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Une soucoupe volante
Au dessies
00145
la tête de Sakharov
Toute la presse soviétique en parle
EPUIS quelques semai-
Dnes, Union Soviétique
souffre d'une véritable
psychose collective liée aux
<< soucoupes volantes » que
tout le monde voit partout...
Le phénomène a pris une
telle ampleur que la presse
unanime de la Pravda à
Troud s'est vu contrainte
d'en parler en long et en
large.
.
Mieux le gouvernement
soviétique vient de créer une
commission d'enquête sur les
phénomènes atmosphériques
anormaux. Pavel Popovitch,
l'un des plus fameux astronau-
tes soviétiques des années
soixante, a été nommé à la
tête de cet organisme.
La raison de cette efferves-
cence tient à un événement
bien réel qui s'est produit au-
dessus de la ville de Gorki, tris-
tement célèbre depuis qu'elle
est le lieu de résidence forcée
de l'académicien dissident
Andrei Sakharov, qui y pour-
suit sa grève de la faim.
-
Le phénomène en question
n'a bien sûr - rien à voir avec
le drame de Sakharov et de
son épouse Eléna Bonner, ce
qui n'empêche pas les
Soviétiques au moins les
plus superstitieux - de voir en
Gorki une cité un peu mau-
dite. Gorki, située à 400 kilo-.
Panique
à l'aéroport
de Gorki
mètres au sud-est de Moscou,
est interdite à tous les étran-
gers; même les Soviétiques
qui n'y habitent pas ne peu-
vent y pénétrer que munis
d'une autorisation spéciale.
Ces restrictions n'ont pas
découragé pour autant,
semble-t-il, les extra-
terrestres - ou supposés tels -
qui, à bord de leurs soucoupes
volantes ou de ce qui y res-
semblait fort - ont eu l'impu-
dence de survoler la ville sans
en demander la permission
aux autorités locales !
-
Pavel Popovitch, en tout
cas, y croit; il vient de relever
que le 27 mars dernier, toute
une équipe d'aiguilleurs du ciel
de la tour de contrôle de
l'aéroport de Gorki avait
signalé dans un rapport officiel
l'étrange ballet d'une sou-
coupe volante dans la banlieue
Correspondant
J. Masson
de Gorki, et ses va-et-vient
inquiétants qui ont tout de
même duré une quarantaine
de minutes.
La tour de contrôle de
l'aéroport de Gorki avait bien
repéré sur ses écrans-radar la
présence d'un immense objet
qui volait à une altitude de
mille mètres environ, à petite
allure, à peine 200 km/h.
L'objet avait les dimensions
d'un avion de ligne.
Cependant, la tour de con-
trôle de Gorki ne fit pas appel
à la chasse aérienne pour
Les Russes
créent une
commission
d'enquête
régler son compte à celui qui
avait eu la témérité de péné-
trer dans une région ultra-
secrète. Pavel Popovitch
explique :
« Cet objet n'avait pas
d'ailes. Sa forme évoquait
celle d'un gigantesque cigare
de teinte légèrement gris
métal. Il avançait en zig-zag.
Après avoir survolé l'aéroport
de Gorki, l'objet obliqua vers
le sud-est et, ayant accompli
un vol désordonné de 70 kilo-
mètres, il est revenu survoler
une dernière fois Gorki, pour
'disparaître enfin à une quaran-
taine de kilomètres au nord de
l'aéroport. »
Un mystère continue cepen-
dant à planer autour de la
visite de l'OVNI (Objet Volant
Non Identifié) ce 27 mars, que
les Soviétiques n'ont rien fait
pour dissiper: pourquoi la
chasse rouge n'a-t-elle pas
cherché à approcher de
l'immense « cigare volant » ?
Une seule explication plausi-
ble les pilotes avaient peur
de ce visiteur imprévisible,
<< capable de tout » comme on
le dit aujourd'hui dans le quo-
tidien «< Troud », qui a consa-
cré une longue enquête à
« l'affaire de Gorki » et à
d'autres << phénomènes astro-
nomiques anormaux » qui ont
notamment été observés en
Biélorussie et en Russie cen-
trale.
« L'affaire Gorki » ne peut
s'arrêter en si bon chemin >>,
estime-t-on généralement
dans les milieux bien informés.
Pavel Popovitch et
la
étrange,
son
<< comité pour les phénomè-
nes atmosphériques anor-
maux >> ont encore du pain sur
planche. Car, chose
les responsables
soviétiques viennent de chan-
ger du tout au tout vis-à-vis du
problème des extra-terrestres.
Jadis, on était plus que scepti-
que au sujet des soucoupes
volantes, considérées comme
une invention, un fantasme
des capitalistes américains. La
science soviétique, imprégnée
d'un matérialisme rigoureux,
faisant fi de telles fantaisies.
La Pravda écrivait dans les
années soixante : « Tous les
objets qui survolent notre pays
sont tôt ou tard identifiés soit
par nos savants, soit par ceux
qui sont chargés de veiller sur
la sécurité de notre patrie >>.
Les temps ont changé, et le
'Kremlin prend très au sérieux
les soucoupes volantes, à en
croire Troud. Le journal des
syndicats affirme que les spé-
cialistes qui ont observé le
manège du «< cigare volant >>
sur leurs écrans de l'aéroport
de Gorki sont « des experts
bien entraînés et dignes de
confiance »>, qui ont procédé à
des observations précises et
scientifiques sur l'objet en
question.
Un objet
sans ailes,
long comme
un Boeing
Aucun journaliste étranger
ne peut, bien sûr, se rendre à
Gorki pour enquêter sur place.
La ville était jusqu'à ces der-
nières années interdites pour
raison de « secret militaire >> ;
puis elle est tombée pour ainsi
dire en quarantaine depuis
qu'Andrei Sakharov y a été
exilé, et voici maintenant que
les «< cigares >> qui la survolent
en font un haut lieu du secret
cosmique... Décidément, il ne
fait pas bon habiter à Gorki !
Le Dil du 15 au 21 Juin 1984
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