Libéré Dauphine Libere du 13 janvier 1987 La confession d'un farceur Constructeur de soucoupes volantes LS étaient quatre, dans les années 50. Ces années où la science triomphante voulait tout expliquer... scientifiquement. Ce temps où les signes du ciel inquiètent les hommes et où les soucoupes volantes apparaissent dans notre horizon. Dans cet environnement un peu paramystique, Henri Michaud, un Suisse, directeur d'une société d'eau minérale, décide de faire des bulies. De mystifier ses contemporains en construisant des soucoupes volantes ! Une trentaine au total. Trente ans après, il est passé aux aveux ce fumiste génial, en confiant ses frasques rapportées par le quotidien genevois « la Suisse ». Remords tardifs, besoin de partager un secret? Toujours est-il qu'Henri Michaud flanqué de deux compères, l'un technicien dans une station d'aérologie, décide de fabriquer des soucoupes volantes. Grâce à ses relations auprès des services météorologi- ques, et aussi auprès d'un producteur de gaz liquéfié, le trio se met au travail. Assez simple d'ailleurs un ballon sonde météo de 10 m³ couronnée de vingt ballons de baudruche pour enfants de couleurs diverses. Autour une circonférence de 8 mètres de diamètre en fil de fer, cerclant le ballon et relié à celui-ci par du papier adhésif. Les ballonnets étaient ensuite répartis autour de l'anneau avec autant d'ampoules de lampes de poche, alimentées par des piles. Sous le ballon ainsi transformé, une vis d'Archimède assurait la rotation au moment du lancement. Puis le trio devenu quatuor passe la mise en scène, chaque fois à ✓ peu près identique un ou deux de ses membres se postaient au bord d'une route scrutant le ciel, lançant des commentaires pour appåter le badaud. Quand le cercle était assez fourni, les complices dissimulés lâchaient le ballon-soucoupe. Le groupe de curieux était déjà conditionné et la psychose collective faisait le reste. Le lendemain, il ne restait plus aux quatre complices hilares, qu'à lire la presse et les témoignages recueillis sur le vif. Ils avaient créé l'événement, mais aussi en partie le phénomème. Ains, entre 1952 et 1957, les farceurs Henri Michaud et compagnie. ont-ils fabriqué et monté une trentaine de ces objets volants désormais identifiés, non seulement en Suisse, mais également au cours de joyeuses virées gastronomiques à Hanovre, Milan ou Lyon. Restait pour le quatuor de lanceurs de soucoupe à résoudre le problème de la disparition de trois de leurs forfaits », pour que la fable ne se transforme par en farce. Et, surtout, pour ne pas entraver la navigation des avions à hélice, volant plus bas aujour- d'hui. Un des membres trouva la solution: il mit au point un système de ballon s'autodétruisant sous le double effet de la durée de vol et de l'altitude, soit trois ou quatre minutes après l'envol, à environ 900 mètres. Coïncidence curieuse, à Lausanne, à cette même époque, un certain M. Nahon fondait un comité de réception des extra-terrestres... Et puis brusquement, le soucoupes volantes ont dû se faire moins nombreuses. Henri Michaud et ses compères fumistes avaient atteint le fond de leurs ressources. Financières bien sûr. Aujourd'hui, toujours aussi hilares, ils attendant d'accueillir les premiers extra-terrestres. DOUS