout en lui rappelant qu'à Harvard les recherches sont conduites avec la plus grande rigueur. Paradoxalement, c'est Carl Sagan, un des plus fervents avocats de la recherche pour une vie extra- terrestre, et ancien ami de John Mack, qui est aussi désormais un de ses plus virulents détracteurs. << Des interprétations aussi extraordinaires que celles faites par le Dr Mack demandent une vigilance et des preuves tout aussi extraordinaires », affirme l'astro- nome de l'université Cornell. Des preuves que John Mack serait loin d'apporter. « Les hallucinations sont un phénomène com- mun, qui peuvent s'associer à cette paralysie pen- dant le sommeil si souvent décrite par les "victimes". Huit pour cent de la population américaine sont sujets de cette affection, due notamment à un ralen- tissement du flux de l'oxygène vers le cerveau. Dans ces moments-là, il est fréquent de ressentir une sti- mulation sexuelle, et d'avoir l'impression d'une pré- sence étrangère à ses côtés. >> Ceux qu'au Moyen Age on appelait << succubes >> ou << incubes »>, ces démons mâles ou femelles qui la nuit venaient troubler le sommeil des jeunes gens et engrosser nos vierges, prennent-ils aujourd'hui la forme d'ET luisants et tout aussi malfaisants? A moins que les fantômes d'autrefois n'aient déjà été, comme le suggère John Mack, une manifestation d'entité extraterrestre. P. R. (*) Editions Presses de la Cité. Focus. 555 p., 130 F. En librairies le 29 août.