es gendarmes, qu'ils soient de Saint-Tropez ou d'ailleurs, notent avec la même minutie les déclarations des victimes d'un cambriolage et cel- les des témoins du passage de ces objets volants non identifiés »> bapti- sés de leur sigle OVNI. Jimmy Carter, de sa ferme de Georgie, en aperçoit un et, en honnête citoyen, va le dé- clarer après tout de même quatre années de réflexion. Bref, de nombreux humains sont maintenant tournés vers un au-delà mystérieux, habité par des anges ou des démons du bizarre qui viendront enfin secouer notre routine bêtement terrestre. Les artistes, les sociologues exercent leur talent sur ce champ d'action encore inexploité. Mais les savants ? L'un d'eux, Albert Ducrocq, connu du grand public par ses interventions sur les ondes d'Europe N° 1, et des spécialistes par ses recherches scientifiques, apporte une réponse à cette question dans son livre « La Chaîne bleue >> (Editions N° 1) dans lequel il expose les recherches simul- tanées des Américains et des Russes pour entrer en contact avec les civili- sations extraterrestres. A la recherche d'autres planètes bleues que la Terre Dès que je me suis trouvée en pré- sence d'Albert Ducrocq, j'ai su que les anges du bizarre ne planeraient pas sur notre entretien et pourtant le titre « La Chaîne bleue », me faisait rêver. « Il n'y a pas de choix poétique dans ce titre, m'explique - t - il. Sim- plement, la Terre est la planète bleue du système solaire. Cette coloration est provoquée par l'oxygène, émana- tion des océans qui a permis aux formes supérieures de la vie de s'épa- nouir. La physique et la chimie étant universelles, on peut présumer que, à travers la voie lactée et ses 200 mil- liards d'étoiles, bleues seront aussi les planètes sur lesquelles la vie à une chance d'exister. Une vie semblable à la nôtre ? Rien ne permet de l'affirmer. Sur la Terre primitive apparaissaient d'une part des acides aminés et de l'autre des acides nucléiques. Leur associa- tion est le point de départ de l'activité biologique. C'est la vie. Tout être vivant est composé de 20 acides ami- nés biologiques. Tout au long de l'histoire terrestre, la série semble avoir été scrupuleuse- ment conservée comme si ces acides aminés représentaient réellement l'al- phabet de la vie. C'est le code généti- que valable pour toute la vie terrestre actuelle. Mais rien ne prouve, à priori, qu'il gouverne obligatoirement la bio- logie des autres planètes. C'est une information que nous aimerions bien ecevoir Publie №o 79. 2 Avril 1980. CEUX DE LA RADIO Albert Ducrocq - Avant la parution de votre livre, il était difficile d'imaginer que les sa- vants russes et américains se soient mis d'accord pour tenter de recueillir de telles informations. 21,1 la longueur d'onde adoptée pour les communications cosmiques. - Cette idée d'une communication avec d'autres civilisations est dans l'air depuis 1959. Deux savants amé- ricains, un atomiste et un spécialisté du rayonnement cosmique suggèrent l'existence d'une longueur d'onde universelle que les autres civilisations ont certainement été conduites à utili- ser. C'est celle de l'hydrogène très voisine de 21,1 cm. Depuis cette époque, savants amé- ricains du SETI (Search for Extra Terrestial Intelligence) et savants so- viétiques du CETI (communication with extra terrestrial intelligence) se rencontrent pour analyser leurs mé- thodes. La longueur d'onde de 21,1 est reconnue la meilleure et le (congrès d'août 1979, de Montréal, a demandé que cette fréquence soit uniquement réservée à cette écoute inhabituelle. Des radio - téléscopes de 26 mètres - une centaine d'exem- plaires existent aujourd'hui sur notre planète permettent l'envoi et la réception de courts messages sur une distance de 500 années lumière. Jour et nuit, des hommes sont à l'écoute et les Soviétiques ont un plan très ambi- tieux visant à mettre en orbitre des collecteurs de très grande dimension pour une écoute systématique du ciel. On estime qu'il existe un million d'é- toiles dans notre galaxie. Si, autour d'une seule de ces étoiles, une civili- sation se trouvait à notre niveau ac- tuel, nous devrions l'entendre. Avons nous une chance de rencontrer une civilisation sur les planètes qui nous entourent ? C'est très peu probable. Le faible espoir de trouver la vie, que certains avaient mis sur Titan, est en train de disparaître. la température y est trop basse pour permettre à la vie de se développer. Il faut donc aller chercher - plus loin que notre système solaire. L'homme a découvert qu'une chose est universelle l'atome. Ses radia- tions et ses lignes se retrouvent par- tout. C'est donc par les déductions scientifiques de son esprit qu'il pourra connaître et se faire connaître. A l'heure actuelle, il est encore impossi- ble d'envoyer des objets hors de notre système. Il ne reste que l'écoute et les émissions par radio. Vous parlez de « se faire connaître » et vous n'êtes même pas sûr que nos homologues existent quelque part dans l'univers. - C'est en effet un étonnant acte de foi que de parler de l'univers sans savoir si l'on sera entendu. L'homme a un besoin fondamental: celui de se survivre et de transmettre ses connaissances. Dans votre livre, vous ne parlez jamais des OVNI. Pourtant, le gouver- nement français après bien d'autres, a créé en 1977, un groupe d'étude des phénomènes spatiaux non identifiés. Celui-ci a conclu à la réalité d'un phénomène physique et non à une hallucination ou à une psychose de masse. Les OVNIS: Encore dans le domaine des hypothèses Il fallait, en effet, s'assurer en premier lieu de la réalité des phéno- mènes. Celle-ci est maintenant éta- blie. Si ce phénomène est naturel, il peut être dû à beaucoup de choses que nous connaissons, telle la matière plasmique (foudre en boule). S'il est artificiel, il est provoqué par des ex- périences secrètes dues aux hommes ou... aux extra - terrestres. Mais cette hypothèse est peu vraisemblable. Et puis l'homme ne sait pas tout. Si l'on connaît bien la physique de l'atmos- phère, on ignore encore tout de sa chimie. Le groupe d'études français essaie de dégager un certain nombre de règles scientifiques pour détermi- ner seulement « comment observer ». - C'est un peu triste de faire envo- ler ainsi l'ange des bizarres mais mon rôle pour le grand public est de mettre la science à sa portée et non de le faire rêver. Pourquoi pensez-vous que la science ne fasse pas rêver. Vous n'i- maginez pas le nombre de jeunes de 10 à 15 ans, passionnés par la science et l'astronomie. Ils savent beaucoup de choses et me posent souvent des questions très pertinentes. Et ils ne sont pas les seuls. En notre siècle angoissé, la révolution industrielle et la religion sont apparues insuffisantes pour répondre à la grande question de l'homme. « D'où suis - je né, que res- tera-t-il de moi? ». La Terre est maintenant trop petite pour satisfaire son besoin d'immensité. Il lui faut découvrir l'infini. Marie GENEVE