Rendez-vous
manqué
pour les ovnis d'Islande
Ils étaient annoncés
vendredi à Snaefellsnes.
Mais les extraterrestres
ne se sont pas manifestés.
Trop de caméras, ont dit
leurs amis humains.
Snaefellsnesjökull, envoyée spéciale
U
ne nuée d'ufologues s'est abattue
sur l'Islande, au pied du glacier
Snaefellsnes, dans la nuit de ven-
dredi à samedi. Bardés de jumelles, té-
lescopes de poche ou «détecteur de vi-
brations cosmiques», une soixantaine
d'amateurs et experts en Objets vo-
lants non identifiés venus de Grande-
Bretagne ou des Etats-Unis ont fait
sensation, même dans un pays coutu-
mier des elfes et trolls.
A dire vrai, l'événement aurait dû
culminer par l'atterrissage d'un vais-
seau d'extraterrestres. Sur cet ancien
volcan couvert de glace, déjà choisi
par Jules Verne comme porte d'entrée
de son Voyage au centre de la Terre,
<<ils se poseront le 5 novembre >> avait
annoncé Michael Dillon. Comment se
prévoit donc une descente d'extrater-
restres? «Ils me l'ont dit il y a seize ans
déjà», répond le Britannique à tête lu-
naire, familier des visites d'ET chez
lui dans le Yorkshire. Une trentaine de
médiums britanniques et islandais au-
raient confirmé son présage, de même
qu'une vendeuse de literie à Zürich...
qui avait vu en rêve trois capsules pla-
ner entre mer et montagne, un décor
qui «ne pouvait être que le Snae-
fellsnes ».
Attirer un ovni n'est pas facile»,
concède Virgil Armstrong, l'un des
experts américains accourus pour l'oc-
casion jusqu'à cette langue de terre, de
laves et de rocs glacés. Quelques sons
et mouvements collectifs peuvent tou-
tefois faciliter la rencontre, révèle ce
retraité de l'armée américaine qui se
présente aussi comme un ancien de la
CIA. Dans la nuit, le froid et le vent, il
invite ainsi toute la compagnie à for-
mer un grand cercle et à pousser de
longs «000000», censés exhaler assez
d'énergie humaine» pour dérouter
un vaisseau spatial. «En général ça
marche », assure l'officier qui, depuis
sa participation à la «capture» d'un
ovni en 1948 au Nouveau Mexique, dit
ne plus compter les «<dizaines» de sou-
coupes volantes qui se sont posées de-
vant lui.
Trop de mauvais esprits, sans doute
les caméras et dizaines de journalistes
goguenards, ont perturbé la cérémonie
vendredi. Dans les ténèbres ne sont ap-
parus que les phares des paysans des
environs ou un père Noël, venu distri-
buer des pommes aux petits hommes
verts et montrer que les Islandais, ré-
putés si superstitieux, savent aussi
plaisanter. L'artiste local qui vendait 1
400 couronnes (120 F environ) des
cailloux peints «Snaefellsnes, 5 no-
vembre 1993 » a dû remballer tous ses
souvenirs. Les amis des ovnis ne se
sont pourtant pas déplacés pour rien.
Des soucoupes, ils en ont vu de toutes
formes et de toutes tailles... en diaposi-
tives apportées par les ufologues amé-
ricains et européens. Seule Jlona, la
blonde Zürichoise qui avait rêvé d'un
atterrissage sur la glace, a vu «trois
bandes de lumière blanche translucide
sortir d'un vaisseau spatial géant».
Les Islandais ont en vain tenté de lui
expliquer qu'il s'agissait d'une aurore
boréale.
Lorraine MILLOT
LUNDI & NOVEMBRE 1993 19