Magazine La Dépiche du Midi 27 Avril 2000 Extraterrestres : les chercheurs y croient plus que jamais mos. Leur tâche est compliquée par les émissions électromagné- tiques générées naturellement par les milliards d'objets céles- tes. ..... Depuis plus de trente ans, des spécialistes écoutent le ciel dans l'espoir de capter le signal d'une autre civilisation lointaine. Les récentes. découvertes de planètes à l'extérieur du système solaire ravivent l'intérêt des scientifiques. Plusieurs .. programmes d'observation démarrent. ques. Douze planètes localisées hors du système solaire gravitent autour d'étoiles, comme la Ter- L ES scientifiques à l'af- fût d'hypothétiques extraterrestres ne dé- sarment pas. Leurs re- cherches connaissent même un Bien qu'il dispose de récepteurs extrêmement performants-en second souffle, dopées par les réparticulier celui de la NASA centes découvertes astronomi le dispositif Seti n'a donné au- cun résultat. Sinon, vous pen- sez bien que la nouvelle aurait fait du bruit !»> ironise Jean-Jac- ques Vélasco, responsable du Service d'expertise des phéno- mènes de rentrée atmosphérique (Sepra), au Cnes Toulouse. re, Mercure, Vénus, Mars, Jupi- ter, Saturne, Uranus, Neptune et Pluton le font autour du Soleil. La certitude de leur existence ré- veille l'appétit des pêcheurs d'étoiles. Rien n'interdit en effet de penser que des êtres organisés y ont trouvé des conditions favo- rables à leur développement. A l'inverse, l'espoir de rencontrer des habitants sur nos plus « pro- ches» voisines on parle là en core en kilomètres-s'est envo- lé. Trop froid ou trop chaud, pas d'oxygène, bref l'enfer. Par contre, ces planètes dénichées à moins de 150 années-lumière de nous, donc dans un environne- ment relativement proche et sans doute comparable, ouvrent de nouvelles voies d'investigation.. Les grandes oreilles du Seti Une poignée d'équipes écoute le ciel depuis une trentaine d'an-.. nées à l'aide d'imposants instru- :ments. Elles tentent de capter des signaux artificiels qui seraient expédiés volontairement ou non ..par une civilisation suffisam- Le programme international Seti (sigle en anglais signifiant recherche d'intelligence extra- terrestre), mobilise une dizaine de puissants radiotélescopes dans le monde. Il consiste essen- tiellement à surveiller les ondes radio. On sait depuis une quaran- taine d'années que la radioastro- nomie permet de saisir de tels si- gnaux sur des distances interstellaires, des centaines ou des milliers d'années-lumière. A de felles échelles, les ondes élec- tromagnétiques constituaient jusque-là le plus rapide véhicule d'informations connu. ment évoluée pour envoyer des messages aussi loin dans le cos- On avait mis le paquet au début des années 70- X Pourtant, la communauté avait mis le paquet au début des années 70. Dans une phase accé- lérée baptisée Méga Seti, plu- sieurs millions de canaux al- laient simultanément ausculter le pouls du cosmos. « On vendit de franchir un cap technologi- que très important », commente Jean-Jacques Vélasco. L'ob- de 800 étoiles situées à 100 an- jectif était de dresser une carte. nées-lumière maximum. Si vie il ya, c'est dans leurs parages qu'elle pourrait se tenir.» - Mais le projet était abandonné deux ans plus tard. Néanmoins, une dizaine de radiotélescopes veillent encore Maintenant, on attend des signaux optiques « Ce programme revient à cher- cher une aiguille dans un botte de foin», estime l'ingénieur du CNES. Même si les signaux radio se déplacent très rapide- ment, il faut beaucoup de temps. pour qu'il franchissent des dis- tances aussi énormes. Le pre- mier signal lancé par Marconi depuis le sommet de la Tour Eif- fel vient tout juste de parvenir au-delà de notre galaxie. Mais il ne faut pas renoncer. La vie ne demande qu'à se manifester dans le cosmos. Il y a de l'eau partout, on a trouvé des acides aminés associés à de la vapeur dans le nuage d'Orion, des étoi- les semblables à notre Soleil avec des planètes autour, alors ça vaut le coup de voir. » Voir est bien en le mot mot qui convient. Deux prestigieuses universités américaines, Berke- ley en Californie et Harvard au Massachusetts, s'investissent dans la chasse aux extraterres- tres, mais cette fois en recher- chant d'éventuels signaux lumi- neux, ce qui n'avait jamais été réalisé auparavant. La Planetary Society, asso- ciation fondée par le pionnier américain Carl Sagan, à l'origi- ne du programme Seti version sonore, s'engage dans trois nou- veaux projets qui privilégient le visuel. On n'écoute plus le ciel, on le regarde avec des yeux au- trement plus sensibles que les nôtres. Parmi des milliards d'étoilesame? Un échantillon d'étoiles relati- vement proches du système so- laire et une série de galaxies voi- sines de la nôtre, la Voie lactée, seront constamment observés au télescope. Les chercheurs de Berkeley espèrent détecter de très courtes impulsions lumineu- ses, de l'ordre du milliardième de secondes, qui pourraient être le « coucou, c'est nous !» de col- lègues extraterrestres. Pour mesurer la difficulté de Tentreprise, il faut se souvenir des dimensions dans lesquelles on évolue. Le Soleil n'est qu'une des deux cent milliards d'étoiles qui constituent la Voie lactée. Et il existe plusieurs milliards de galaxies dans l'Univers observa ble! A Harvard, on s'intéressera selon la même technique à 2.500 étoiles identiques à notre Soleil, et particulièrement à leurs pla- nètes. Une troisième équipe diri- gée par le champion des décou- vreurs de planètes hors du système solaire, Geoffrey Mar- cy, fouillera du côté des astres. extrasolaires repérés ces derniè- res années. Elle cherchera d'éventuels signaux lumineux. sur une longueur d'onde très par- ticulière. # La bévue des Soviétiques Les Russes avaient précédem- ment tenté en vain de repérer un éventuel flash laser d'origine ex- traterrestre. Jean-Jacques Velasco: autant chercher une: aiguille dans une botte de foin... mais ça vaut le coup voir. » Photo «La Dépêche ». de Si une autre communauté vi- vante se manifestait, seule l'ONU serait habilitée à révéler l'information aux Terriens. Les autorités internationales se sou- viennent trop de la bévue monu- mentale commise par les Sovié- tiques à la fin des années <<.60 »>. Impatients de griller » leurs confrères étrangers, des astrono- mes avaient affirmé qu'ils rece- vaient régulièrement un signal suspect. Leur conclusion trop ra- pide était qu'ils recevaient un. message de petits hommes verts.» L'affaire fit grand bruit avant de sombrer dans le ridi-. cule. En réalité, les signaux prove- naient d'une étoilé à neutrons. -~ « Autant vous dire qu'à partir de là, des précautions ont été prises », commente Jean-Jac- ques Vélasco. « Si quelqu'un an- nonce à nouveau ce de type scoop; il sera vérifié plutôt dix fois qu'une avant de livrer l'in- formation au grand public. » Alain BUISSON