D $295 ans le milieu de l'ufolo- gie de l'anglais UFO, Unidentified Flying Ob- ject, en français Objet Volant Non Identifié - Perry Petrakis, 34 ans, est un homme à part. La discrétion a long- temps caractérisé sa démar- che, et si on le voit de plus en plus fréquemment à la télé- vision -- il était encore, récem- ment, l'invité de TF1 pour son émission "Mystères" il n'a pas encore été saisi par le dé- mon médiatique qui a investi nombre de ses confrères. Sa longue pratique de l'en- quête, deux décennies de pré- , sence sur le terrain -- il n'avait que 15 ans lorsqu'il fonda son association SOS-Ovnis ie "démontage" de certaines af- faires particulièrement spec- taculaires, lui ont conféré cette "distance" que l'on prend par- fois à tort pour une absence de passion. "Je suis venu à l'ufo- logie par hasard, par curiosité et par naïveté", reconnaît-il, "et à mes débuts, après avoir lu quelques livres, j'étais na- turellement convaincu de l'existence des Extra-Terres- tres. Mais à cet âge là, ce n'é- tait pas forcément une infa- mie..." : Depuis, l'ufologie, et Perry avec elle, ont fait un long che- min. "En une dizaine d'années, on a beaucoup plus progressé que tout au long des quatre dé- cennies précédentes. Beau- coup de cas, emblématiques, ont pu être éliminés, et si nous butons toujours sur ce "reli- quat" irréductible, nous abor- dons aujourd'hui le problème à partir des faits, non plus des hypothèses." Un "reliquat inexplicable Lorsqu'au début des années 80, le Centre National d'Etudes Spatiales décida de mettre sur 望 pied une structure le GE PAN, récemment rebaptisé CEPRA, Centre d'Etude des Phénomènes de Rentrée dans l'Atmosphère, le mal était déjà profond. Et l'on ne peut pas dire que la contribution des scientifiques fut essen- tielle à la cause ufologique: pas plus que celui des "soucou- pistes", le monde des savants n'est exempt de croyances. Les rapports entre les en- quêteurs privés -- la structure que Petrakis préside est l'une des plus importantes et des plus respectées d'Europe -- fu- rent d'emblée marqués au sceau de cette méfiance réci- proque. Tout au long des an- nées 80, les passes d'armes, les coups d'éclat lors de débats té- lévisés, les opérations de dé- nigrement mutuel furent lé- gion. On parvint cependant à délimiter un très étroit terrain d'entente: parmi les milliers de cas répertoriés, quelques-uns, rares, défiaient toute explica- tion. L'affaire de Trans-en- Provence, celle connue sous le nom de "Vague belge", les lu- mières de Hessdalen, auxquel- les l'émission "Mystères" a ré- cemment consacré un dossier, sont au nombre de ces "cas", explorés en profondeur, et qui demeurent cependant, en l'état actuel de nos connaissances, insolubles. 3 Les faits bruts contre les "évidences irrationnelles" Notre souci essentiel", pré- cise Petrakis, "c'est de "docu- menter", de la façon la plus ex- haustive possible, les observations qui sont portées à notre connaissance. Ce ma- tériau, s'il n'a pas de "sens" au- jourd'hui, en aura peut-être dans dix ou quinze ans. Et les chercheurs qui reprendront nos dossiers pourront alors, peut-être, résoudre les énig- mes sur lesquelles nous avons buté." La méthode mise en oeuvre par SOS-Ovnis a déjà porté ses fruits. En s'attachant aux "faits bruts", en refusant ce qu'on pourrait appeler les "évi- Perry Petrakis: les faits, rien que les faits et l'espoir que ce qui est inexplicable aujourd'hui ne le sera peut-être plus demain (Photo Serge Pagano) T dences irrationnelles", l'asso- ciation a pu élucider quelques unes des observations les plus étranges de ces dernières an- nées. Ainsi du fameux "nuage" lumineux qui, voici deux ans, survola la Dordogne, laissa sur les écrans radars de nombreux et puissants échos, causa de multiples "micro-coupures au réseau électrique et abandon- na dans son sillage de mysté- rieux "cheveux d'anges". "Per- sonne n'avait d'explication à fournir", se souvient Petrakis, "les services de la météo n'a- vaient jamais rien vu de tel, la presse locale évoquait une gi- gantesque migration de four- mis volantes, bref, on avait fi- ni, ayant épuisé toutes les hypothèses, par se replier sur une explication de type ovni." Tenace, Petrakis fit analyser les fameux "cheveux d'ange", qui se révélèrent faits d'alumi- nium, harcela des mois durant les autorités militaires et finit par obtenir l'explication qu'il cherchait dans son centre d'essais des Landes, l'Armée avait procédé à des largages de "leurres" métalliques à très haute altitude, lesquels, sous l'effet de conditions météo particulières, s'étaient rassem- blés en un immense nuage hautement réflectif. ar "Un mélange d'éléments hétérogènes" C'est une semblable démar- che qui a présidé à l'étude de l'affaire Ummo. On se souvient qu'au mois de septembre 1991, Jean-Pierre Petit, directeur de recherches au CNRS, avait su- bitement rendu publique sa longue fréquentation des "messages Ummo", prétendue- ment d'origine extra-terrestre, affirmant même qu'il leur de- vait l'essentiel de son travail scientifique. "Renaud Maric, l'un des membres de notre as- sociation, a repris toute l'af- faire depuis son début. Il est allé enquêter en Russie, en Ar- gentine, partout où Ummo s'é- d'autres informations, d'autres tait manifesté. En recoupant confidences, nous en sommes arrivés à cette conclusion. Toute l'affaire n'est qu'une vaste manipulation montée par le KGB, dont les respon- sables, qui se confient au- il jourd'hui aux journaux, consi- dèrent qu 'elle fut particulièrement réussie..." Aujourd'hui, Petrakis consi- dère que "le phénomène ovni est un extraordinaire mélange d'éléments hétérogènes. Il y a du canular, des erreurs d'in- terprétation, des manipula- tions évidentes, et aussi, à part égale, un phénomène authen- tique, qui a des propriétés phy- siques et réagit avec notre en- vironnement". Ce "phénomène", Petrakis considère qu'on peut lui don- ner le nom que l'on veut. "Cer- tains peuvent l'appeler Dieu, ou Petit Gris. Ça ne change rien à l'affaire. On bute sur quelque chose d'inexplicable à ce jour." Demain, une percée scienti- fique, une découverte majeure, un "cas" encore mieux docu- menté que les autres permet- tront peut-être de faire atter- rir les soucoupes. Pour l'heure, elles préservent leur mystère, faisant la fortune des uns et offrant, à bon marché, une part de rêve aux autres Robert ARNOUX L'association SOS-Ovni édi- noména" qui publié 6 numé- te une excellente revue, "Phé- ros par an (BP 324, 13611 Aix en Provence). Un service Mi- nitel (3615 SOS Ovni) met à la disposition du public toute l'information relative au phé- nomène Ovni · 15° Perry Petrakis: 20 ans W Le Meridional. 3 Mai 1993 comp sur la piste des soucoupes A mi-chemin des savants qui nient et des farfelus qui gobent, le président de "SOS-Ovni" enquête, sans relâche, sur ce phénomène insaisissable et controversé 4/14