Des signes dans Le Journal de Genève NS1 le ciel avril 1982 Il est à la fois choquant et troublant, le pèlerinage manqué qui, ces derniers temps, a attiré dans un hameau de la Loire, la Talaudière, des milliers de per- sonnes. Elles attendaient, comme la peti- te Blandine Piégay, une apparition de la Vierge. Elle n'est pas venue. Paralytiques et malades s'en sont retournés, bredouil- les. Le cas est choquant parce que, cré- dules autant que croyants, les gogos sont ici pour beaucoup des infirmes à qui un filet d'espoir était donné. Mais il est aus- si troublant de constater que, dans une société qui se veut rationnelle comme la nôtre, la soif du surnaturel, de l'inexpli- qué et de l'inexplicable, tenaille pareille- ment les êtres. Interpellée, l'Eglise est placée dans une situation évidemment embarrassan- te: d'une part, elle ne se veut pas dupe du charlatanisme, frère jumeau de la cré- dulité. Elle n'ignore pas, dans ce cas comme dans des centaines d'autres, que les visionnaires sont très souvent des névropathes: «Il y a cinquante ans, disait dans un colloque l'abbé Oraison, on voyait beaucoup la Sainte Vierge; aujourd'hui, on voit plutôt des soucou- pes volantes. >> Sans partager toujours une vision aussi crue des choses, l'Eglise n'en opte pas moins pour une très gran- de réserve. D'autre part, elle ne peut ignorer sim- plement un phénomène qui, certes, pro- cède du pathologique, et où la frontière entre folie et mysticisme reste floue. Mais dont elle sait aussi qu'il s'agit d'un phénomène religieux: il y a du religieux, dans le mouvement qui, à la Talaudière, attire des êtres comme des papillons autour d'une flamme. Comment, de sur croît, pourrait-elle l'ignorer quand l'Evangile lui-même est bourré de phé- nomènes surnaturels, où les guérisons jouent une rôle si important? Il lui a fallu donc départager, entre les << vraies >> et les «fausses» apparitions, entre les «